Eglises d'Asie

Dacca : les catholiques bangladais célèbrent le centenaire d’un site majeur pour l’histoire de l’Église locale

Publié le 20/11/2023




Le 17 novembre dans la cathédrale Sainte-Marie de Dacca, près de 3 000 personnes ont célébré le centenaire de l’archevêché de Dacca, dans la capitale. Pour Mgr Bejoy D’Cruze, archevêque de Dacca, ce n’est « pas seulement un bâtiment mais un berceau de la foi et un héritage national ». Il explique avoir voulu montrer que « le christianisme est orienté vers le service », alors que beaucoup d’écoles et d’organisations ont été initiées ici. « Nous espérons que cette occasion soutienne l’unité, la communion et la fraternité dans l’Église. »

Des jeunes danseuses catholiques durant le centenaire de la fondation de l’archevêque de Dacca, le 17 novembre dans la cathédrale Sainte-Marie.

Plusieurs milliers de chrétiens bangladais ont célébré le centenaire de la fondation de l’archevêché de Dacca, site déclaré comme patrimoine national que les responsables catholiques du pays ont salué pour son rôle significatif dans la croissance et le développement de l’Église locale.

Les célébrations ont duré toute la journée du 17 novembre dans la cathédrale Sainte-Marie de Dacca, sur le thème « foi, héritage et service », en présence de près de 3 000 personnes, dont une majorité de catholiques venus de plusieurs régions du pays, selon les organisateurs. Le programme comprenait une messe, un documentaire sur l’histoire et le patrimoine de l’archevêché, des partages et commémorations, un spectacle culturel ainsi que le lancement d’un magazine en souvenir de l’événement.

Parmi les personnalités présentes se trouvaient le cardinal Patrick D’Rozario, archevêque émérite de Dacca, Mgr Bejoy D’Cruze, archevêque actuel de Dacca, Mgr Marinko Antolovic, chargé d’affaires de la nonciature apostolique au Bangladesh, ainsi que les parlementaires catholiques Jewel Areng et Gloria Jhrana Sarker, entre autres.

Mgr Ganguly, Serviteur de Dieu et premier évêque bengali de Dacca

Selon Mgr D’Cruze, l’histoire et la croissance de la communauté catholique au Bangladesh sont étroitement liées à l’archevêché. « Depuis sa fondation en 1923, il a été au cœur de l’éducation catholique et des autres services de l’Église dans le pays. Nous remercions le Seigneur pour ses bénédictions et nous espérons que cette occasion soutienne l’unité, la communion et la fraternité dans l’Église », a-t-il confié.

Il a également salué ses deux prédécesseurs défunts – Mgr Lawrence Leo Graner (1947-1967), Américain, et Mgr Theotonius Amal Ganguly (1967-1977), premier archevêque bengali de Dacca. Mgr Graner a fondé trois instituts catholiques majeurs dans le pays. Mgr Ganguly, déclaré Serviteur de Dieu et dont le procès de béatification a été ouvert en 2006, est salué pour avoir contribué à reconstruire et réhabilité l’Église locale après la guerre civile et l’indépendance du Bangladesh en 1971.

Selon Mgr D’Cruze, Mgr Ganguly a également contribué au développement de la Caritas bangladaise, qui est devenue une organisation caritative nationale au service des pauvres et des affligés. « Il voulait que Caritas puisse servir les plus pauvres quelles que soient leur caste et leur religion », ajoute l’archevêque, en précisant qu’avec cette journée de célébrations, l’Église locale a voulu prouver que « le christianisme est orienté vers le service », alors que beaucoup d’écoles et d’organisations de premier plan ont été initiées depuis l’archevêché. « Ce n’est pas seulement un bâtiment mais un berceau de la foi et un héritage national. »

Environ 400 000 catholiques pour 169 millions d’habitants au Bangladesh

Alphonse Ponkaj Gomes, un travailleur social et chanteur catholique de 58 ans, de la cathédrale Sainte-Marie de Dacca, estime que cet anniversaire rappelle aussi les défis notables à venir pour l’Église locale. Il précise que les vocations sacerdotales et religieuses déclinent dans le pays et que les jeunes générations sont moins pratiquantes. « Je ne dirais pas que les jeunes sont perdus, mais leurs façons de penser et leurs modes de vie ont changé. Beaucoup de gens ont du mal à accepter ces nouvelles réalités et à s’y adapter », confie-t-il.

Selon lui, le clergé doit effectuer des recherches et discerner en vue de mieux agir en fonction de ces changements – ce que les jeunes cherchent aujourd’hui et les types de formations dont ils ont besoin. « Parfois, je sens que ce que j’entends dire le prêtre n’est pas ce dont j’ai besoin. » « Il semble que les gens deviennent trop occupés et qu’ils n’ont pas de temps pour Dieu et pour la prière. »

Le catholicisme au Bangladesh remonte au XVIe siècle avec l’arrivée du premier navire marchand portugais au port de Chattogram en 1517. Le second groupe de commerçants portugais est arrivé en 1518 dans la région de Chattogram, initiant les premières communautés catholiques, selon les archives de l’Église locale. Les jésuites Francesco Fernandez et Domingo D’Souza sont devenus les premiers missionnaires catholiques à poser le pied au Bengale en 1598. Le père Fernandez a fondé les premières églises et est devenu le premier martyr du Bengale en 1602.

En 1850, le Vatican a créé le vicariat du Bengale oriental en le confiant à la nouvelle congrégation de la Sainte-Croix, dont les premiers missionnaires sont arrivés en 1853. Aujourd’hui, la congrégation est toujours le plus grand ordre religieux catholique dans le pays. Dacca a été érigé au rang de diocèse le 1er septembre 1886, et son territoire comprenait les diocèses actuels de Chattogram, Silchar (dans l’État d’Assam en Inde) et Prome (Birmanie). Chattogram est devenu un nouveau diocèse en 1927.

En 1950, alors que le Bengale oriental faisait partie du Pakistan, Dacca a été élevé au rang d’archidiocèse métropolitain. L’archevêché a été construit en 1923 par Mgr Joseph Armand Legrand (1916-2029), missionnaire américain de la Sainte-Croix et quatrième évêque de Dacca. On compte environ 400 000 catholiques pour deux archidiocèses et six diocèses au Bangladesh.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Piyas Biswas / Ucanews