Eglises d'Asie

Les 50 ans de la première Bible chinoise

Publié le 01/11/2018




En 1935, le bienheureux Gabriela Allegra, frère franciscain, entamait la première traduction de la Bible chinoise. Plus tard, en 1968, ce travail fut complété puis publié par le Studium Biblicum Franciscanum de Hong-Kong. Cinquante ans après, de nombreux groupes d’Églises, diocèses et séminaires célèbrent l’anniversaire de la première traduction complète de la Bible chinoise en Chine continentale, à Macao, Hong-Kong et Taïwan. Mgr John Baptist Yang Xiaoting et Mgr Joseph Guo Jincai, qui ont participé au synode sur les jeunes à Rome en octobre, sont ainsi intervenus lors d’un colloque organisé à Pékin le 18 octobre. De son côté, le Studium Biblicum de Hong-Kong n’a pas participé aux célébrations.

La traduction de la Bible catholique chinoise, connue comme la Version Studium Biblicum, est la version de la Bible la plus utilisée par les catholiques chinois. Elle a été commencée par le bienheureux Gabriele Allegra, un frère franciscain, en 1935. Elle a ensuite été complétée puis publiée en 1968 sous le nom de La Sainte Bible : traduite et annotée par le Studium Biblicum Franciscanum [OFM] de Hong-Kong. Ce mois-ci, de nombreux groupes d’Église en Chine continentale, à Macao, à Hong-Kong et à Taïwan ont organisé des séminaires et des colloques afin de célébrer les cinquante ans de cette traduction. Mais de son côté, le Studium Biblicum OFM de Hong-Kong, pourtant à l’origine de la traduction, a publié un communiqué sur son compte Facebook, le 23 octobre, afin d’annoncer qu’il ne participerait pas aux évènements.

« Bien que cette année marque le cinquantième anniversaire de la publication de la Version Studium Biblicum, notre institut a décidé de n’organiser aucune célébration spéciale. Nous voulons simplement exprimer notre gratitude envers Dieu par la prière, par le travail et par notre vie quotidienne, ainsi que le Christ l’enseigne dans Luc 17, 10 : ‘Nous sommes de simples serviteurs ; nous n’avons fait que notre devoir’ », a déclaré l’institut dans son communiqué. « C’est pourquoi l’institut n’a pas participé aux évènements récents organisés en l’honneur du cinquantième anniversaire de la publication de la version Studium Biblicum, qui ont eu lieu à Pékin, Hong-Kong et Taïwan. En d’autres mots, l’institut n’est ni l’animateur, ni l’organisateur de ces évènements et n’a aucun lien direct avec eux. De plus, veuillez noter que l’institut ne soulève pas de fonds ni ne lance d’appels aux dons pour le compte de ces groupes », a poursuivi le communiqué.

4,5 millions de copies en 25 ans

Parmi les principales célébrations organisées, un colloque s’est tenu le 18 octobre au Beijing Friendship Hotel de Pékin. Il a été organisé par l’Association patriotique des catholiques chinois (CCPA) et par la Conférence épiscopale de l’Église catholique chinoise (BCCCC), selon chinacatholic.org. Près de quarante participants ont participé à l’évènement, dont les représentants des huit principaux séminaires chinois, ainsi que l’Institut religieux d’études culturelles (Faith Institute for Cultural Studies) et la presse religieuse (Faith press). Mgr John Baptist Yang Xiaoting, évêque de Yanan (Yulin) et Mgr Joseph Guo Jincai, évêque de Chengde (Hebei), de la conférence épiscopale, étaient également présents. Les deux évêques ont été invités en octobre par le pape François à rejoindre le Synode pour les jeunes à Rome.

Parmi les invités d’honneur du colloque se trouvaient Ke Wei, directeur de l’Alliance biblique universelle, le père Jan J. Stehanow, SDV, secrétaire général de la Fédération biblique catholique, Qiu Zhonghui, directeur du conseil d’administration de la Fondation Amity et de la société Nanjing Amity Printing Co Ltd, et enfin le Dr Monica Romano, conférencière à l’Université pontificale grégorienne de Rome. Les échanges ont porté en particulier sur les méthodes de traduction, sur l’enseignement de la Bible et sur l’évangélisation. Mgr Guo, présent lors de la rencontre, a souligné qu’entre 1993 et 2018, 4,5 millions de copies de diverses éditions de la Version Studium Biblicum ont été imprimées. Mgr Guo a également remercié l’Institut Studium Biblicum OFM de Hong-Kong pour avoir cédé les droits du texte à l’Église catholique chinoise.

D’autres participants au colloque ont attiré l’attention sur certains défauts de la traduction actuelle. Parmi les problèmes évoqués figure le manque d’études standardisées et de documentation permettant aux interprètes chinois d’interpréter et de comprendre le texte. Ils ont également souligné le besoin de corriger les erreurs grammaticales, typographiques et de syntaxe, ainsi que certains termes flous qui n’ont pas été bien traduits et d’autres passages « confus ». Ils pensent aussi qu’il n’y a pas suffisamment d’instituts de formation, que les documents portant sur le sujet sont incomplets, et enfin qu’il faut approfondir les études des prêtres et religieux.

« Marcher avec la Parole »

D’autres participants ont partagé leur désir de fonder une société biblique et un institut de formation afin d’améliorer l’enseignement de la Bible. Ils ont appelé à organiser davantage de séminaires sur la Bible chinoise, demandant au passage qu’un bulletin spécial soit publié afin de clarifier et développer son enseignement. Ils ont également invité à partager les ressources bibliques et à fonder une plateforme théologique, afin de renforcer les échanges entre les différents groupes chrétiens, diocèses et séminaires chinois. L’objectif étant de préparer de nouvelles versions de la Bible chinoise qui puissent être publiées en plusieurs langues afin de mieux atteindre les minorités ethniques dans le pays. Ils ont également demandé davantage de copies de la Bible chinoise, contenant plus d’annotations. Ils souhaitent aussi développer la présence auprès des médias sociaux, notamment sur l’application WeChat très utilisée en Chine.

À l’issue du colloque, Mgr Joseph Shen Bin, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, a confié qu’il espérait récolter les suggestions des participants afin de pouvoir mettre œuvre les remarques les plus pertinentes. Mgr Shen Bin, l’un des sept évêques reconnus par le pape François en septembre, a également souhaité écouter les retours d’une quarantaine de prêtres et religieuses revenus en Chine à l’issue de leurs études bibliques à l’étranger. En attendant, l’Association biblique catholique chinoise (UCCBA) organise la 11e Conférence mondiale sur la Bible chinoise, qui se tiendra du 22 au 26 novembre à Hong-Kong sur le thème « Marcher avec la sainte parole, vivre dans la foi, l’espérance et la charité ».

(Avec Ucanews, Hong-Kong)


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Photo Ucanews