Eglises d'Asie

Les autorités chinoises demandent aux Églises protestantes officielles de prier pour les martyrs communistes

Publié le 08/09/2021




Début septembre, le Mouvement patriotique des trois autonomies, une organisation protestante officielle de la République populaire de Chine depuis 1954, a demandé aux chrétiens protestants chinois de marquer le 76e anniversaire de la capitulation du Japon en 1945 à l’issue de la guerre sino-japonaise. Tandis qu’elles s’opposent aux prières honorant les martyrs chrétiens, les autorités chinoises ont ainsi demandé aux membres des Églises protestantes « enregistrées » de prier pour les soldats communistes morts dans la résistance contre les forces japonaises.

Des chrétiens chinois prient dans une église protestante basée à Pékin.

Les autorités chinoises ont demandé aux chrétiens des Églises protestantes « enregistrées » de prier pour les soldats communistes qui sont morts durant la guerre avec le Japon impérial. Alors que les chrétiens protestants chinois sont empêchés d’honorer leurs propres martyrs et de prier pour eux, une nouvelle directive des autorités stipule qu’il est obligatoire de prier pour les soldats de l’armée rouge de Chine, décédés durant la guerre de résistance contre les forces d’occupation japonaises, selon une publication du 6 septembre par Bitter Winter, un site d’information sur les droits de l’homme et la liberté religieuse. La directive a été envoyée à toutes les Églises faisant partie du Mouvement patriotique des trois autonomies (MPTA), organisation protestante officielle de la République populaire de Chine depuis 1954. Le MPTA, contrôlé par l’État, bénéficie d’une reconnaissance officielle du Parti communiste chinois.

La semaine dernière, des membres du séminaire théologique de Fujian ont été invités à participer à une célébration destinée à honorer les martyrs communistes, morts durant ce que la Chine appelle la « Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise ». Selon Bitter Winter, ces prières ont été organisées en demandant l’intercession de « Jésus, Roi de la Paix » pour la « réunification pacifique » de la Chine. Ce commentaire sur la « réunification » a été fait en référence à Taïwan, anciennement appelé Formose, que Pékin considère comme une province dissidente et qui est menacée régulièrement par les autorités chinoises. Taïwan forme un pays indépendant et démocratique, bien que l’indépendance n’ait jamais été officiellement déclarée. L’île maintien des liens diplomatiques avec seulement quatorze États, dont le Vatican et les États-Unis.

Commémorations du 76e anniversaire de la capitulation japonaise

Les autorités chinoises ont envoyé des directives afin de demander à toutes les Églises chrétiennes concernées de prier pour les martyrs, dans chaque province, région autonome ou municipalité sous l’autorité du gouvernement central : « Cette année est le 76e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la guerre mondiale antifasciste. Afin de répondre positivement à l’initiative du Comité chinois des religions pour la paix [CCRP], une notice ci-jointe est adressée aux Églises chrétiennes de chaque province afin d’organiser des prières pour la paix pour commémorer [l’événement] autour du 3 septembre, selon la situation locale. » Les Églises locales ont été invitées à publier des articles, photos et vidéos en liens avec ces activités d’ici le 10 septembre au Conseil chrétien de Chine (fondé en 1980 en tant qu’organisation faîtière pour toutes les Églises protestantes de la République populaire de Chine).

Liberté religieuse : la Chine classée 17e sur 50 pays

Les forces japonaises ont capitulé en Chine en septembre 1945, après une guerre sanglante associée aux nationalistes, aux communistes et aux forces internationales, afin de combattre le Japon durant la Seconde Guerre mondiale. Les nationalistes, qui ont joué un rôle majeur dans la résistance, ont ensuite été vaincus et chassés par les communistes, arrivés au pouvoir en 1949 après la Guerre civile chinoise. Depuis, la Chine a fait l’éloge des soldats de l’armée rouge communiste chinoise, tout en minimisant le rôle des nationalistes. La Chine populaire reconnaît seulement cinq religions « officielles » sous contrôle de l’État : taoïsme, bouddhisme, islam, catholicisme et protestantisme. Toutefois, depuis des décennies, les autorités ont poursuivi ceux qui sont fidèles à des groupes non reconnus ou non enregistrés. De nombreuses organisations internationales ont dénoncé les politiques répressives de la Chine et ses actions contre les groupes religieux, dont les chrétiens. C’est pourquoi, en janvier, le groupe Portes Ouvertes, basé aux États-Unis, a classé la Chine au 17e rang sur 50 pays dans son Index mondial annuel sur la persécution des chrétiens.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Radio Free Asia / Ucanews