Eglises d'Asie – Bangladesh
Les écoles bangladaises rouvrent leurs portes après 18 mois d’enseignement à distance
Publié le 17/09/2021
Les écoles et universités bangladaises, y compris les établissements gérés par l’Église catholique locale, se préparent à une rentrée difficile alors que les élèves et étudiants retournent dans les salles de classe après une absence prolongée de 18 mois en raison des restrictions sanitaires. Les écoles primaires, les collèges et lycées ont repris les cours en présentiel depuis le 12 septembre, face à une accalmie de la situation pandémique avec une baisse du nombre de nouveaux cas et de décès. Mais les retards accumulés, dus à des fermetures prolongées durant la pandémie, seront difficiles à rattraper selon les parents et les enseignants. Comme pour la plupart des autres pays en Asie du Sud-Est, beaucoup d’enfants bangladais, ainsi que leurs enseignants, se sont difficilement adaptés à l’enseignement à distance à cause du manque d’accès à Internet et de moyens, a déjà signalé l’Unicef. Une étude menée par BRAC, une ONG locale, a constaté que près de 56 % des élèves du pays n’ont pas pu se connecter ni accéder à des enregistrements vidéo des cours durant les 543 jours de fermeture des écoles.
« L’école a enfin repris vie »
Les établissements scolaires ont fermé leurs portes le 17 mars 2020 ; deux semaines après, le Bangladesh a enregistré ses deux premiers cas d’infections au Covid-19. Depuis, le pays a enregistré 1,53 million d’infections dont 26 972 décès à cause du virus, selon les chiffres officiels du gouvernement. Le 13 septembre, 1 950 nouveaux cas dont 41 décès ont été enregistrés. Près de 13,9 millions de personnes, soit environ 8,5 % de la population sur 170 millions d’habitants, ont été complètement vaccinés à ce jour. Le ministre de l’Éducation, Dipu Moni, a demandé à tous les établissements de maintenir les procédures sanitaires sous peine d’actions punitives. Cependant, une ambiance festive a prévalu pari les enseignants et le personnel éducatif, qui ont accueilli les élèves avec des bonbons et des fleurs aux portes des écoles.
« L’école a enfin repris vie », se réjouit Tanvir Ahmed, qui enseigne à l’école Jessore Zilla dans le sud du Bangladesh. Le taux de participation a été bon le premier jour, et les élèves semblaient heureux d’être de retour, ajoute-t-elle, en précisant que toutes les mesures sanitaires ont été mises en œuvre. Mais les directeurs d’établissements et les enseignants des écoles catholiques affirment que les prochains mois ne seront pas sans difficultés. Le frère Leo J. Pereira, membre de la congrégation de la Sainte-Croix et proviseur de l’Institut Saint-Joseph de Dacca, explique qu’ils ont organisé des cours réguliers en ligne pour leurs 2 700 élèves. « Toutefois, c’est vrai qu’il y a une grande différence entre une classe et un enseignement à distance. On peut donner des cours mais il est difficile de transmettre des valeurs en ligne. Donc aujourd’hui, nous devons travailler dur avec tous ceux qui sont concernés, les élèves, les parents et les enseignants, pour combler les lacunes », poursuit le frère Pereira. Ce dernier s’inquiète également à propos des élèves qui ont accumulé des retards et qui risquent de ne plus suivre. Un problème qui affecte particulièrement les régions rurales, où les écoles n’ont pas eu les moyens de maintenir des cours en ligne.
« Notre école n’a pas pu nous offrir des cours en ligne »
Purnita Jengcham, directrice du lycée catholique Dorgachala, dans le diocèse de Mymensingh, dans le centre-nord du Bangladesh, qui parle même d’une « perte irréparable » pour ses élèves, se demande comment faire. « Nous n’avons pas pu organiser des cours en ligne pour nos élèves, parce qu’ils viennent de familles pauvres issues des minorités ethniques, qui manquent d’accès à Internet. Je peux difficilement exprimer à quel point les élèves ont souffert de ces retards accumulés », déplore Purnita, une catholique de l’ethnie Garo. Son école rurale compte 64 élèves, dont 70 % ont repris les cours. « Nous essayons de contacter les parents pour faire revenir le reste des élèves. Nous travaillerons dur pour rattraper le temps perdu, mais nous ne savons pas combien de temps cela prendra. » Augustine Gain, directrice du lycée Saint-François-Xavier dans le district de Satkhira, partage le même point de vue. La plupart de ses 170 élèves viennent de milieux défavorisés, et ils ont dû travailler pour soutenir leurs familles durant la pandémie. « La fermeture de l’école n’a pas été une bonne chose, donc je vois dans cette réouverture un signe positif. Des dégâts irréparables ont été faits, et nous ne pourrons pas tout rattraper. Mais nous faisons de notre mieux pour accompagner les élèves », ajoute-t-il.
Les parents se disent eux aussi soulagés par la réouverture des établissements scolaires. « Il n’y avait pas beaucoup à faire à la maison, et ma fille était déprimée. Elle est heureuse de retourner à l’école », confie Mohammad Jakir Hossain, père d’une élève scolarisée à l’école Udayan de Dacca. « Maintenant, son avenir dépend des enseignants. En tant que parents, nous coopérerons autant que nous le pouvons. » Faruque Hasan, en troisième à l’école Rajapur du district de Natore, se dit à la fois inquiet et heureux de revenir à l’école. « Notre école n’a pas pu nous offrir des cours en ligne, mais certains enseignants se sont investis individuellement. Nous aurons peut-être des retards par rapport aux écoles qui sont en ville. Mais maintenant que les cours ont repris en présentiel, j’espère que je pourrais rattraper ce que j’ai manqué durant la fermeture. »
(Avec Ucanews)
Crédit : Maruf Rahman de Pixabay