Eglises d'Asie

L’Église pakistanaise soutient l’accès des jeunes chrétiens à l’éducation

Publié le 26/08/2022




Le mois dernier, un groupe de 25 jeunes chrétiens pakistanais a intégré un institut de formation de Lahore grâce à une aide décrochée par le père Morris Jalal, de la paroisse Saint-Colomban. Les 25 étudiants font partie du groupe de jeunes « Good Samaritan », fondé par le prêtre afin d’aider les jeunes d’une communauté semi-rurale comptant environ 2 500 familles chrétiennes. « Nous veillons aux échecs scolaires. Nos jeunes sont incertains face à l’avenir à cause de la situation socio-économique et du manque de ressources. »

Le père Morris Jalal avec des étudiants catholiques inscrits au Punjab Vocational Training Institute de Lahore.

Le mois dernier, quand un groupe de 25 jeunes chrétiens pakistanais a été accepté au sein de l’Institut de formation professionnelle du Pendjab (Punjab Vocational Training Institute), à Lahore, la décision a été saluée comme une avancée face aux discriminations religieuses. L’institut, parrainé par les départements Zakat et Ushr du gouvernement de la province du Pendjab, offre des bourses d’études mensuelles réservées aux étudiants musulmans, les fonds provenant de taxes obligatoires pour les musulmans.

« Les chrétiens n’y ont pas droit selon la loi de la sharia », explique le père Morris Jalal, curé de l’église Saint-Colomban, située à moins d’un kilomètre de l’institut. Aqsa Perwaiz, âgée de 23 ans et originaire de Lahore, raconte avoir visité l’institut il y a un an en espérant être admise. « On m’a dit que ce n’était pas gratuit pour les chrétiens, et comme j’étudiais déjà dans un centre de soutien, je ne pouvais me permettre d’ajouter d’autres frais », confie-t-elle.

Aqsa Perwaiz fait partie d’un groupe de sept chrétiennes pakistanaises inscrites à un cours de maintenance informatique au sein de l’institut. « Nous voulons remercier le curé de notre paroisse », poursuit-elle. Les 25 étudiants admis cette année font partie du groupe de jeunes Good Samaritan, fondé par le père Jalal afin d’aider les jeunes d’une paroisse semi-rurale, qui compte environ 2 500 familles chrétiennes. Les parents de la plupart des étudiants travaillent comme employés domestiques ou balayeurs.

« Cette initiative est une tentative de les rendre financièrement indépendants »

Le coût annuel moyen d’un cours à l’institut est de 5 500 roupies pakistanaises (25,16 euros), soit au-dessus des moyens de ces familles. Mais le père Jalal ayant arrangé le financement de leur éducation, les parents ne doivent payer que 1 000 roupies (4,57 euros). « Nous nous occupons des échecs scolaires. Nos jeunes sont incertains face à l’avenir à cause des mauvaises conditions socio-économiques et du manque de ressources. Cette initiative est une tentative de leur sauver la vie et de les rendre financièrement indépendants », confie le prêtre.

Selon l’Église locale, beaucoup de jeunes chrétiens pakistanais ont grandi en étant confronté aux discriminations religieuses. En 2020, des groupes catholiques locaux ont signalé comment des équipes d’aide d’urgence Covid ont refusé d’aider les non-musulmans alors que la « zakat » (l’aumône obligatoire versée selon la loi islamique) devait être versée selon la sharia. « Le fonds Zakat est réservé aux musulmans pauvres et méritants vivant en dessous du seuil de pauvreté », indique le site web du gouvernement du Pendjab, tout en indiquant que 4,75 millions de roupies (59 632,97 euros) ont été mis de côté en 2020-2021 pour financer des dépenses éducatives, médicales voire même des mariages.

Les discriminations affectent les plus jeunes membres des communautés minoritaires

Selon une enquête menée par l’organisation Hard (Health and Rural Development) au Baloutchistan, les discriminations affectent les plus jeunes membres des communautés minoritaires comme les chrétiens. « Une majorité de répondants chrétiens fait partie de la catégorie de salaires la plus basse et gagne moins de 10 000 roupies par mois [45,7 euros environ]. Seuls 20 % des répondants étaient diplômés », a déclaré l’organisation. Plus de 90 % des répondants, il est plus difficile de trouver un travail pour les minorités. Près de 73 % d’entre eux ont confié qu’ils devaient travailler plus dur que la communauté appartenant à la majorité pour trouver un emploi.

Le manque d’accès à l’éducation est un problème majeur pour les jeunes chrétiens, même avec le quota de 5 % réservé aux minorités pour les postes de fonctionnaire. Selon les organisations pour les droits de l’homme, la plupart d’entre eux finissent par assumer des emplois précaires. Albert David, membre de la Commission nationale le pour les minorités, estime de son côté que les chrétiens ne doivent pas seulement se reposer sur les quotas. « Nos jeunes se plaignent constamment du manque d’opportunités, mais ils doivent étudier et se qualifier pour les emplois disponibles », souligne-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews