Eglises d'Asie – Thaïlande
Les catholiques thaïlandais prêts pour l’arrivée du pape François à Bangkok
Publié le 15/11/2019

Les tribus montagnardes du nord
La visite du pape François dans le pays pourrait permettre d’approfondir et de soutenir la foi en Thaïlande. Malgré plusieurs siècles de présence chrétienne dans le pays d’Asie du Sud-Est, les chrétiens représentent à peine plus d’un pourcent de la population. Les catholiques sont moins de quatre cent mille, soit près de 0,58 % de la population, sur 69 millions d’habitants, et dépendent de onze diocèses. Les efforts du Saint-Siège pour développer une mission organisée en Thaïlande ont débuté en 1659, et les Missions Etrangères de Paris ont été fondées en 1663 afin de soutenir l’œuvre d’évangélisation. Bien que les catholiques soient libres depuis longtemps de prier et d’évangéliser en Thaïlande, le christianisme s’est peu développé en dehors des tribus montagnardes des régions du nord, où les missionnaires ont converti les tribus animistes au christianisme voici plusieurs décennies. « La plus grande partie de la croissance de l’Église locale a été dans le nord de la Thaïlande, parmi les tribus Karen, Lisu, Lahu et Akha », explique le professeur Kelly M. Hilderbrand, un expert en éducation interculturelle, accueilli par l’institut BBS (Bangkok Bible Seminary). « Dans les régions métropolitaines comme Bangkok, les habitants d’origine chinoise sont ceux qui sont les plus ouverts au christianisme », ajoute Kelly Hildebrand, qui ajoute que le christianisme est toléré par les bouddhistes thaïlandais, mais qu’il est surtout considéré comme une confession étrangère, et donc bien distinct de la « véritable » culture thaïe. « La culture thaïlandaise est difficilement séparable du bouddhisme. Pour les hommes, c’est encore plus difficile. Dans leur jeunesse, il est d’usage de montrer leur respect envers leur famille en devenant moine, même pour une brève période », explique-t-il. « Cette pratique honore la mère et lui permet une meilleure réincarnation. Quand quelqu’un devient chrétien, il s’éloigne de ces rituels, et cette décision impacte toute la famille et toute la communauté. »
À l’approche de la visite du pape François, qui suivra les traces de saint Jean-Paul II qui a visité le pays en 1984, les Thaïlandais se préparent activement pour l’accueillir dignement. Le Saint-Père doit rencontrer le patriarche suprême bouddhiste Wat Ratchabophit ainsi que le roi Vajiralongkorn – presque considéré comme un demi-dieu dans un pays où la monarchie occupe un rôle central. « Le bouddhisme nous apprend à respecter toutes les religions », confie Phra Sompas Thammananto, un moine bouddhiste qui vit dans un monastère de la capitale. « Bien plus que votre foi, c’est surtout vos bonnes œuvres qui comptent », ajoute-t-il. En fin de compte, le pape François ne visitera pas la Thaïlande pour inciter les bouddhistes du pays à embrasser le christianisme, mais plutôt pour soutenir la foi de la communauté catholique locale. En mai dernier, il a envoyé un message à l’Église locale en l’honneur du 350e anniversaire du vicariat apostolique du Siam : « Je prie pour que vous grandissiez en sainteté et que vous continuiez à répandre le règne du Christ, en soutenant la solidarité, la fraternité et l’aspiration envers le bien, la vérité et la justice dans votre beau pays. »
(Avec Ucanews, Bangkok)
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