Eglises d'Asie

Les chrétiens pakistanais demandent protection après l’autodafé d’un coran en Suède

Publié le 06/07/2023




Le 3 juillet, le père Asi, directeur de la Commission pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme du diocèse de Faisalabad, a rencontré les autorités policières du quartier de Madina, qui compte 4 000 chrétiens, afin de demander une protection policière après les menaces d’un groupe islamiste. Ce dernier a réagi après l’autodafé d’un coran en Suède. De nombreux Pakistanais considèrent les pays européens comme chrétiens, et les groupes extrémistes voient les chrétiens pakistanais comme leurs « agents ».

Des manifestants rassemblés au Lahore Press Club en 2021 contre les conversions forcées (dont sont victimes les minorités religieuses au Pakistan).

Les évêques pakistanais ont appelé les autorités du pays à protéger les lieux de culte face à des menaces lancées le 1er juillet dernier par un groupe extrémiste islamique sunnite (Lashkar-e-Jhangvi), après l’autodafé d’un coran en Suède, survenu le 28 juin dernier à l’occasion de la fête musulmane de l’Eid al-Adha. Le coran a été brûlé par un Irakien de 37 ans, Salwan Momika, à l’occasion d’un rassemblement autorisé par la police suédoise devant la plus grande mosquée de Stockholm, la capitale.

Naeem Yousaf Gill, directeur général de la Commission nationale pour la Justice et la Paix, a confié avoir demandé aux autorités d’être particulièrement vigilantes. Il a assuré que l’Église locale « condamne la profanation du Coran » qui a eu lieu en Suède. « En tant que minorité religieuse, nous vivons de manière pacifique et fraternelle et nous avons toujours soutenu la majorité. Nous ne pourrions même pas imaginer violer des lois sensibles », a-t-il ajouté.

Le groupe Lashkar-e-Jhangvi a déclaré que « la chrétienté a bafoué l’honneur des musulmans en profanant le Coran en Suède ». « Si un chrétien profane le Coran dans un autre pays, le Jhangvi, qui suit la voie du martyre, fera du Pakistan un enfer pour la chrétienté », a menacé le groupe militant.

« Nous devons défendre une culture de paix et d’harmonie »

« Aucune église ni aucun chrétien ne seront plus en sécurité au Pakistan. Inshallah [si Dieu le veut], les jeunes sunnites risqueront leur vie et se vengeront de la profanation du Coran en menant des attaques suicides contre les chrétiens au Pakistan », ont poursuivi les extrémistes. « Il est regrettable que les organisations jihadistes se soient limitées à condamner au lieu de tuer les chrétiens profanant le Coran. Aujourd’hui, le LeJ demande aux responsables de toutes les organisations de lancer leurs attaques suicides contre la chrétienté. »

Face à ces menaces, le 3 juillet, le père Khalid Rashid Asi, directeur diocésain de la Commission pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme du diocèse de Faisalabad, a rencontré les autorités policières du quartier de Madina, qui compte presque 4 000 chrétiens. Il a également demandé à tous les prêtres du diocèse de contacter les commissariats de leurs quartiers respectifs pour assurer la sécurité des paroisses, couvents, écoles et autres.

« C’est très important. Il faut prendre conscience de la gravité de la situation. Fermer vos églises et vérifiez votre sécurité et vos caméras », a-t-il insisté. « Les autodafés de corans doivent cesser. En tant qu’êtres humains, nous devons respecter les livres saints et nous efforcer de défendre une culture de paix et d’harmonie », a-t-il ajouté.

Le prêtre a évoqué une vague de violences antichrétiennes survenue en 2009 dans la province du Pendjab, qui a causé la mort de 10 catholiques quand plusieurs centaines de militants du groupe islamiste Lej ont attaqué des maisons chrétiennes, après des accusations affirmant qu’un coran avait été profané. Les chrétiens pakistanais ont été la cible de plusieurs attaques terroristes ces dernières années. Une majorité d’habitants du pays considèrent les États-Unis et les pays européens comme chrétiens, et les groupes islamistes voient les chrétiens pakistanais comme leurs « agents ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Samson Salamat / Ucanews