Eglises d'Asie

Les catholiques indiens du Mizoram soutiennent les réfugiés chrétiens fuyant les violences dans l’État Chin

Publié le 28/09/2021




Alors que le conflit entre la junte et l’opposition s’accentue en Birmanie, de plus en plus de réfugiés fuient l’État Chin pour rejoindre le Mizoram, dans le nord-est de l’Inde. Les deux États sont majoritairement chrétiens, et l’Église catholique indienne s’est associée à plusieurs organisations chrétiennes et ONG afin de venir en aide aux populations déplacées. Mgr Stephen Rotluanga, évêque d’Aizawl, capitale de l’État du Mizoram, explique que l’on compte actuellement « environ 15 000 réfugiés birmans vivant au Mizoram ». « Nous nous attendons à d’autres réfugiés dans la région », ajoute-t-il.

Aizawl, capitale de l’État du Mizoram en Inde, où l’Église catholique soutient les réfugiés chrétiens ayant fui les violences en Birmanie.

Dans l’État du Mizoram, dans le nord-est de l’Inde, l’Église catholique s’est associée à plusieurs organisations chrétiennes et associations de jeunes afin de venir en aide aux réfugiés chrétiens fuyant les violences en Birmanie. Selon les médias locaux, au cours des six derniers mois, plusieurs milliers des chrétiens ont trouvé refuge dans la région. Ils fuient les violences causées par la présence militaire redoublée de la junte birmane dans l’État Chin, frontalier du Mizoram. « Actuellement, on compte environ 15 000 réfugiés birmans vivant au Mizoram, majoritairement à Champhai, une situation stratégique importante près de la frontière », explique Mgr Stephen Rotluanga, évêque d’Aizawl, capitale du Mizoram. « L’Église est engagée dans diverses œuvres humanitaires aux côtés d’autres organisations comme Caritas Inde, Catholic Relief Services, l’Association Young Mizo, ainsi que d’autres ONG. Nos priorités sont de les aider à se loger et de leur fournir des médicaments et de la nourriture, et nous avons mené notre programme avec succès avec l’aide de nos partenaires », ajoute l’évêque.

« Cela ne nous pose aucun problème de venir en aide aux réfugiés, surtout que des gens de Birmanie vont et viennent au Mizoram depuis des décennies. Beaucoup d’entre eux ont des proches des deux côtés de la frontière, c’est pourquoi les habitants peuvent comprendre leurs souffrances et les accueillent les bras ouverts », poursuit Mgr Rotluanga. « Beaucoup de réfugiés sont logés avec leurs proches dans des camps dirigés par l’Église et par les ONG. L’Association Young Mizo est très active et aide toutes les organisations à se procurer tout le matériel nécessaire. » L’évêque d’Aizawl confie également que le gouvernement a encouragé ce travail humanitaire.

« Nous nous attendons à d’autres réfugiés dans la région »

Le ministre en chef du Mizoram a même demandé au Premier ministre de soutenir les opérations avec des fonds d’urgence. « Il y a plusieurs problématiques qui doivent être traitées avec amour et avec prudence, car les réfugiés sont choqués et traumatisés après avoir quitté leur pays. Beaucoup ont perdu des proches et des voisins. Dans notre camp, la plupart sont chrétiens, mais il y a aussi quelques musulmans », a précisé Mgr Rotluanga. Des réfugiés birmans franchissent régulièrement la frontière selon la situation dans leur pays, mais les frappes aériennes survenues récemment dans l’État Chin ont accéléré les choses. Des rapports ont signalé des violences intensifiées après la capture d’un camp militaire et de 12 soldats birmans par des groupes ethniques armés (l’Armée nationale Chin et le groupe Chinland Defence Force).

« Nous nous attendons à d’autres réfugiés dans la région après l’aggravation des conflits », a déclaré C. Lalrosanga, membre de la chambre basse du parlement, qui explique que les Chins de Birmanie sont liés aux Mizos du Mizoram, et que des milices Mizos ont apporté leur soutien au mouvement prodémocratie en Birmanie, et particulièrement au Gouvernement d’unité nationale en exil. Les autorités du Mizoram ont déclaré que des réfugiés birmans avaient traversé le fleuve Tiau à la nage ou avec des petites embarcations. Toutefois, selon C. Lalrosanga, en l’absence de politique officielle concernant les réfugiés birmans, des villageois se sont occupés eux-mêmes des réfugiés.

Un des trois États indiens majoritairement chrétiens

Il ajoute qu’avec des hauts fonctionnaires du Mizoram, ils ont rencontré Ajay Kumar Bhalla, Secrétaire d’État à l’Intérieur, afin de l’informer de l’urgence de la situation et de lui demander son soutien. Mais selon un conseiller du ministère des Affaires intérieures, les États et unions territoriales en Inde n’ont pas le pouvoir d’accorder le statut de réfugié à des étrangers, d’autant plus que l’Inde n’est pas signataire de la Convention des Nations unies de 1951 relative au statut des réfugiés et de son Protocole de 1967. Le Mizoram, situé entre le Bangladesh et la Birmanie, est l’un des trois États indiens majoritairement chrétiens. Les chrétiens y représentent presque 90 % de la population sur 1,1 million d’habitants. Dans les États du Meghalaya et du Nagaland, également dans le nord-est de l’Inde, la proportion est similaire.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bogman (CC BY-SA 3.0)