Eglises d'Asie – Birmanie
Les chrétiens birmans craignent que l’extension de la loi martiale entraîne davantage d’attaques
Publié le 11/02/2023
Alors que la loi martiale a été imposée récemment par la junte militaire birmane dans 37 nouvelles municipalités à travers le pays, le 2 février dans les régions de Sagaing, de Magway et de Tanithargyi et dans les États Chin, Kayah, Karen et Mon, des groupes chrétiens et des organisations de défense des droits de l’homme craignent que cette décision ne provoque davantage d’attaques dans les régions majoritairement chrétiennes.
La veille, le 1er février, les autorités avaient également prolongé de six mois l’état d’urgence imposé lors du coup d’État deux ans auparavant. Dans les localités concernées par la loi martiale, un couvre-feu a aussi été imposé de 18 heures à 6 heures du matin et tout rassemblement de plus de cinq personnes a été interdit.
Un prêtre de la région de Sagaing, près de Mandalay, qui souhaite rester anonyme pour sa sécurité, a déclaré le 8 février que l’expansion de la loi martiale pourrait ouvrir la voie à plus d’attaques contre les villages majoritairement chrétiens, sous prétexte de maintenir l’ordre. « Sur le chemin du retour depuis un village, il y avait des combats dans la zone et nous avons dû les éviter », a-t-il raconté.
« Dans l’État Kayah, il est courant d’entendre des coups de feu tous les jours »
« Avec le blocage d’Internet et des télécommunications, la situation des droits de l’homme pourrait encore s’aggraver fortement là où la loi martiale est imposée », a également souligné l’Organisation Chin pour les droits de l’homme (Chin Human Rights Organization), le 2 février sur son compte Twitter.
Sept municipalités de l’État Chin, dans l’ouest de la Birmanie, et quatre autres de l’État Kayah, dans l’est, se situent dans des régions majoritairement chrétiennes. C’est là aussi que se trouvent les groupes rebelles armés, qui comptent des membres des ethnies locales et des chrétiens, et qui sont engagés dans des combats violents contre l’armée depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021.
« Dans l’État Kayah, il est courant d’entendre des coups de feu tous les jours. On a entendu des bruits d’artillerie lourde toute la matinée du 9 février », confie un habitant chrétien, également anonyme par crainte de représailles. Ce résident ajoute que de plus en plus d’habitants fuient et que les routes de l’État Shan voisin, dans le sud, ont été fermées après les combats du 8 février.
Les villages catholiques de Chan Thar, Chaung Yoe et Mon Hla sous la loi martiale
Les trois villages catholiques historiques de Chan Thar, Chaung Yoe et Mon Hla, dans la région troublée de Sagaing, sont également sous la loi martiale et subissent, eux aussi, les attaques de l’armée. Le 15 janvier, les militaires ont notamment incendié l’église Notre-Dame de l’Assomption, construite il y a 129 ans au village de Chan Thar, dans l’archidiocèse de Mandalay, ainsi que plusieurs centaines d’habitations.
La junte a aussi lancé des frappes aériennes récemment dans ces régions, en forçant plusieurs milliers d’habitants, y compris, des femmes, des enfants et des personnes âgées, de trouver refuge dans la jungle et dans les églises.
Les conflits actuels, provoqués par le renversement du gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi il y a deux ans, ont ainsi entraîné la destruction de nombreux lieux de culte et d’habitations dans les États Kayah, Chin, Karen et Kachin, sans compter de nombreuses victimes civiles. Les chrétiens représentent près de 6 % de la population birmane, sur environ 54 millions d’habitants majoritairement bouddhistes.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews