Eglises d'Asie

L’Église pakistanaise veut renforcer sa sécurité face à la recrudescence des attentats

Publié le 02/08/2023




Après l’attentat du 30 juillet lors d’un meeting politique dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (dans le nord-ouest du Pakistan, à 45 kilomètres de la frontière afghane), la police a demandé aux églises catholiques de renforcer leur sécurité face. Mgr Joseph Arshad, président de la Conférence épiscopale pakistanaise, a condamné l’attentat suicide en assurant que « nous continuons de jouer notre rôle pour la construction d’une coexistence pacifique ».

Des jeunes catholiques pakistanais au sanctuaire marial de Mariamabad, dédié à Notre-Dame de Lourdes dans l’archidiocèse de Lahore.

La résurgence des attaques terroristes au Pakistan force l’Église locale à mieux se protéger avec des mesures de sécurité renforcées. « On nous recommande d’embaucher des agents de sécurité privés, d’installer des systèmes de vidéosurveillance et de surélever la hauteur des murs d’enceinte des églises », explique le père Nasir William, curé de l’église Saint-Pierre-Canisius, à Abbottabad (une ville du nord, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa).

« Les murs font déjà 12 pieds [3,6 mètres] de haut », précise le prêtre, qui évoque une lettre envoyée par la police municipale d’Abboattabad (où l’ancien chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden a été tué en 2011 dans un raid américain). Le père William ajoute qu’il a reçu cette lettre le 30 juillet après l’attentat suicide qui s’est produit lors d’un meeting politique, à quelques mois des élections, et qui a fait au moins 54 morts dont de nombreux mineurs.

« Toutes les églises de notre diocèse ont déjà adopté de telles mesures de sécurité. Les tournées des agents de sécurité se multiplient, mais les tragédies continuent. Que pouvons-nous faire de plus ? », demande le prêtre, qui est également directeur de la Commission des communications sociales du diocèse d’Islamabad-Rawalpindi.

Le gouvernement de la province de Khyber Pakhtunkhwa fournit déjà au moins deux policiers chargés d’escorter les prêtres et les religieuses dans cette province frappée par l’insurrection islamiste (ou insurrection talibane, qui oppose l’armée pakistanaise à divers mouvements islamistes armés). La province borde l’Afghanistan où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021.

« L’explosion à Bajaur a aggravé les tensions déjà existantes »

L’attentat du 31 juillet a été revendiqué par le groupe État islamique. Près de 400 sympathisants du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F), allié majeur de la coalition gouvernementale, étaient rassemblés au moment de l’attentat, qui s’est produit près d’un marché dans la ville de Khar, dans le district de Bajaur (Khyber Pakhtunkhwa, à 45 kilomètres de la frontière afghane). Selon la police, presque 12 kg d’explosifs ont été utilisés dans l’explosion. Bajaur, une région indigène du nord-ouest du Pakistan, était un foyer taliban avant une répression lancée par l’armée pakistanaise en 2016.

« L’explosion à Bajaur a vraiment aggravé les tensions déjà existantes. Nous condamnons fermement l’attaque brutale durant laquelle beaucoup d’innocents ont perdu la vie et beaucoup ont été blessés. Les personnes responsables doivent être traduites en justice », a déclaré Mgr Joseph Arshad, président de la Conférence épiscopale pakistanaise. « Tous les responsables politiques doivent favoriser une solution politique pour que la démocratie puisse advenir dans notre pays. L’Église a des volontaires et l’administration locale fournit aussi des agents de sécurité dans les églises. Nous continuons de jouer notre rôle pour la construction d’une coexistence pacifique dans la société pakistanaise. »

« Cet attentat vient menacer notre démocratie déjà fragile et l’économie défaillante »

Le Pakistan est en pleine crise économique et politique depuis que l’ancien Premier ministre Imran Khan a été renversé, en avril 2022, par une motion de censure votée à son encontre. Le mandat de cinq ans de l’assemblée nationale et des assemblées provinciales prendra fin le 12 août, et des élections sont attendues le 10 novembre prochain au plus tard.

James Rehmat, directeur général de la Commission œcuménique pour le développement humain, a également condamné les violences préélectorales à Bajaur. « L’attentat meurtrier qui s’est produit durant ce meeting politique, quelques mois avant les élections générales, vient menacer notre démocratie déjà fragile et l’économie défaillante », a-t-il souligné. « Daesh [le groupe État islamique] est connu pour cibler des minorités religieuses vulnérables. Nous appelons le gouvernement à poursuivre les coupables. »

Depuis l’an dernier, les attaques terroristes se multiplient au Pakistan, à cause de la fin d’une trêve entre les talibans pakistanais et le gouvernement. Plus d’une centaine de personnes, dont une majorité de policiers, ont été tuées cette année dans un autre attentat qui s’est produit dans une mosquée de Peshawar (Khyber Pakhtunkhwa). En avril à Peshawar, un groupe militant extrémiste a également revendiqué les meurtres de Dayal Singh, un homme d’affaires sikh, et de Kashif Masih, un travailleur sanitaire chrétien.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews