Eglises d'Asie

L’Église sri-lankaise veut déclarer les victimes de Pâques 2019 comme « martyrs de la foi » et « Serviteurs de Dieu »

Publié le 09/03/2024




Un collaborateur du cardinal Malcom Ranjith, archevêque de Colombo, a confirmé que l’Église locale souhaite ouvrir le processus de canonisation des victimes des attentats de Pâques 2019. Sur les 269 personnes tuées le 21 avril 2019 dans trois églises et deux hôtels, on compte 216 fidèles des églises Saint-Sébastien et Saint-Antoine. Le cardinal est convaincu qu’elles sont mortes à cause de leur foi. Il estime que le don de leur vie en venant ce jour-là à l’église « est suffisant pour les reconnaître comme Serviteurs de Dieu et martyrs de la foi ».

Une prière pour les malades dans l’archidiocèse de Colombo. Ce dernier espère pouvoir déclarer un jour prochain les victimes de Pâques 2019 comme « Serviteurs de Dieu ».

L’archidiocèse de Colombo, au Sri Lanka, espère ouvrir le processus de canonisation des fidèles qui ont été tués en 2019 lors des attentats terroristes du dimanche de Pâques, selon les confirmations du père Joy Indika Perera, un collaborateur du cardinal Malcom Ranjith, archevêque de Colombo. Le père Perera a confié la semaine dernière que l’archidiocèse prévoit de soumettre une demande officielle au Vatican en vue de déclarer les catholiques tués lors des attentats comme « martyrs de la foi ». Le prêtre a ajouté que la pétition doit être envoyée au Vatican le 21 avril, exactement cinq ans après les violences de 2019. L’Église exige en principe une période minimale de cinq ans avant d’ouvrir une cause de canonisation. La pétition sera envoyée au Dicastère pour les causes des Saints.

Le 19 avril 2019, huit terroristes ont lancé des attaques suicides contre deux églises catholiques, une église évangélique, trois hôtels de luxe et d’autres sites, tuant un total de 269 personnes et causant plus de 500 blessés. Selon le père Perera, on compte parmi eux 216 catholiques de deux différentes paroisses, Saint-Sébastien et Saint-Antoine, « massacrés de sang-froid » lors des attaques.

Peu après celles-ci, l’État islamique a revendiqué la responsabilité des attentats. Le gouvernement sri-lankais a déterminé qu’elles ont été menées par un groupe islamiste local connu sous le nom de National Thowheeth Jama’ath, avec l’assistance de groupes étrangers. Par crainte d’attaques supplémentaires, dans l’archidiocèse de Colombo, les messes en présentiel ont été suspendues durant les semaines qui ont suivi le 21 avril 2019, et les écoles catholiques ont été fermées.

« Le cardinal Ranjith a toujours insisté sur la nécessité de découvrir la vérité »

En parlant au nom du cardinal Ranjith, le père Perera a critiqué la réponse du gouvernement après les massacres, en l’accusant de continuer aujourd’hui de faire de son mieux pour « dissimuler » des informations sur les attentats et sur les responsables. « Le cardinal Ranjith a toujours insisté sur la nécessité de découvrir et dévoiler la vérité derrière ces attaques, car il y a des indications claires qu’il s’agissait d’un acte délibéré de manipulation politique de la part de parties intéressées, qui voulait utiliser les extrémistes islamistes pour leur plan diabolique », a assuré le prêtre. « Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a eu aucune enquête sérieuse afin de découvrir la véritable cause de ce massacre. »

Des ambulances devant l’église Saint-Antoine de Kochchikade, à Colombo, le 21 avril 2019 après les attentats du jour de Pâques.

Maithripala Sirisena, qui était président du Sri Lanka à l’époque, a créé une commission de cinq membres afin d’enquêter sur les attentats. En octobre 2020, cinq suspects qui avaient été arrêtés en lien avec les violences ont été libérés en avançant un manque de preuves. Le procès de 25 hommes accusés d’avoir contribué à préparer les attaques a débuté en novembre 2021, avant d’être ajourné en janvier 2022.

« Cela apportera la paix à votre conscience et à la nation »

En janvier 2023, un groupe de sept juges de la Cour Suprême sri-lankaise a jugé Sirisena et quatre autres anciens hauts fonctionnaires comme responsables d’avoir été en possession d’informations crédibles sur des attaques imminentes sans les avoir divulguées. La Cour a ordonné à Sirisena de verser aux familles des victimes un total de 273 000 dollars de sa poche, et d’autres responsables ont reçu des ordres similaires. En avril 2022, le pape François a appelé le gouvernement sri-lankais à redoubler d’efforts afin d’identifier les coupables et de les traduire en justice pour les victimes et leurs familles. « S’il vous plaît, au nom de la justice, pour l’amour de votre peuple, qu’on puisse éclaircir définitivement les responsables de ces évènements. Cela apportera la paix à votre conscience et à la nation », a déclaré le pape.

Selon le père Perera, le cardinal insiste sur l’ouverture du processus de canonisation des martyrs de Pâques 2019 car il est convaincu qu’ils sont morts à cause de leur foi. « Il croit que puisqu’ils exerçaient un acte de foi en venant à l’église pour participer à la célébration du Seigneur ressuscité, pour prendre part aux activités spirituelles de leur propre volonté, et puisqu’ils ont dû sacrifier leur vie pour avoir fait cela, ce fait en lui-même est suffisant pour les reconnaître comme Serviteurs de Dieu et martyrs de la foi », a expliqué le prêtre en citant le cardinal Ranjith. Il a ajouté que l’archidiocèse de Colombo espère recevoir l’accord du Saint-Siège et « une fois que cette approbation sera donnée, nous travaillerons sur le processus de béatification en vue de les considérer comme Serviteurs de Dieu ».

(Avec Peter Pinedo / Catholic News Agency)