Eglises d'Asie – Birmanie
Selon l’ONU, les conditions ne sont pas encore favorables au retour des Rohingyas en Birmanie
Publié le 05/03/2020
Filippo Grandi a affirmé que la solution est toujours un retour en Birmanie pour les Rohingyas. « Le problème, c’est que les mesures qui doivent être prises pour permettre leur retour sont bien trop lentes, quand elles sont appliquées », a-t-il confié. Filippo Grandi a également évoqué, devant le Conseil des droits de l’homme, des rapports décrivant des mines posées le long de la frontière bangladaise par les autorités birmanes. Il a ajouté que celles-ci exigent que les réfugiés Rohingyas présentent une preuve de nationalité – chose impossible étant donné que les gouvernements successifs, depuis 1962, leur ont progressivement retiré leurs droits politiques et civils, y compris la citoyenneté. Le Haut-commissaire a souligné que les Rohingyas ont besoin de « liberté de mouvement », du « retour des personnes déplacées internes qui sont dans les camps dans l’État d’Arakan », et du respect de leurs propriétés, biens et territoires. Filippo Grandi a ajouté qu’ils ont besoin de « clarté concernant leur accès à la citoyenneté, que les différentes commissions ont présenté comme une étape fondamentale ». « Les choses doivent être claires dans l’esprit des réfugiés sur ce que cela veut dire, afin qu’ils puissent s’assurer qu’ils ne souffriront plus de discrimination à nouveau, et qu’ils pourront pleinement réintégrer leur pays et leur société », a-t-il poursuivi.
Loi controversée
La loi controversée de 1982 sur la citoyenneté stipule que seules les ethnies dont les familles sont entrées dans le pays avant 1823 peuvent recevoir la nationalité birmane. Les Rohingyas ont ainsi été privés de la citoyenneté et des droits associés, dont l’accès à l’éducation et aux autres services publics. Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a dénoncé les causes profondes des abus subis par les Rohingyas et par les autres minorités en Birmanie. « Aujourd’hui, le gouvernement a l’opportunité historique de revenir sur toutes ces violations en unissant le pays comme un seul peuple », a-t-elle déclaré le 27 février au Conseil des droits de l’homme. Elle a également rappelé aux États membres que durant plus d’un demi-siècle, les politiques birmanes ont été discriminantes envers les minorités ethniques et religieuses. « Elles ont contribué aux violences, à l’extrême pauvreté, à l’exploitation et aux spoliations », a-t-elle ajouté. Elle a également évoqué la loi de 1982, qui a rendu apatride un grand nombre de Rohingyas et d’autres minorités musulmanes, aggravant ainsi leur vulnérabilité. « Les causes profondes de ces violations sont complexes, multidimensionnelles et durables. Démêler et éclairer tout cela demande une compréhension du contexte historique, politique, économique et social avant de pouvoir identifier des solutions. » La Birmanie a été exposée à plusieurs poursuites judiciaires internationales à propos des atrocités commises contre les musulmans Rohingyas dans l’État d’Arakan (Rakhine). En décembre dernier, la conseillère d’État Aung San Suu Kyi a défendu son pays devant la Cour internationale de Justice (CIJ) de la Haye, aux Pays-Bas. Le 23 janvier, la CIJ a imposé à la Birmanie des mesures provisoires d’urgence, en demandant au pays de respecter la Convention de Genève de 1949. En 2017, une mission d’investigation envoyée par l’ONU a rapporté des « actes génocidaires » menés dans l’État d’Arakan par l’armée birmane, qui ont entraîné la fuite de 740 000 Rohingyas au Bangladesh.
(Avec Ucanews, Mandalay)
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