Eglises d'Asie

Les communautés indigènes fêtent les récoltes en l’honneur du Christ-Roi

Publié le 25/11/2021




Tous les ans à l’occasion de la fête du Christ-Roi, les catholiques des communautés indigènes bangladaises comme l’ethnie Garo célèbrent une sorte de festival des récoltes en apportant quelques offrandes à leur paroisse. « Les gens apportent différentes récoltes dont du riz paddy, des bananes et des pommes de terre. Ils ont l’habitude d’offrir à l’église une partie de ce qu’ils gagnent », explique le père Anthony Sen, curé de l’église de Fatima Rani, dans le diocèse de Dinajpur à environ 400 km au nord-ouest de Dacca.

Le 21 novembre à l’occasion de la fête du Christ-Roi, les catholiques indigènes de la paroisse de Fatima Rani partagent quelques plats à base de riz.

La fête du Christ-Roi, célébrée le 21 novembre dernier, marque aussi au Bangladesh un festival des récoltes pour la communauté de Surobhi Minjn, une fermière catholique de 34 ans, du groupe ethnique Oraon. Elle vit dans le diocèse de Rajshahi où sa paroisse, l’église Saint-Antoine, a été envahie de diverses nouvelles récoltes dimanche matin. Surobhi Minjn ne manque jamais la messe du dimanche, et pour le 21 novembre, elle a revêtu des vêtements neufs pour se rendre à l’église avec sa famille.

Ils ont apporté un sac de 15 kg de riz issus des dernières récoltes, afin de l’offrir à la paroisse en l’honneur du Christ-Roi. Surobhi a également cuisiné un gâteau qu’elle a préparé à base des dernières récoltes de riz paddy, pour le partager avec les paroissiens, avec les religieuses et avec le prêtre, qui a béni les offrandes. Les catholiques comme Surobhi partagent ainsi leur production durant la fête, ce qui en fait une sorte de festival des récoltes pour les catholiques indigènes à travers le pays.

Surobhi a planté du riz paddy sur son terrain de 0,251 hectare. « Nous l’avons récolté puis nous l’avons stocké dans la maison. Je dois encore évaluer les rendements de cette année, mais c’est mieux que les années précédentes. J’en ai apporté un peu en offrande parce que nous ne voulions pas consommer ces récoltes chez nous sans la grâce de Dieu et ses bénédictions », raconte-t-elle. Comme elle, de nombreux catholiques de sa paroisse ont apporté leurs récoltes. Certains ont même vendu une partie de leurs récoltes pour offrir de nouveaux vêtements au prêtre. Les paroissiens sont entrés en procession dans l’église où ils ont déposé leurs récoltes, au pied de l’autel.

Des fidèles majoritairement issus des communautés indigènes

La messe du dimanche matin a été suivie de plusieurs événements culturels et d’un banquet ouvert à tous, avec du riz et des légumes fraîchement cuisinés. Le père Patrick Gomes, curé de l’église Saint-Antoine, explique que les communautés catholiques indigènes de la région célèbrent toujours la fête du Christ-Roi comme un festival des récoltes. « Les fidèles dédient leurs nouvelles récoltes à Dieu à cette occasion. Ils cuisinent des gâteaux, préparent des desserts et mangent ensemble, ce qui permet de renforcer les liens fraternels entre eux », ajoute-t-il.

Pour lui, ils y voient une occasion de remercier Dieu pour leurs récoltes et de les lui offrir. Le prêtre précise que les récoltes ont été bonnes cette année. Il ajoute que les paroissiens ont offert, en tout, près de 400 kg de riz à la paroisse, bien plus que les autres années. Des scènes similaires ont pu être observées dans les autres paroisses du diocèse de Rajshahi, qui compte de nombreuses communautés indigènes (Santal, Oraon, Mahali et Paharia) en plus de l’ethnie majoritaire bengalie.

« Glorifier le Créateur en lui offrant une partie du fruit de notre labeur »

Le père Anthony Sen, curé de l’église de Fatima Rani, dans le diocèse de Dinajpur, explique que comparé aux années précédentes, le nombre de participants et d’offrandes a augmenté pour le Christ-Roi cette année. « Les gens ont apporté différentes récoltes dont du riz paddy, des bananes et des pommes de terre. Ils ont l’habitude d’offrir à l’église une partie de ce qu’ils gagnent, et c’est un très bon signe pour l’Église locale. » Les catholiques de l’ethnie Garo célèbrent également, au Bangladesh, le traditionnel Wangala, un festival des récoltes qui leur permet de rendre grâce à Dieu pour les récoltes.

Comme de nombreux autres festivals chrétiens à travers le monde, le festival Wangala de la communauté Garo prend racine dans des traditions païennes. Autrefois, les disciples d’une ancienne religion païenne appelée Sangsarek organisaient cette fête des récoltes en l’honneur de Misi Saljong, déesse des récoltes et de la fertilité, et au dieu Tatara Rabuga. Depuis plusieurs décennies, avec l’évangélisation des communautés indigènes, la fête du Christ-Roi est devenue une occasion de célébrer cette fête traditionnelle dans toutes les paroisses Garo. « Quoi que nous fassions tout au long de l’année, il y a au moins un jour consacré à cela : glorifier le Créateur en lui offrant une partie du fruit de notre labeur. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews