Eglises d'Asie

Les catholiques sri-lankais célèbrent la fête de saint Antoine à distance à cause des restrictions sanitaires

Publié le 15/06/2021




Au Sri Lanka, où les catholiques vénèrent particulièrement saint Antoine de Padoue, l’Église locale a dû marquer la fête à distance. Ainsi, le sanctuaire de Kochchikade a célébré la messe en direct en présence du cardinal Ranjith – l’église de Kochchikade a été touchée par les attentats du dimanche de Pâques 2019. Outre la pandémie et les victimes des attentats, Marie Susila, de la paroisse Saint-Antoine de Weliweriya, appelle également à prier pour les pêcheurs touchés par la catastrophe du porte-conteneurs naufragé fin mai, et pour les victimes des inondations qui ont frappé le pays début juin.

Une statue grandeur nature de saint Antoine de Padoue, devant l’église Saint-Antoine de Weliweriya, près de Colombo.

Ce dimanche 13 juin, les catholiques sri-lankais ont célébré la fête de saint de saint Antoine de Padoue, l’un des saints les plus vénérés dans le pays, sans participation du public en raison des restrictions sanitaires encore imposées au Sri Lanka. Beaucoup d’églises ont organisé des vêpres et des messes pour la Saint-Antoine à distance, et retransmises en direct sur les réseaux sociaux pour permettre aux catholiques de suivre les célébrations depuis chez eux. L’église Saint-Antoine de Kochchikade (près de Colombo), a ainsi célébré la fête en présence du cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, et des trois évêques auxiliaires de l’archidiocèse. L’église de Kochchikade fait partie des trois églises visées par les attentats du 21 avril 2019, survenus à l’occasion du dimanche de Pâques. Au moins 93 personnes ont été tuées dans l’église Saint-Antoine à cause de l’attentat suicide. Le cardinal Ranjith et les évêques présents ont prié particulièrement pour tous ceux qui ont été tués ce jour-là. « Saint Antoine intercède devant Dieu pour accorder justice aux victimes du dimanche de Pâques. Des personnalités politiques et d’autres responsables ont été prévenus des attaques, mais ils n’ont pas agi pour les empêcher, à cause de leurs propres intérêts politiques. Le sang de nos fidèles, versé sur ces lieux sacrés, crie justice vers le ciel », a souligné l’archevêque de Colombo.

Les attentats de 2019, perpétrés par un groupe de terroristes affiliés au groupe islamiste local National Thowheed Jamath, ont visé trois églises et trois hôtels de luxe, tuant au moins 279 personnes et faisant au moins 500 blessés. Un prêtre, qui préfère rester anonyme, affirme que l’ancien président Maithripala Sirisena, l’ancien Premier ministre Ranil Wickramasinghe et plusieurs hauts fonctionnaires du gouvernement ont ignoré des avertissements des services de renseignement étrangers à propos des attaques. « Ils doivent tous être poursuivis. Beaucoup, au sein du gouvernement actuel, ont exploité les attaques afin de prendre le pouvoir, mais rien n’a été fait à ce jour », souligne-t-il. « Tout ce que ces deux gouvernements ont fait, c’est tromper les proches des victimes et la population du pays dans son ensemble. »

Covid-19, inondations et catastrophe écologique

De son côté, le père Roshan Fernando, curé de la paroisse Saint-Antoine de Weliweriya (à proximité de la capitale), a célébré la messe en ligne via les réseaux sociaux. « Il y a encore de nombreuses personnes qui n’ont pas retenu les leçons du Covid-19. Nous vivons dans un monde où il y a des gens qui utilisent la pandémie à leur avantage et qui en profitent en s’engageant en politique et dans les affaires », a-t-il dénoncé durant son homélie, le 13 juin. « Malgré la pandémie, un petit groupe est devenu plus puissant et plus riche, mais la majorité de la population est devenue plus pauvre », a-t-il ajouté. Le Sri Lanka a enregistré, à ce jour, 223 638 cas de coronavirus dont 2 136 décès. « Saint Antoine a distribué toutes ses richesses aux pauvres. J’invite tous mes paroissiens à partager ce que vous avez avec les bouddhistes, les chrétiens et les non chrétiens démunis de notre village, alors que nous sommes toujours frappés par les conséquences du Covid », a demandé le père Fernando. Marie Susila, une paroissienne de Weliweriya, explique que les villageois sont coincés chez eux depuis plus de trois semaines, mais qu’ils continuent de prier saint Antoine pour le salut du pays et du monde entier. « Beaucoup de personnes sont décédées à cause du Covid, et plusieurs centaines d’autres ont été affectées par les inondations, sans compter tous les pêcheurs qui ont perdu leur travail à cause du naufrage du porte-conteneurs [fin mai au large du Sri Lanka] », ajoute-t-elle.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews