Eglises d'Asie – Thaïlande
L’église Saint-Joseph d’Ayutthaya célèbre les 350 ans du vicariat apostolique de Siam
Publié le 09/07/2019
La célébration du 4 juillet, dans l’église Saint-Joseph d’Ayutthaya, a été l’occasion de méditer sur 350 ans de travail missionnaire au Siam, et sur l’œuvre des premiers missionnaires, de diverses origines mais qui se sont unis pour servir le même objectif, annoncer l’Évangile tout en l’intégrant à la culture locale. L’église d’Ayutthaya, qui a été construite dans un style gothique, a été rénovée de nombreuses fois. D’autant plus qu’elle a servi de lieu de sépulture pour une trentaine d’évêques et de prêtres qui furent les pionniers de la mission de Siam. Ces missionnaires ont documenté l’histoire du catholicisme en Thaïlande, dont les archives sont gardées dans les locaux de la cathédrale de l’Assomption de Bangkok, dans le district de Bang Rak – depuis, ces archives ont été traduites en thaï. L’impact de leur travail peut se voir dans la langue locale. Par exemple, le mot mis-sang vient du mot « mission », en référence aux vicaires apostoliques qui ont été envoyés pour répandre la foi à travers le monde.
Le premier chrétien qui aurait mis le pied en terre de Siam serait Afonso de Albuquerque, gouverneur général portugais assigné en Asie. Le Portugal, qui occupait alors Malacca (en Malaisie), avait envoyé des diplomates au royaume d’Ayutthaya durant le règne du roi Ramathibodi II, afin de forger des relations entre les deux pays. Les premiers missionnaires seraient alors arrivés au Siam pour évangéliser et s’occuper des premiers chrétiens portugais arrivés à Ayutthaya. À cette époque, les Missions Etrangères de Paris, avec à leur tête Mgr Lambert de la Motte, sont également arrivées dans le royaume. Il y avait alors dix missionnaires portugais à Ayutthaya, ainsi qu’un prêtre espagnol, pour les quelque 2 000 locaux qui s’étaient déjà convertis. Les territoires du sud de la Chine et des pays indochinois avaient été confiés à Mgr Lambert de la Motte, mais ce dernier a prolongé son séjour au Siam pour lutter contre les discriminations religieuses et pour faire face aux conséquences des conflits dans la région. Plus tard, une première assemblée synodale a été établie pour faire face aux problèmes rencontrés par la communauté chrétienne, comme certains conflits entre missionnaires, portant notamment sur le rôle du vicaire apostolique. L’assemblée synodale a également donné quelques instructions comme la fondation d’un conseil sacerdotal local destiné à encourager les vocations. L’assemblée a également demandé aux missionnaires de fournir une éducation gratuite à la population locale et de traduire les écrits chrétiens en langue locale. Selon l’assemblée, les missionnaires devaient également enseigner le latin et la doctrine catholique aux fidèles.
Les pionniers de la mission de Siam
Durant la célébration du 4 juillet à Ayutthaya, le père Nicolas Lefébure, MEP, a salué le travail des premiers évêques, dont Mgr Laneau, qui est devenu le premier évêque de Siam en 1674. Selon les archives historiques, Mgr Laneau et ses compagnons ont été pris en otage en 1688 durant la révolution siamoise. Plus tard, il a été libéré grâce à l’intervention du roi Narai le Grand en 1691, et Mgr Laneau est resté à Ayutthaya jusqu’à sa mort, le 16 mars 1696. « Il a laissé plusieurs écrits qui évoquent le soutien moral aux prisonniers et les soins à apporter aux lépreux. Sa dévotion avait tellement impressionné le roi qu’il lui avait accordé une libération anticipée », explique le père Nicolas Lefébure, qui précise que Mgr Laneau parlait couramment le pali et le thaï, et qu’il avait étudié le bouddhisme durant trois ans, ce qui lui permettait de mieux comprendre les traditions et la culture siamoises. Mgr Laneau a régulièrement écrit sur la communauté catholique afin d’expliquer les rites, les pratiques et les principes de la foi catholique. Il visitait également les communautés locales et les malades. « Une fois, l’évêque a eu une audience avec le roi au cours de laquelle il lui a parlé des enseignements chrétiens. Son travail pour les communautés locales a persuadé le roi, qui en retour a soutenu la propagation de la foi. » Le père Nicolas ajoute que pour les premiers missionnaires, le fait d’être des pionniers n’était pas facile. « Il fallait d’abord labourer la terre, même si la saison des semailles n’était pas encore venue, et il fallait rester calme et patienter, attendre que les choses se fassent. Notre but était de construire des communautés fortes et fidèles. »
L’Église en Thaïlande aujourd’hui
Le père Lefébure a également souligné que l’évangélisation de la région a été favorisée par la situation et l’environnement du royaume d’Ayutthaya, auprès d’un peuple thaï pacifique et non violent. Les séminaires et les instituts formant les futurs prêtres étaient devenus courants durant le règne du roi Narai, et ils attiraient des hommes du Siam, de Chine, du Vietnam et d’autres pays asiatiques, venus pour devenir prêtres. Le père Thirapol Kobvithayakul, un représentant du séminaire Saint-Joseph, confie qu’aujourd’hui, l’Église locale a besoin de plus de prêtres. Il explique qu’il y a moins de vocations à cause des changements sociétaux, d’autant plus qu’il faut plus de temps et beaucoup d’argent pour former un prêtre. « Je voudrais exprimer toute ma gratitude à Mgr Laneau et à Mgr Lambert de la Motte, qui ont posé les fondations du christianisme en Thaïlande, et qui ont assuré la formation du clergé local pour qu’ils suivent les pas du Seigneur », s’est réjoui le père Thirapol. Sœur Sriprai Krathong, des Amantes de la Croix, représentait les religieuses durant la célébration du 4 juillet – la fondation de la communauté remonte à la période Ayutthaya. La religieuse explique que les 350 années de la mission de Siam ont été essentielles pour la fondation de la congrégation, qui comprend plus de 8 000 religieuses du Laos, du Cambodge et du Vietnam, entre autres. « Nous voulons former des groupes laïcs afin de contribuer à annoncer l’Évangile aux côtés des prêtres. Actuellement, trois groupes ont déjà été créés, avec plus de 800 membres », confie-t-elle.
(Avec bangkokpost.com)
CRÉDITS
Phongthai Watthanawanijwuth