La décision du président sri-lankais Maithripala Sirisena de renvoyer le Premier ministre Ranil Wickremesinghe pour le remplacer par l’ex-président Mahinda Rajapakse, annoncée le 26 octobre a plongé le pays dans le chaos. Dès le 30 octobre, les manifestants opposés à la décision se sont rassemblés par milliers dans la capitale, Colombo. De leur côté, les autorités religieuses appellent à respecter l’État de droit.
Les autorités religieuses sri-lankaises affirment que la Constitution est la loi suprême et que le renvoi arbitraire d’un Premier ministre en exercice d’une façon anticonstitutionnelle risque de plonger le pays dans un état d’instabilité, de peur et de chaos. Le président Maithripala Sirisena a renvoyé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe et son cabinet le 26 octobre, pour le remplacer par l’ancien président et dictateur Mahinda Rajapakse. Sirisena a annoncé, sans consulter le porte-parole du gouvernement, que la prochaine session du parlement n’aurait pas lieu jusqu’au 16 novembre. Puis le 2 novembre, le porte-parole Karu Jayasuriya a déclaré que le parlement serait à nouveau convoqué le 7 novembre.
Une manifestation massive s’est rassemblée le 30 octobre à Colombo, la capitale, afin de protester contre ce transfert de pouvoir anticonstitutionnel. Le président est ainsi pressé par la population et par la communauté internationale de convoquer le parlement et de respecter l’État de droit et la démocratie. La conférence épiscopale du Sri Lanka a appelé tous les partis politiques à mettre de côté leurs intérêts personnels et de respecter la Constitution afin de résoudre le conflit. « Ce pays a déjà souffert à cause de la longue guerre civile, le sang a déjà suffisamment coulé », a déclaré le président de la conférence, Mgr Winston S. Fernando, dans un communiqué publié le 31 octobre. « En cette période de crise, les décisions doivent être prises en respectant la Constitution, l’État de droit et la démocratie », a-t-il souligné. « Non pas dans le but de rester au pouvoir ou d’obtenir le pouvoir, mais de nous mettre au service de la population et du bien commun, pour le développement du pays, en comprenant tout le potentiel que l’on trouve dans notre peuple et dans les ressources naturelles de notre pays. »
« Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle crise »
Mgr Dhiloraj Canagasabey, évêque anglican, a confié qu’il était choqué et déçu par la nomination de Rajapakse comme premier ministre. « L’opportunisme à court terme ne doit pas remplacer tous les repères éthiques et devenir la norme, c’est quelque chose ancré au cœur des enseignements de toutes les religions qui sont professées dans le pays », a affirmé l’évêque. « Le service public, la police et l’armée doivent rester fidèles à la Constitution et se conduire d’une manière digne de leur mission. » Rajapakse a été président du Sri Lanka de 2005 à 2015 et mit fin à 26 ans de guerre civile en repoussant les rebelles tamouls en 2009. Plus de 100 000 personnes ont été tuées ou ont disparu durant la guerre.
Des membres de la famille de Rajapakse et de son cabinet ont été accusés d’abus et de corruption durant cette période. Le Conseil national chrétien du Sri Lanka s’est lui aussi élevé contre la décision. « Nous sommes une nation blessée qui se relève de la guerre et de la violence. Alors que la population subit des conditions économiques difficiles, nous ne pouvons pas nous permettre une autre crise qui plongerait à nouveau le pays dans le chaos », a déclaré le conseil. « Nous croyons que cette affaire aurait dû être résolue d’une manière transparente au parlement, en respectant les procédures. » Le président aurait renvoyé Wickremesinghe suite à une tentative d’assassinat contre Sirisena qui aurait impliqué un ministre du gouvernement. L’ancien premier ministre a déclaré que la décision du président était illégale et anticonstitutionnelle. Il a soutenu qu’il restait premier ministre. L’Alliance nationale chrétienne évangélique du Sri Lanka a confié sa profonde tristesse suite aux épisodes de violence qui ont éclaté et elle appelle les forces de l’ordre à maintenir la paix et à agir de manière responsable.
(Avec Ucanews, Colombo)
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