Eglises d'Asie

Les commémorations de Tiananmen à nouveau interdites par les autorités hongkongaises le 4 juin

Publié le 03/06/2023




Cette année, les autorités hongkongaises ont menacé de sanctions sévères contre ceux qui utiliseraient la journée du 4 juin pour commettre « des actes menaçant la sécurité nationale ». Ainsi, les commémorations du massacre de la place Tiananmen, organisées tous les ans au Victoria Park jusqu’en 2019, ne pourront avoir lieu. Par ailleurs, afin de masquer l’absence de l’événement, les associations pro-Pékin ont obtenu l’autorisation d’organiser une foire entre le 3 et le 5 juin au Victoria Park, ce qu’elles décrivent comme une pure « coïncidence ».

La veillée annuelle de commémoration des victimes de Tiananmen a été un événement annuel important à Hong-Kong jusqu’en 2019.

Tous les ans de 1990 à 2019, le 4 juin a été une date importante à Hong-Kong. La ville était le seul lieu où le massacre de la place Tiananmen, qui a eu lieu à Pékin le 4 juin 1989, était commémoré. Durant cet événement annuel, avec une participation massive, plusieurs centaines de milliers d’habitants de tous âges et conditions sociales se rassemblaient au Victoria Park pour une veillée aux chandelles, durant laquelle étaient partagés des témoignages des familles des victimes.

En 1997, lors de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, les veillées annuelles se sont poursuivies alors qu’était maintenu le principe « un pays, deux systèmes », garantissant davantage d’autonomie à Hong-Kong par rapport à la Chine continentale. La population locale a donc continué d’y participer, les jeunes en particulier, et beaucoup y voyaient un signe positif pour Hong-Kong et pour la Chine.

Quand Szeto Wah, fondateur et leader des rassemblements durant de nombreuses années, est décédé en 2011, il a été remplacé par Lee Cheuk-yan, ancien parlementaire et vétéran de l’Alliance de Hong-Kong. Ce dernier est aujourd’hui en prison pour « rassemblement illégal », dans l’attente d’un procès durant lequel il risque d’être inculpé plus lourdement.

Depuis 2020, la veillée au Victoria Park est considérée comme illégale : une décision d’abord justifiée par la pandémie de Covid-19, puis dans le cadre de la nouvelle loi sur la sécurité nationale – introduite à Hong-Kong le 1er juillet 2020. Cette loi a été imposée par Pékin afin de réprimer le mouvement prodémocratie après les manifestations massives de 2019. Cette année, afin de masquer l’absence de l’événement annuel, les associations pro-Pékin ont obtenu l’autorisation d’organiser une foire entre le 3 et le 5 juin au Victoria Park, ce qu’elles décrivent comme une pure « coïncidence ».

« La commémoration sera seulement intérieure »

L’Église catholique locale, via la Commission Justice et Paix, organisait chaque année un temps de prière œcuménique au Victoria Park une heure avant le rassemblement. Des messes étaient également célébrées en mémoire des victimes, en présence de nombreux fidèles. Même en 2021, malgré les changements dramatiques entraînés par la loi sur la sécurité nationale, des messes ont été célébrées dans sept églises hongkongaises.

Cette année, le 24 mai à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour l’Église en Chine – instituée par Benoît XVI –, Mgr Stephen Chow, évêque de Hong-Kong, a davantage insisté sur l’importance de la prière que la communauté catholique en Chine adresse à la Vierge Marie Auxiliatrice (fêtée le 24 mai) pour obtenir la force de faire face à l’avenir.

Ainsi, à l’appel du père Thomas Law, responsable de la vie liturgique, le diocèse a invité les fidèles à vivre le 4 juin plus intérieurement, en commémorant ce qu’ils souhaitent commémorer. « J’irai à la messe dans ma paroisse, et cette année, la commémoration sera seulement dans mon cœur. De son côté, la courageuse Commission Justice et Paix a revu ses objectifs à la baisse de façon significative et a même changé son nom, peut-être par mesure de précaution », a commenté un militant hongkongais.

Par ailleurs, les autorités ont menacé de prendre des mesures sévères contre toute personne qui utiliserait le 4 juin pour commettre des « actes menaçant la sécurité nationale ». Chris Tang, Secrétaire à la Sécurité, a notamment mis en garde ceux qui soutiennent l’indépendance de Hong-Kong et ceux qui cherchent à renverser le gouvernement central. Ces dernières années, les militants qui ont tenté des petits rassemblements à la dernière minute à l’occasion du 4 juin ont été arrêtés ou dispersés par la police, et certains ont été condamnés à de lourdes peines.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Simon Lo (CC BY-SA 2.5)