L’Église birmane lance une campagne de Carême destinée aux victimes des conflits internes

Une religieuse à Rangoun, en février 2021 après le coup d’État. Une campagne de Carême a été lancée en solidarité avec les plus affectées par les conflits internes.

Le père Henry Eikhlein, administrateur apostolique du diocèse de Pathein (dans la région de l’Irrawaddy, un delta fertile qui s’étend jusqu’au golfe du Bengale), a demandé au clergé local à transmettre un message de Carême aux paroissiens. Ceux-ci ont été invités à la prière, au jeûne et à la charité, en signe de solidarité avec les populations les plus affectées par les conflits internes dans le pays d’Asie du Sud-Est. « Les catholiques ont été appelés à prier plus et à envoyer davantage de dons aux populations souffrantes, afin de se montrer solidaires », a confié le père Eikhlein, interrogé le 16 mars.

Ji Grawng, une personne déplacée interne (IDP) vivant dans un camp géré par l’Église locale dans l’État Kachin, explique qu’ils ont reçu des enveloppes dans le cadre des œuvres de charité organisées pour le Carême. « Nous essaierons de mettre de l’argent de côté dans nos dépenses quotidiennes, malgré le fait que nous ne pouvons pas économiser beaucoup puisque nous dépendons des aides des donateurs », ajoute-t-elle. Mère de trois enfants, elle veut elle aussi prier et jeûner pour les personnes les plus en difficulté dans le pays.

Les dons seront transmis à Karuna Myanmar (le nom officiel de la Caritas birmane), afin de financer des actions d’urgence. « Les fonds collectés durant le Carême 2023 seront consacrés en priorité aux personnes déplacées », souligne un responsable de l’organisation, qui souhaite rester anonyme.

1,3 million de déplacés depuis le coup d’État du 1^er février 2021

Karuna Myanmar lance chaque année un programme spécial durant le Carême depuis 2002, en sollicitant en particulier les jeunes, les catéchistes et les religieuses. Les volontaires sont envoyés dans les paroisses afin d’encourager les gens à participer à l’œuvre de charité. Selon l’Église locale, le programme annuel a toutefois été interrompu en 2021 quand la junte militaire a renversé le gouvernement civil, causant une situation d’instabilité politique et sociale sans précédent en Birmanie.

Les paroisses situées dans les diocèses affectés par les conflits ne sont pas concernées par les appels aux dons, étant elles-mêmes bénéficiaires. Sur les 16 diocèses birmans, ceux de Loikaw, Pekhon, Hakha, Kalay et Mandalay ont été les plus touchés, et des milliers d’habitants de ces régions ont fui leur domicile pour se réfugier dans des églises, des couvents, chez des proches ou même dans la jungle.

Plus d’1,7 million d’habitants ont été déplacés à ce jour à travers le pays, dont 1,3 million depuis le coup d’État du 1^er février 2021, selon un rapport publié le 15 mars par l’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés). En collaboration avec la Caritas locale, les diocèses les plus affectés, dont ceux de Loikaw et de Pekhon, dans l’État Kayah, transmettent des dons alimentaires et autres besoins essentiels aux habitants, quelles que soient les appartenances ethniques et religieuses.

(Avec Ucanews)