Eglises d'Asie

Les évêques birmans appellent la Tatmadaw et les groupes armés à mettre fin aux hostilités

Publié le 02/07/2020




Le 29 juin, les évêques de 16 diocèses catholiques de Birmanie, dont le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, Mgr Felix Lian Khen Thang, président de la CBCM (Conférence épiscopale birmane) et Mgr John Saw Yaw Han, secrétaire général de la CBCM, ont appelé tous les acteurs, officiels ou non, des conflits internes à cesser les combats. « Face à cette crise sanitaire, seule l’unité nous permettra de l’emporter. Les pays frappés par la guerre sont les plus vulnérables », ont insisté les évêques birmans, en appelant à protéger en priorité les réfugiés vivant dans les camps IDP (personnes déplacées internes). « Les élections à venir sont une opportunité pour l’avenir de la démocratie », ont-ils ajouté à propos des élections générales, prévues en novembre 2020.

Mahmud Sultan, 17 ans, un Rohingya souffrant de polyarthrite rhumatoïde, vit dans un camp IDP près de Sittwe (Rakhine) depuis 2012.

La Conférence épiscopale birmane (CBCM) a appelé toutes les parties engagées dans les combats internes à mettre fin aux hostilités et à soutenir la paix, dans un pays trop longtemps victime des guerres civiles. Les évêques birmans ont dénoncé la poursuite des conflits, qui ont entraîné le déplacement forcé de plusieurs milliers de personnes malgré la pandémie. « Le Covid-19 a mis à l’épreuve les plus grandes puissances mondiales. De nombreux pays ont investi tout ce qu’ils pouvaient et toute leur énergie dans la lutte contre ce virus », ont-ils rappelé. « En étant confrontés à cette crise sanitaire, seule l’unité nous permettra de l’emporter. Les pays frappés par la guerre sont les plus vulnérables », ont souligné les évêques dans une lettre, publiée le 29 juin et signée par les évêques de 16 diocèses du pays (dont le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, ainsi que Mgr Felix Lian Khen Thang, président de la CBCM et Mgr John Saw Yaw Han, secrétaire général). Les évêques de Birmanie ont confié leur tristesse en constatant la poursuite des combats dans les États Kachin, Shan, Kayin et Rakhine. « Les personnes vivant dans les camps IDP [personnes déplacées internes] sont les plus vulnérables, et leurs droits doivent être respectés », ont-ils ajouté. « C’est pourquoi les camps IDP doivent être protégés contre toute forme d’accaparement des terres, et les droits patrimoniaux des migrants internes doivent être garantis et rétablis dans leurs villages d’origine. » Selon l’ONU, on compte environ 250 000 IDP (personnes déplacées internes) dans le pays.

L’appel de la conférence épiscopale birmane survient alors que depuis décembre 2018, les combats se sont intensifiés entre la Tatmadaw (armée birmane) et l’Armée d’Arakan, un groupe armé indépendant dans les États Chin et Rakhine. Récemment, plusieurs milliers de personnes ont fui 39 villages afin d’éviter des opérations militaires lancées par la Tatmadaw. Les évêques, dans leur lettre, ont dénoncé six décennies de guerre, qui se poursuit sans aucun vainqueur. « La mort et les déplacements de personnes innocentes se poursuivent, et on n’observe aucune accalmie. Plusieurs milliers d’innocents continuent de souffrir », ont-ils insisté, en appelant le gouvernement et l’armée à trouver « une stratégie politique qui permette de réparer les injustices et de redonner l’espoir d’une solution démocratique et pacifique à leurs aspirations ». « Les élections à venir sont une opportunité pour l’avenir de la démocratie. Des solutions justes, équitables et inclusives peuvent être trouvées à condition de mettre fin aux hostilités et de s’ouvrir sincèrement au dialogue », ont-ils poursuivi. Depuis l’arrivée au pouvoir, en 2016, d’Aung San Suu Khi et de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le gouvernement civil s’est engagé pour la paix. Mais la poursuite des combats a fragilisé les efforts de négociation de la Conseillère d’État.

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Ucanews