Eglises d'Asie – Birmanie
Les églises sont toujours la cible de la junte birmane dans l’État Kayah
Publié le 18/02/2022
En Birmanie, dans les régions majoritairement chrétiennes, les églises continuent d’être ciblées par la junte militaire malgré les appels des responsables catholiques à protéger les lieux de culte. Au moins quinze paroisses du diocèse de Loikaw ont été fortement affectées par l’escalade des conflits internes, tandis qu’au moins sept églises catholiques ont été endommagées par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes.
Un membre du clergé local explique qu’ils se sont retrouvés en pleine zone de guerre, entre les tirs et les bombardements quotidiens. « Alors que la situation empire, nous restons aux côtés des quelques centaines d’IDP [personnes déplacées internes], en particulier au service des femmes, des enfants et des personnes âgées à Loikaw », ajoute-t-il.
Le 15 février, un bâtiment dépendant de la paroisse Notre-Dame Reine de la Paix de Doungankhar, dans le canton de Demoso, a été frappé par des tirs d’artillerie par les militaires birmans. L’étendue des dégâts n’a pas pu être évaluée par les responsables du diocèse, qui n’ont pas pu se rendre sur place à cause de la poursuite des combats. L’église de Doungankhar a également été frappée par des bombardements en juin 2021.
90 000 catholiques sur 355 000 habitants dans l’État Kayah
Par ailleurs, selon des sources ecclésiales locales, le 14 février, des militaires ont détruit des vitraux et des images du chemin de croix dans l’église du Sacré-Cœur de Jésus de Dougkhu, dans le canton de Loikaw dans l’État Kayah. L’église a également été frappée par des frappes aériennes le 12 janvier et un des deux clochers a été détruit, sans faire de victimes civiles. Un prêtre local a condamné l’attaque comme « une abomination, une profanation et un sacrilège ». Une église baptiste et un camp IDP, dans un village du canton de Demoso, ont également été visés par des tirs de l’armée le 10 février, blessant une personne.
Dans l’État Kayah, les combats continuent de s’intensifier entre les militaires et le groupe armé PDF (People’s defense forces), dans une région majoritairement chrétienne. Plus de 650 maisons et propriétés civiles, dont des églises, des monastères et des écoles, ont été incendiées et détruites dans la région depuis mai 2021, selon des rapports cités par les Nations unies. Au moins 170 000 civils de l’État Karenni, soit plus de la moitié de la population de l’État, ont été forcés de fuir leur domicile à cause de la poursuite des combats, selon le Karenni Civil Society Network.
Aujourd’hui, la junte poursuit sa lutte contre les groupes ethniques armés et les milices locales sur plusieurs fronts, notamment dans l’État Kayah où les militaires continuent d’attaquer des civils. L’État Kayah, une région reculée et montagneuse, est considéré comme un foyer important du catholicisme birman dans un pays majoritairement bouddhiste. Près de 90 000 catholiques y vivent sur près de 355 000 habitants.
(Avec Ucanews)