Eglises d'Asie – Malaisie
Les conséquences de la pandémie entraînent une hausse du suicide chez les jeunes
Publié le 22/04/2023
Les conséquences psychologiques de la pandémie de Covid-19 comme la dépression, dues aux contraintes financières et à l’isolement, font partie des facteurs principaux derrière la plupart des cas de suicides adolescents en Malaisie, selon un groupe local de prévention contre le suicide. Un total de 1 708 Malaisiens se sont donnés la mort entre janvier 2019 et mai 2021, selon une information publiée le 19 avril par le journal The Sun, qui cite des données policières. Près de 51 % d’entre eux, soit 872 victimes, étaient âgés entre 15 et 18 ans.
Kenny Lim, directeur de l’organisation Befrienders KL, un groupe non lucratif de lutte contre le suicide, explique que « la majorité de ceux qui ont envisagé de se suicider et qui ont fait appel à nous pour être accompagnés évoquent des difficultés financières et des dépressions provoquées par la crise sanitaire ». Il ajoute que ceux qui appellent le numéro d’assistance téléphonique sont souvent des jeunes souffrant de détresse psychologique.
« Chaque individu qui perd la vie à cause du suicide a été touché affectivement, socialement et économiquement. La majorité de nos appelants sont confrontés à des problèmes comme la dépression et l’anxiété, ainsi qu’à des difficultés relationnelles et familiales », précise Kenny Lim. Il souligne que ceux qui ont fait des tentatives de suicide évoquent souvent les problèmes qu’ils rencontrent, et que la société doit en prendre compte.
« Il faut reconnaître les signes pour prévenir le suicide »
« Il est crucial de reconnaître les signes pour prévenir le suicide. Près de 80 % des personnes qui font une tentative ou qui décèdent après s’être donné la mort présentent des signes annonciateurs, comme le fait de parler de la mort », explique Kenny.
« Il y a d’autres signes comme un sentiment de désespoir, un renfermement, une perte d’intérêt, des changements comportementaux ainsi que des modifications importantes des rythmes de sommeil et des habitudes alimentaires. Il est important de prendre ces signes au sérieux et de demander de l’aide immédiatement », insiste-t-il. Il souligne également qu’il est essentiel de s’efforcer d’augmenter le nombre de professionnels de la santé mentale dans le pays, particulièrement dans le secteur public, afin d’assurer leur disponibilité.
Seulement 479 psychiatres enregistrés en Malaisie
Malaysian Medics International, une organisation médicale étudiante, a signalé en février 2022 que le pays ne comptait que 479 psychiatres enregistrés, ce qui est bien plus faible qu’un psychiatre ou psychologue pour 10 000 habitants. Selon le groupe, pour près de 32,7 millions d’habitants en Malaisie, il faudrait environ 3 270 psychologues ou psychiatres pour faire face à leurs besoins efficacement.
De son côté, Kenny Lim estime que les familles doivent pouvoir parler des problèmes psychologiques de façon plus ouverte. « Les parents devraient parler avec leurs enfants et leur permettre de parler librement de leurs sentiments et de leurs émotions, plutôt que d’éviter de tels sujets juste parce que cela peut parfois devenir inconfortable », recommande-t-il. Il ajoute qu’il faut de l’empathie envers ceux qui ont de telles difficultés, et que la société « doit éviter de les cataloguer avec des termes négatifs ». « Les troubles mentaux ne sont pas des faiblesses personnelles, mais plutôt des problèmes de santé qui peuvent être gérés avec de l’aide et un traitement adaptés », assure-t-il.
Selon une enquête nationale menée par l’État en 2019 sur la Santé et la Morbidité, près de 424 000 enfants ont des problèmes de santé mentale en Malaisie. Selon le rapport, 42,9 % des enfants ou adolescents sont confrontés à des difficultés avec leurs camarades, 15,9 % à des problèmes comportementaux, 8,3 % à des problèmes affectifs et 2,3 % à de l’hyperactivité.
En 2016, l’Association psychiatrique malaisienne a également déclaré que le pays a enregistré une hausse d’environ 50 % du nombre de patients dépressifs entre 2011 et 2015, et qu’au cours des années à venir, de plus en plus de gens risquent de subir davantage de stress à cause des pressions familiales et professionnelles.
(Avec Ucanews)