Eglises d'Asie

L’Église pakistanaise lance son premier cours préparatoire pour former les jeunes catholiques au service civil fédéral

Publié le 15/01/2020




Le 10 janvier, une première session de formation s’est achevée pour le cours préparatoire lancé par le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi en juillet 2019. L’Église catholique pakistanaise, en lançant cette formation, a voulu permettre à davantage de jeunes catholiques de rejoindre le service civil fédéral. Ce dernier constitue l’élite bureaucratique du pays, chargée des opérations administratives civiles, ainsi que des secrétariats et des directorats du gouvernement. Chaque année, des examens particulièrement élitistes ont lieu, auxquels près de 12 000 candidats participent, pour une poignée d’élus. Malgré le quota de 5 % d’emplois réservés aux minorités, peu de chrétiens y parviennent faute de formation et d’orientation.

Le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi a lancé, pour la première fois, un cours préparatoire afin de mieux former les jeunes catholiques pakistanais avant leur candidature au sein des services civils fédéraux, qui correspond à l’entrée dans la fonction publique. La première session de formation a commencé en juillet dernier et a pris fin le 10 janvier ; 22 étudiantes et 4 étudiants se sont inscrits. « Mon ministère est avant tout tourné vers la jeunesse », a déclaré Mgr Joseph Arshad, archevêque d’Islamabad-Rawalpindi et président de la conférence épiscopale pakistanaise. « Je souhaite que les jeunes catholiques jouent un rôle plus important au sein de leurs familles et dans l’Église. Nous devons développer une formation professionnelle, parce que très peu de chrétiens travaillent au sein des départements gouvernementaux. » Le cours préparatoire a eu lieu dans l’école Saint-Mary’s Cambridge de Rawalpindi, près de la capitale pakistanaise. Le diocèse a fourni des manuels, des supports pédagogiques et tout le nécessaire à la formation des étudiants. En général, les cours préparatoires au recrutement au sein du gouvernement fédéral sont donnés par le CSS (Central superior services) dans les écoles publiques, pour environ 70 000 roupies pakistanaises (406 euros). L’Église, quant à elle, ne demande que 1 500 roupies (8,71 euros) pour sa formation. Le service civil fédéral constitue l’élite bureaucratique responsable des opérations administratives civiles, ainsi que des secrétariats et des directorats du cabinet du Pakistan. Chaque année, la Commission du service public fédéral organise les examens CSS, auxquels près de 12 000 candidats participent pour seulement une poignée de lauréats.

Une première formation pour l’Année de la jeunesse 2020

« En 2009, le gouvernement a réservé un quota minimal de 5 % pour l’emploi des minorités, mais ce quota est généralement non atteint », a expliqué Mgr Arshad. « Après plus de 70 ans, les chrétiens pakistanais restent marginalisés, faibles et opprimés. » Pour le père Sarfaraz Simon, coordinateur du projet de l’archidiocèse, le manque d’enseignants est une des principales problématiques pour le maintien du cours préparatoire. « Nous espérons lancer d’autres cours similaires ailleurs dans le diocèse, mais nous manquons de spécialistes et de fonctionnaires disponibles dans les petites villes », confie-t-il. « Pourtant, cette formation montre l’exemple. D’autres diocèses peuvent s’en inspirer au cours de l’Année de la Jeunesse 2020 », ajoute-t-il. Quand l’Année de la Jeunesse a été inaugurée en novembre 2019, dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, les évêques ont invité les prêtres, les associations de laïcs et les groupes d’Église à former les jeunes catholiques, afin de les aider à surmonter leurs difficultés et à se dépasser en leur donnant des responsabilités. « L’Église dirige de nombreuses écoles et centres de formation dans le pays, mais la plupart des bénéficiaires sont musulmans », souligne le père Simon. « Nos jeunes restent souvent désemparés et privés de véritable d’orientation professionnelle ». « La proportion de filles chrétiennes éduquées est bien plus élevée que chez les garçons », ajoute-t-il. « Dans une société patriarcale et dominée par les hommes telle que la nôtre, tous les mouvements des jeunes femmes sont surveillés, ainsi que leurs smartphones. Elles restent souvent étudier à la maison et s’occupent des tâches domestiques, tandis que les jeunes hommes sont plus libres et négligent souvent les études. »

(Avec Asianews, Lahore)


CRÉDITS

Radio Veritas Asia Urdu service