Eglises d'Asie

Les combats se poursuivent en Birmanie, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral de cinq mois par la junte

Publié le 02/10/2021




Lundi dernier, la junte birmane aurait annoncé un cessez-le-feu unilatéral de cinq mois avec les organisations ethniques armées, en évoquant un « geste de bonne volonté ». Selon les observateurs, l’initiative de la junte aurait pour but de calmer les pressions internationales. « Il n’y a pas de raison de penser que la Tatmadaw ait changé soudainement d’attitude envers les minorités ethniques en Birmanie », estime Jay Church, de l’organisation International Christian Concern. Malgré les annonces du 27 septembre, les violences se poursuivent entre l’armée et les milices locales, notamment dans les États Kayah et Chin.

Un camp d’entraînement de l’armée Karen. De nombreux groupes ethniques armés s’opposent à l’armée birmane depuis plusieurs décennies.

Les combats continuent dans plusieurs régions birmanes majoritairement chrétiennes, opposant l’armée et des groupes de résistance. Le 27 septembre, la junte aurait pourtant annoncé un cessez-le-feu unilatéral de cinq mois avec les organisations ethniques armées. Selon Radio Free Asia (RFA), le Bureau du commandant en chef des forces armées birmanes aurait publié un communiqué ce lundi soir, afin d’annoncer que la Tatmadaw (le nom officiel de l’armée birmane) renoncerait à la lutte armée dès le 1er octobre, jusqu’en février 2022. Ces derniers jours, les combats se sont pourtant intensifiés dans le canton de Demoso, dans l’État Kayah, où plusieurs milliers de personnes ont déjà été déplacées. Plusieurs civils ont été tués, et des maisons incendiées, selon les médias locaux. Les échanges de tirs se sont aussi poursuivis dans l’État Chin, dans l’ouest du pays.

« Il n’y a pas de raison de penser que la Tatmadaw ait changé soudainement d’attitude »

Dans la région voisine de Magway, les militaires auraient également attaqué le canton de Gangaw, et mis le feu à au moins huit habitations. Les chrétiens vivant dans les États Kachin, Kayah, Karen et Chin ont déjà subi l’oppression de la junte durant plus de cinq décennies. La junte au pouvoir, qui continue de rencontrer une forte résistance de la part de la population civile et des groupes ethniques armés, a expliqué son annonce d’un cessez-le-feu comme un « geste de bonne volonté ». L’annonce n’a pourtant pas appelé à une trêve avec les organisations et milices actives à travers le pays. Selon les observateurs, l’initiative de la junte aurait pour but de calmer les pressions internationales. « Il n’y a pas de raison de penser que la Tatmadaw ait changé soudainement d’attitude envers les minorités ethniques en Birmanie », confie Jay Church, de l’organisation International Christian Concern. Il reconnaît cependant que cela peut signifier que l’armée commence à renoncer à son désir de se débarrasser des minorités.

Après l’appel à la résistance du Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil, les militaires birmans ont intensifié les déploiements de troupes dans les régions de Sagaingg et de Magwe, en plus des États Chin et Kayah. Selon un représentant des Nations unies en Birmanie, le pays d’Asie du Sud-Est, depuis le coup d’État du 1er février traverse une « crise grave » et connaît le pire niveau de pauvreté depuis au moins vingt ans. Andrew Kirkwood, membre du Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et résident en Birmanie, a confié récemment aux journalistes, dans une réunion virtuelle, que le nombre de personnes qui ont besoin d’aide d’urgence a été triplé depuis le coup d’État. Il a ajouté que près de 20 millions de personnes, soit un tiers de la population, vivent dans la pauvreté. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a également demandé une réponse urgente de la communauté internationale face à la crise politique birmane.

(Avec Ucanews)


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EDA