Eglises d'Asie

L’Église pakistanaise multiplie les aides aux victimes des inondations de juin avant l’hiver

Publié le 16/11/2022




Le 11 novembre, Caritas Pakistan a distribué des aides matérielles et alimentaires à des victimes des inondations de juin dernier, réfugiées dans le sud de la province du Pendjab. L’organisation catholique espère venir en aide à près de 5 000 habitants durant l’hiver, alors que le pays se relève à peine des conséquences de la catastrophe. Les inondations ont atteint près d’un tiers du pays et causé des dégâts estimés à près de 28 milliards de dollars US. « C’est une phase cruciale », signale Amjad Gulzar, directeur général de la Caritas locale.

Le père James Channan (à droite en chemise rose) lors d’une visite dans un camp temporaire, le 7 novembre dans le district de Rajanpur.

Avec l’arrivée de l’hiver, des groupes catholiques pakistanais multiplient les aides aux personnes affectées par les inondations dévastatrices qui ont frappé le pays en juin dernier. Les températures commencent déjà à chuter au Pakistan, qui se remet à peine des inondations qui ont affecté près d’un tiers du pays, en causant le déplacement forcé de huit millions d’habitants et entraînant au moins 28 milliards de dollars US de dégâts. Durant les mois les plus froids, en décembre et janvier, les températures les plus basses devraient être proches de zéro dans le pays.

Le père James Channan, directeur du Centre dominicain pour la Paix de Lahore (Peace Center), a envoyé des couvertures, des chaussures, des produits alimentaires et d’hygiène dans le sud de la province du Pendjab, à 50 habitants de la localité de Basti Fakhar, par l’intermédiaire de l’agence Caritas de Multan qui a distribué les aides le 11 novembre. Le prêtre cherche ainsi à atteindre près de mille familles durant l’hiver ; il a déjà soutenu environ 600 foyers dont des chrétiens, des musulmans et des hindous des districts de Bahawalpur et Rajanpur. L’opération a été lancée avec le soutien de l’ONG espagnole Accion Verapaz, liée aux dominicains.

« C’est une phase cruciale »

« L’hiver approche rapidement et à moins que des mesures urgentes soient prises, il y aura d’autres victimes. Malheureusement, il n’y a pas eu grand-chose de fait malgré des visites de personnalités telles que l’actrice d’Hollywood Angelina Jolie, ambassadrice de l’UNHCR [Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés], et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres », déplore le père Channan. « Pas une seule maison de terre n’est dans un état vivable dans les villages affectés. C’est comme si vous viviez dans un étang asséché. Et aucun membre du gouvernement ne leur a rendu visite », ajoute le prêtre.

Caritas Pakistan espère venir en aide à près de 5 000 habitants victimes des inondations au cours des prochains mois. « C’est une phase cruciale. Contrairement aux affirmations des médias, l’eau inonde toujours certains districts de l’intérieur de la province de Sindh, ainsi que dans le Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays », signale par ailleurs Amjad Gulzar, directeur général de l’organisation catholique. « La saison froide qui arrive menace le quotidien de ceux qui sont toujours dans des camps sous tente. Nous avons besoin de millions de vêtements chauds et d’articles de couchage, sans compter l’aide au logement et l’assistance médicale, afin d’éviter une situation d’urgence médicale », demande-t-il.

« Ce genre de catastrophe nous ramène des années en arrière »

Le 3 novembre, Amjad Gulzar a accompagné Mgr Sebastian Shaw, administrateur apostolique du diocèse de Multan, durant une visite de Caritas Pakistan à des villages de tentes et un camp médical installés dans le sud du Pendjab. L’équipe a distribué des couvertures, des vêtements, des lits, des produits alimentaires et des kits d’hygiène aux victimes des inondations. Muhammad Zafar, un responsable communautaire musulman, a tenu à saluer l’aide de l’Église locale. « Passer l’hiver est notre priorité. Beaucoup de gens vivent encore en plein air. Un sac d’engrais coûte jusqu’à 13 000 roupies [56 euros] et un sac d’un kilo de grains de blé coûte 6 000 roupies [26 euros]. Nous n’avons pas les moyens. L’eau a changé de goût et elle sent mauvais », explique-t-il.

De son côté, Mgr Shaw a recommandé aux habitants d’éviter de construire des logements dans les zones inondables. « Le gouvernement devrait leur fournir des logements sur des terrains non inondables, ainsi cela permettrait de mettre en sécurité les familles et leur bétail. Que Dieu nous sauve d’une autre inondation comme celle-ci. Nous sommes déjà pauvres. Ce genre de catastrophe nous ramène des années en arrière », a souligné l’évêque.

Dans un communiqué publié le 30 octobre la Commission sur les droits de l’homme du Pakistan (HRCP) a également appelé l’État à accélérer la réhabilitation des victimes de la catastrophe. « Alors que l’étendue des inondations a été inattendue, il est maintenant essentiel de se concentrer sur le relogement des personnes déplacées dans des zones mieux adaptées aux conséquences des changements climatiques », a déclaré Hina Jilani, porte-parole de la commission.

Par ailleurs, il estime légitime que le Pakistan demande réparation après une telle catastrophe en parlant de « justice climatique », mais il ajoute que le gouvernement « doit aussi préparer et mettre en place une stratégie afin d’assurer que les groupes les plus vulnérables reçoivent des aides climatiques, et que tout le monde ait accès à l’alimentation, au logement et à la santé malgré la crise économique ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Père James Channan / Ucanews