Eglises d'Asie – Birmanie
L’Église locale renouvelle son appel à la paix en Birmanie à l’occasion de l’installation d’un nouvel évêque
Publié le 29/08/2023
Le 25 août, à l’occasion de l’ordination épiscopale de Mgr Henry Eikhlein, évêque de Pathein, célébrée dans la cathédrale St-Pierre de Pathein (capitale de la région d’Ayeyarwady, située à l’ouest du delta de l’Irrawaddy, à 190 km à l’ouest de Rangoun), le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie), a appelé les évêques birmans à guider le peuple vers la paix.
Le pays d’Asie du Sud-Est est toujours touché par la guerre civile depuis le coup d’État militaire de 2021, alors que des rebelles armés, dont des chrétiens, poursuivent leur combat contre la junte au pouvoir. « La paix est possible, l’unique solution pour avancer est la paix, et non les armes et les balles », a insisté le cardinal birman, âgé de 74 ans, dans son homélie durant l’installation du nouvel évêque de Pathein.
Le nouvel évêque doit être « un artisan de paix »
« L’évêque catholique en Birmanie est aujourd’hui un guérisseur blessé », a-t-il ajouté, en soulignant que le nouvel évêque doit être « un artisan de paix » et devenir un berger qui procure « le pain des besoins quotidiens, le pain de l’espérance et le pain de la sécurité humaine ». Le cardinal Bo a également invité les catholiques birmans, qui représentent près d’1 % de la population du pays sur environ 54 millions d’habitants, à prier souvent pour leurs évêques, dont Mgr Eikhlein, âgé de 64 ans.
Plusieurs milliers de catholiques ont assisté à son ordination et son installation, présidée par le cardinal Bo aux côtés de nombreux évêques et prêtres, dont Mgr Andrea Ferrante, chargé d’affaires de la nonciature en Birmanie. Le diocèse de Pathein n’a pas été touché par les conflits internes en cours depuis le coup d’État, mais les diocèses de Loikaw, Pekhon, Hakha, Kalay et Mandalay ont été affectés dans d’autres régions de la Birmanie. Certaines attaques ont ciblé des régions majoritairement chrétiennes, et notamment des églises, des couvents et des institutions chrétiennes qui ont été touchés par des bombardements et des tirs d’artillerie lancés par la junte militaire birmane.
Le Conseil de sécurité des Nations unies appelle la junte à mettre fin aux violences
Quelques jours avant ce nouvel appel à la paix, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé l’armée, qui a pris le pouvoir début 2021 en renversant le gouvernement civil élu, à mettre fin aux violences. Le conseil a également exprimé ses profondes inquiétudes face aux victimes civiles causées par les attaques. « Au cours des derniers mois, nous avons assisté à des violences acharnées à travers la Birmanie. Nous condamnons fermement les massacres de civils et en particulier l’usage continu de frappes aériennes, et nous réaffirmons la nécessité de respecter le droit international et de protéger les civils », a souligné l’organisation dans un communiqué conjoint publié le 23 août.
À l’exception de la Russie et de la Chine, les treize autres membres du conseil ont réitéré leur appel à assurer « un accès humanitaire complet, sécurisé et sans restriction aux personnes dans le besoin » dans le pays en crise. Selon le communiqué, plus de 18 millions d’habitants auraient besoin d’assistance humanitaire en Birmanie. On compte près de 2 millions de déplacés internes, et plus de 15 millions d’habitants qui sont en situation d’insécurité alimentaire, toujours selon le communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU.
De nouvelles sanctions annoncées par les États-Unis
La junte a renforcé ses attaques contre les milices locales et les groupes rebelles armés à travers le pays, à l’aide d’attaques aériennes et de tirs d’artillerie dans les États Chin, Kayah, Karen et Kachin, ainsi que dans les régions majoritairement Bamar (l’ethnie majoritaire en Birmanie) de Sagaing et Magwe, où la junte fait toujours face à une forte résistance. Par ailleurs, le 23 août, les États-Unis, qui se sont joints au communiqué du Conseil de sécurité, ont décidé de renforcer les sanctions contre la Birmanie.
Les nouvelles restrictions doivent cibler les entreprises étrangères et les individus qui aident les militaires birmans à se procurer du carburant les avions utilisés pour mener les frappes aériennes de la junte. Le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que ces nouvelles sanctions doivent permettre de « renforcer notre capacité à exercer une pression contre le régime militaire birman, tout en soutenant encore davantage le peuple birman ». Il a ajouté que « les États-Unis continueront de chercher à déposséder l’armée [birmane] des ressources utilisées pour opprimer le peuple ».
La junte appelée à « trouver une solution pacifique et constructive à la crise »
Par ailleurs, ce dimanche 27 août, la junte birmane a ordonné l’expulsion du premier diplomate est-timorais résident dans le pays, en raison d’une rencontre organisée le mois dernier entre Jose Ramos-Horta, président du Timor oriental, et Zin Mar Aung, ministre des Affaires étrangères du NUG (le Gouvernement d’unité national en exil). Le NUG, composé de parlementaires exilés et décidés à renverser le régime militaire, est considéré comme une organisation terroriste par la junte birmane.
Le chargé d’affaires du Timor oriental à Rangoun a été sommé de quitter le pays avant le 1er septembre en raison des « actions irresponsables » de son pays. De son côté, le Timor oriental a réagi en soulignant « l’importance de soutenir tous les efforts en faveur du retour de l’ordre démocratique en Birmanie ». Dili a également demandé à la junte de « respecter les droits de l’homme » et de « trouver une solution pacifique et constructive à la crise ».
(Avec Ucanews)