Eglises d'Asie

Les difficultés financières des catéchistes, essentiels à la transmission de la foi au Pakistan

Publié le 28/07/2022




Le mois dernier, Mgr Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad, a remis des prix à huit catéchistes du quartier de Madina, à Faisalabad. Il a aussi augmenté la pension des catéchistes retraités, une initiative que salue Ghani Sardar, diplômé en 1970 et à la retraite depuis 2003. « Les 16 catéchistes de ma promotion ne touchaient qu’un salaire mensuel de 127 roupies. Aujourd’hui, il varie entre 1 500 et 2 000 », explique-t-il en reconnaissant la précarité de la situation des catéchistes pakistanais, pourtant essentiels à la transmission de la foi dans la république islamique.

Mgr Indrias Rehmat (au centre), évêque de Faisalabad, le 5 juin lors d’une remise de prix dans la paroisse du Saint-Rosaire.

Yousaf Bachan, âgé de 57 ans et originaire de Faisalabad, dans la province pakistanaise du Punjab, évoque le coût de la vie pour les catéchistes pakistanais. Lui-même est catéchiste comme son père et son grand-père. Malgré son franc-parler apprécié sur sa chaîne YouTube, il n’aime pas se plaindre de ses difficultés financières.

« L’inflation a affecté les paroissiens dont le soutien a diminué, mais nous ne voulons pas créer de problèmes. Nous nous contentons de faire connaître notre travail », explique Yousaf Bachan, actuellement au service de la paroisse de Christian Town dans le diocèse de Faisalabad. Il a également lancé, l’an dernier, un projet appelé Masihi Talimaat (Enseignements chrétiens). Il fait partie d’une centaine de catéchistes travaillant pour 25 paroisses du diocèse, et il reçoit 4 000 roupies (16,70 euros) par mois de la part du curé de la paroisse.

Le diocèse de Faisalabad célèbre, en 2022, l’Année des catéchistes afin de marquer le 70e anniversaire du Centre de formation des catéchistes de St-Albert à Khushpur, le plus grand village catholique du pays. À ce jour, le diocèse de Faisalabad a déjà organisé quatre événements pour honorer les catéchistes locaux, dont une vingtaine qui sont aujourd’hui à la retraite.

Le mois dernier, Mgr Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad a également remis des prix à huit catéchistes de la paroisse du Saint-Rosaire de Madina (Faisalabad). Il a aussi élevé la pension des catéchistes retraités à 1 000 roupies, une initiative dont Ghani Sardar, un ancien catéchiste qui a obtenu son diplôme à St-Albert en 1970 et qui a pris sa retraite en 2003, est reconnaissant. « Nous supportons le coût de l’essence et nous prenons nos motos pour rejoindre les fidèles dans les villages éloignés. C’est vraiment difficile pendant l’hiver à cause du froid extrême et du brouillard », confie cet homme de 80 ans, qui a travaillé auprès de 27 prêtres.

Le « cœur même » de l’action pastorale de l’Église au Pakistan

Pour lui, l’Église locale devrait faire davantage pour les catéchistes, qui jouent un rôle crucial pour la propagation de l’Évangile, des enseignements du Christ et des sacrements, ajoute-t-il. « Les 16 catéchistes de ma promotion ne touchaient qu’un salaire mensuel de 127 roupies. Aujourd’hui, il varie entre 1 500 et 2 000. C’était difficile d’élever huit enfants, mais j’appartiens à une famille de fermiers et je possédais ma propre maison », explique-t-il.

L’essentiel de l’évangélisation dans la république islamique est assuré par des catéchistes comme Ghani Sardar, qui doivent suivre une scolarité normale durant dix ans avant s’inscrire à une formation. La branche canadienne de l’Aide à l’Église en détresse (AED), qui soutient depuis longtemps la formation des catéchistes, a qualifié le centre St-Albert de Khushpur comme le « cœur même » de l’action pastorale de l’Église au Pakistan.

Le parcours de formation de trois ans proposé comprend l’étude de la catéchèse, de la liturgie, des Écritures, de la théologie pastorale, ainsi que d’autres matières comme la psychologie, la géographie, l’étude des langues, l’art oratoire et la musique. Des temps sont également réservés à la prière quotidienne, à des journées de réflexion mensuelles et à des retraites deux fois par an. Les catéchistes en formation rendent aussi visite aux paroissiens de Khushpur pour parler et prier avec eux. Les épouses des catéchistes suivent également des cours leur permettant d’acquérir des connaissances de base sur les Écritures.

« Dans de nombreux cas, la vie des paroisses s’arrêterait pratiquement sans eux »

« Ici, les paroisses sont souvent vastes et comprennent de nombreux bâtiments périphériques, c’est pourquoi les catéchistes sont des soutiens indispensables pour les prêtres dans la transmission de la foi catholique. Dans de nombreux cas, la vie des paroisses s’arrêterait pratiquement sans eux », peut-on lire sur le site de l’AED.

Dans l’archidiocèse de Lahore, un nouveau catéchiste commence avec un salaire mensuel de 3 000 roupies. L’augmentation annuelle n’est que de 100 roupies et dépend de l’approbation des supérieurs. Dans le diocèse de Faisalabad, un catéchiste gagne 2 000 roupies pour la célébration d’un mariage. Selon le père Abid Tanveer, vicaire général du diocèse de Faisalabad, les catéchistes sont aussi parfois indemnisés avec des colis alimentaires.

« Ils gagnent surtout leur vie grâce au travail pastoral et aux visites à domicile. Jésus lui-même dit que l’ouvrier mérite son salaire. Les catéchistes mariés reçoivent même une allocation pendant leur formation et sont pleinement conscients de ces circonstances », souligne-t-il. Le père Abid Tanveer estime que les catéchistes jouent un rôle vital dans la construction de petites communautés chrétiennes, à cause leur proximité avec les populations locales et les réalités sur le terrain. « L’évêque a demandé une augmentation de leurs salaires, mais la pandémie a fortement affecté les finances de l’Église », regrette-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews