Eglises d'Asie – Birmanie
Les autorités birmanes refusent l’accès aux régions les plus touchées par le cyclone Mocha
Publié le 13/06/2023
Plusieurs groupes humanitaires locaux et internationaux en Birmanie ont été privés d’accès aux régions touchées par le cyclone Mocha, alors que les Nations unies ont alerté des risques liés à la famine et aux maladies transmissibles après les intempéries.
Le gouvernement de l’État birman de Rakhine a suspendu les transports utilisés par les ONG internationales et les groupes humanitaires locaux afin de les empêcher d’accéder aux victimes du cyclone, qui a frappé la région le 14 mai dernier en causant des dégâts importants avec des vents jusqu’à 250 km/h. Aucune explication n’a été donnée dans la lettre de suspension signée par le colonel Kyaw Thura, ministre de la Sécurité et des Affaires frontalières de l’État de Rakhine.
La décision a été prise alors que les ONG avaient obtenu une autorisation la veille auprès de la junte au pouvoir, selon Radio Free Asia (RFA). « Nous attendons de pouvoir transporter du matériel depuis nos entrepôts situés dans le pays et à l’étranger », a expliqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans un rapport publié le 2 juin. « La situation de l’accès humanitaire dans l’État de Rakhine s’est détériorée dans le cadre de nouvelles discussions centralisées à Naypyidaw [la capitale birmane] », a ajouté un rapport publié le 9 juin par l’OCHA.
1,6 million d’habitants en difficulté dans les régions affectées
Le cyclone Mocha a atteint les côtes près de Sittwe, sur la côte ouest birmane dans l’État de Rakhine, en déracinant des arbres et des poteaux et en endommageant plusieurs milliers d’habitations et de bâtiments. Le bilan officiel est d’environ 145 victimes selon la junte, mais le Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil parle plutôt de 400 personnes décédées dans la catastrophe. Les Nations unies ont lancé un appel à l’aide à hauteur de 333 millions de dollars US afin de pouvoir répondre aux besoins d’1,6 millions d’habitants en difficulté dans les régions de Rakhine, Chin, Magwe, Sagaing et Kachin.
Un travailleur humanitaire catholique a reconnu que leurs tentatives d’apporter assistance aux populations locales s’avèrent difficiles. Toutefois, selon lui, ils ont fourni « une aide financière à 1 000 foyers de Sittwe, la capitale de l’État de Rakhine ». Des responsables du diocèse de Pyay, qui couvre l’État de Rakhine et le canton de Paletwa dans l’État Chin, ont également signalé que des prêtres avaient rendu visite aux régions affectées par le cyclone afin d’y distribuer des aides humanitaires.
Selon l’ONU, ces régions ont besoin d’aide urgente face aux conséquences de la catastrophe, notamment la faim et la maladie. Titon Mitra, représentant résident en Birmanie du Programme de Nations unies pour le développement, souligne que « la communauté internationale doit pouvoir avoir un accès élargi aux communautés affectées ». « Et la situation est vraiment urgente. Des foyers ont perdu la totalité de leurs réserves de graines. Donc nous pensons que si la réponse humanitaire n’est pas adaptée, la quantité de nourriture disponible et les prix alimentaires deviendront problématiques », insiste-t-il.
Cette semaine, la junte a défendu ses actions depuis la tempête et dénoncé les médias accusés d’avoir « exagéré » la situation et « menacé » la souveraineté du pays. De leur côté, les organisations humanitaires craignent que les événements de 2008 se répètent, quand l’armée a refusé aux ONG d’accéder aux régions frappées par le cyclone Nargis, qui a fait plus de 130 000 victimes.
(Avec Ucanews)