Eglises d'Asie – Bangladesh
Les chrétiens bangladais manifestent à Dacca contre la loi pakistanaise controversée sur le blasphème
Publié le 29/09/2020
Le 23 septembre, plusieurs centaines de chrétiens bangladais ont manifesté dans les rues de Dacca, la capitale bangladaise, pour la fin de l’oppression pesant sur les chrétiens pakistanais et les autres minorités religieuses au Pakistan, et pour l’abrogation de la loi pakistanaise controversée sur le blasphème. Par l’intermédiaire du Haut-Commissariat du Pakistan au Bangladesh, les manifestants ont également adressé un mémorandum au Premier ministre pakistanais Imran Khan, ainsi qu’au président pakistanais Arif Alvi, et à Asad Qaiser, porte-parole du Parlement pakistanais. Le rassemblement, qui était organisé par la BCA (Bangladesh Christian Association), le plus grand forum chrétien interconfessionnel du pays, s’est tenu dans le quartier diplomatique de Gulshan, à Dacca. L’événement a également rassemblé quelques représentants d’autres minorités du pays, dont la Fédération bouddhiste du Bangladesh. « Aucune confession religieuse ne soutient la violence et le meurtre au nom de la religion. Mais au Pakistan, les chrétiens et les autres minorités ont subi des abus inhumains et différentes formes d’oppression, notamment dans le cadre d’une loi impitoyable sur le blasphème. Nous demandons la fin de l’oppression et la sécurité garantie pour toutes les minorités au Pakistan, ainsi que l’abrogation immédiate de la loi sur le blasphème », a déclaré Nirmol Rozario, catholique et président de la BCA.
Appel à lever les accusations et abroger la loi
Le blasphème est une question particulièrement sensible au Pakistan depuis plusieurs décennies, et un crime passible de peine de mort ou d’un emprisonnement à vie. Cette loi controversée, héritée de l’époque coloniale britannique puis amendée sous la dictature militaire du général Zia-ul-Haq, est devenue un moyen d’oppression des minorités entre les mains de la majorité musulmane conservatrice, ou encore une façon de régler des différends personnels. Plusieurs centaines de chrétiens pakistanais et d’autres minorités ont fui le pays à la suite d’accusations montées de toutes pièces dans le cadre de la loi sur le blasphème. Il y a également eu plusieurs séries d’affaires d’exécutions extrajudiciaires et de lynchages, sur de simples accusations de blasphème. Nirmol Rozario souligne que les chrétiens et les autres membres des communautés minoritaires au Pakistan ont été indignés par la condamnation à mort récente d’Asif Pervaiz, un chrétien pakistanais, prononcée le 8 septembre par un tribunal de Lahore. La décision du tribunal s’est basée sur de fausses accusations, déposées par le supérieur d’Asif, un musulman, en 2013.
Nirmol Rozario évoque aussi l’arrestation de David Masih, un autre chrétien de la province de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du Pakistan, accusé d’avoir déchiré le Coran le 30 août dernier. « Nous appelons les autorités pakistanaises à lever toutes les fausses accusations de blasphème contre les chrétiens et les membres des communautés minoritaires, et nous leur demandons de libérer les accusés avec dignité », ont demandé les manifestants bangladais dans leur mémorandum adressé aux dirigeants pakistanais. Nimchandra Bhowmick, un responsable hindou et ancien diplomate bangladais, ajoute que la loi pakistanaise sur le blasphème est inacceptable et qu’elle doit être abrogée. « C’est un moyen d’oppression et d’abus contre les minorités pakistanaises. Cela va à l’encontre des valeurs et de la dignité humaine », a-t-il dénoncé.
(Avec Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Robin Noel / Ucanews