Eglises d'Asie – Bangladesh
Les catholiques bangladais fêtent 500 ans de christianisme dans le pays
Publié le 12/02/2019
Des milliers de Bangladais ont célébré cinq cents ans de christianisme dans le pays, du 7 au 8 février, en rendant hommage aux premiers martyrs et missionnaires du Bangladesh, et en se rendant en pèlerinage au sanctuaire Notre-Dame de Lourdes de Diang, dans l’archidiocèse de Chittagong. Près de 7 000 fidèles ont pris part aux célébrations dont 11 évêques, 75 prêtres, 18 religieux et 80 religieuses. Le 7 février, ils sont allés vénérer les premiers martyrs chrétiens bangladais, enterrés en 1607 au vieux cimetière de Diang. Les soldats de l’ancien royaume d’Arakan, dans le nord de l’actuel État d’Arakan (Rakhine), auraient massacré 600 chrétiens portugais peu après le début du siècle. En 1602, un prêtre jésuite portugais, le père Francesco Fernandez, est également mort en martyr aux mains des Arakanais, quatre après être devenu le premier missionnaire catholique à mettre les pieds à Chittagong et à Diang. Ces martyrs sont survenus près de 80 ans après l’arrivée des premiers commerçants portugais à Chittagong, en 1517, venus de Goa en Inde, qui ont contribué à poser les premières fondations chrétiennes dans la région. Le Vatican a fait de Chittagong le siège du Vicariat du Bengale oriental en 1845. Chittagong a ensuite été rattaché au diocèse de Dhaka entre 1886 et 1927. Le Saint-Siège a alors créé le diocèse de Chittagong, qui a ensuite été élevé au rang d’archidiocèse en 2017.
Sur les collines de Diang
Ce mois-ci en mémoire des premiers martyrs et missionnaires, des centaines de catholiques ont gravi les collines de Diang en allant offrir des fleurs et des cierges sur leurs tombes. Le nonce apostolique, Mgr George Kocherry, et l’archevêque de Chittagong, Mgr Moses M. Costa, ont également inauguré un nouveau « Jardin du rosaire » (« Rosary Garden ») aménagé en forme de grains de chapelet, au sanctuaire marial de Notre-Dame de Lourdes de Diang. Ceux qui étaient présents pour l’inauguration ont également assisté à un documentaire sur l’arrivée des premiers chrétiens à Chittagong et sur l’histoire de l’Église bangladaise depuis cinq cents ans. « Cinq cents ans, c’est un signe de plénitude, c’est une fierté, une joie et une nouvelle inspiration pour nous. Cela nous appelle à être missionnaires et à cheminer vers une nouvelle façon de servir les gens », a déclaré Mgr Costa. L’archevêque a également parlé d’un projet de construction d’un monument dédié aux premiers martyrs et missionnaires. « Le massacre des 600 chrétiens est survenu le 14 novembre, donc nous voudrions marquer ce jour-là comme le jour des Martyrs. »
Dévotion mariale
Dans l’après-midi du 7 février, des milliers de Bangladais ont participé à une procession aux flambeaux en priant le chapelet autour des collines de Diang, alternant temps de prière et chants marials. Les catholiques viennent ici en pèlerinage depuis près de 40 ans, en partie grâce aux efforts et à l’aide du frère Flavian Laplante, missionnaire canadien de la Sainte-Croix. Dans les années 1940, il s’est consacré à l’éducation et à l’aide des plus pauvres à Diang, où il a installé une grotte mariale et un ashram « ermitage » en 1946, afin que les gens puissent venir y prier. Trois décennies plus tard, le lieu est devenu un sanctuaire marial. Frère Flavian est mort en 1981 et a été enterré à proximité. En 2009, il a été déclaré « Serviteur de Dieu », la première étape vers la canonisation.
De Nazareth à Diang
Le 8 février, Mgr Kocherry et Mgr Costa ont présidé la messe au sanctuaire en présence de nombreux fidèles. « Aujourd’hui, nous nous souvenons avec gratitude des martyrs de Diang et de Chittagong, qui ont versé leur sang à cause de leur foi. Notre foi est un héritage de leur témoignage extraordinaire et de leur sang versé », a déclaré Mgr Lawrence Subroto Howlader, évêque de Barishal, durant son homélie. Plus tard, une célébration d’action de grâce a mis en scène de la musique bengalie ainsi que des danses et pièces indigènes. Mgr Kocherry a quant à lui comparé Diang à Nazareth. « Jésus a grandi à Nazareth et c’est là qu’est née la foi chrétienne, avant qu’elle se répande dans le monde entier. De même, le christianisme a pris racine à Diang avant d’être annoncé dans tout le pays », a rappelé le nonce. « Nous avons tous le devoir de propager notre foi autour de nous », a-t-il ajouté. Le même jour, une rencontre interreligieuse a eu lieu à la cathédrale Notre-Dame du Saint Rosaire de Chittagong, en présence de musulmans, d’hindous, de bouddhistes et de chrétiens. Moalana Amzad Hossain, un imam chiite, a souligné qu’il était important que les différentes religions se concentrent sur ce qui les rassemble et non sur leurs différences. « Les musulmans appellent le Créateur ‘Allah’ et les chrétiens l’appellent Dieu, mais c’est la même personne », a-t-il insisté. « Il faut comprendre cela pour pouvoir vivre le dialogue interreligieux, alors que nous cherchons le chemin vers l’harmonie et vers la paix. »
(Avec Ucanews, Chittagong)
CRÉDITS
Piyas Biswas / Ucanews