Eglises d'Asie

Les Birmans boycottent la fête de l’eau en solidarité avec les victimes de la junte

Publié le 15/04/2023




Le 13 avril, les rues de Naypyidaw, de Rangoun et de Mandalay sont restées désertes malgré la fête de l’eau, le festival traditionnel Thingyan, qui marque chaque année le nouvel an birman à la mi-avril. Les opposants, qui ont vu les initiatives de la junte durant les festivités comme une tentative de montrer au monde que le pays était revenu à la normale, ont appelé les gens à rester chez eux en signe de protestation silencieuse, en particulier après la mort d’au moins 168 civils dans une attaque aérienne mardi dernier.

Une scène du festival traditionnel Thingyan, la fête de l’eau, qui culmine le jour du nouvel an birman.

Cette année, à l’occasion du festival traditionnel Thingyan, qui célèbre la fête de l’eau du nouvel an birman à la mi-avril, les Birmans sont restés chez eux en signe de protestation silencieuse contre les frappes aériennes de la junte, qui auraient causé la mort d’au moins 168 civils ce mardi 11 avril. Les rues de Naypyidaw, de Rangoun et de Mandalay sont restées désertes le 13 avril malgré la construction de chars qui avaient été parrainés par la junte pour arroser la foule durant le festival.

Les militants pro-démocratie ont vu les initiatives de la junte durant ces festivités annuelles comme une tentative de montrer au monde que le pays d’Asie du Sud-Est était revenu à la normale. Ils ont donc appelé la population à ne pas faire la fête en signe de solidarité pour les habitants opprimés par la répression militaire brutale des autorités.

Cette année, le festival de l’eau est fêté du 13 au 16 avril. Les congés ont débuté le 10 avril et durent jusqu’au 17 avril – date qui marque le début du nouvel an birman. Il s’agit de la plus importante période de congés de l’année en Birmanie. Ces festivités traditionnelles sont en général joyeuses dans le pays majoritairement bouddhiste, avec des gens de toutes confessions religieuses participant ensemble à l’événement, mais la situation a changé depuis le coup d’État militaire de février 2021.

Appels à la « grève silencieuse »

Un groupe militant a appelé la population à marquer un « Thingyan révolutionnaire » plutôt qu’un « Thingyan joyeux », estimant que c’était une occasion de révolte contre la dictature militaire. Le groupe Catholiques indépendants pour la justice en Birmanie, composé de prêtres, religieux et laïcs, a de son côté invité à se mettre en « grève silencieuse » en restant à la maison.

« Je prie pour que cette année soit le dernier festival de l’eau que nous célébrons sous la dictature », a confié le Dr Sasa, chrétien et ministre de la Coopération internationale du Gouvernement d’unité nationale (NUG) clandestin en exil. Dans une déclaration publiée le 13 avril, il a appelé la population à « marcher ensemble vers l’objectif d’une union fédérale ». Dans un rapport récent, le NUG a également évoqué le bilan des victimes après les frappes aériennes de mardi dernier dans un village reculé de la région centrale en conflit de Sagaing, en parlant d’au moins 168 civils tués, dont 35 enfants et 27 femmes.

Par ailleurs, le 13 avril, près d’une pagode de la ville de Lashio, dans l’État Shan, où une foule s’était rassemblée pour célébrer la fête de l’eau, l’explosion d’une voiture a causé quatre morts et douze blessés, selon les médias locaux.

Ainsi, les violences continuent dans le pays, avec des attaques perpétrées contre plusieurs villages malgré les condamnations internationales. « Face à la campagne horrifique et aux violences généralisées du régime militaire, les États-Unis restent engagés à mener les efforts internationaux afin que le régime soit tenu responsable du coup d’État et des abus contre les civils », a déclaré Antony J. Blinken, secrétaire d’État américain, dans un communiqué publié le 10 avril. Plus de 3 200 personnes ont été tuées et près de 21 000 ont été détenues depuis le coup d’État de 2021, selon un groupe local.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Mrsoethuaung (CC BY 4.0)