Eglises d'Asie

Les évêques birmans s’investissent sur le web durant la crise sanitaire

Publié le 16/12/2020




Depuis le début de la crise sanitaire, les évêques birmans ont lancé de nouvelles initiatives sur Internet alors que les églises sont restées fermées pendant presque neuf mois. Alors que le nombre de contagions augmente dans le pays depuis mi-août et que de nouveaux cas ont été enregistrés récemment, le Comité central pour la prévention, le contrôle et le traitement du Covid-19 a donc prolongé les mesures sanitaires actuelles jusqu’à fin décembre. Parmi les évêques birmans, Mgr Jean Hsane Hgyi, évêque de Pathein, de la région d’Ayeyarwady dans le sud du pays, est l’un des plus actifs avec des homélies et des commentaires bibliques.

Mgr Jean Hsane Hgyi, évêque de Pathein, célébrant la messe en direct le 14 décembre.

Les évêques birmans, alors que la population consacre davantage de temps sur Internet durant la crise sanitaire, ont développé les communications en ligne avec les fidèles durant la pandémie. En Birmanie, les restrictions restent en vigueur concernant l’interdiction des grands rassemblements publics, y compris les messes et autres célébrations religieuses, ce qui a forcé les Églises locales à repenser leur mode de fonctionnement. Les églises du pays ont été fermées pendant presque neuf mois, et les célébrations religieuses continuent d’être diffusées en direct sur Internet. Certains diocèses publient aussi des commentaires bibliques quotidiens, des temps d’adoration eucharistique et des neuvaines de prière à la Divine Miséricorde. Plusieurs évêques birmans utilisent aussi le web afin de rester en contact régulier avec les fidèles, conscients de la nécessité, en tant que pasteurs, de « porter l’odeur de leurs brebis ». Mgr Jean Hsane Hgyi, évêque de Pathein, de la région d’Ayeyarwady dans le sud de la Birmanie, est l’un des plus actif actuellement sur Internet.

Certaines de ses homélies sur les besoins des plus pauvres ont incité les bienfaiteurs birmans et étrangers à envoyer des dons généreux aux familles démunies du diocèse de Pathein. Le 13 décembre, dans une homélie diffusée en ligne, Mgr Hsane Hgyi a confié que les familles pauvres de la région luttent tous les jours pour leur survie durant la pandémie. Il a également évoqué le manque de revenus, le chômage et l’augmentation du taux de suicide dans le monde. Début septembre, l’évêque a aussi publié des recommandations adressées au clergé, aux religieux et religieuses ainsi qu’aux laïcs, afin d’éviter une seconde vague de contagion. Mgr Hsane Hgyi, âgé de 67 ans, a demandé aux fidèles de porter le masque, d’éviter les grands rassemblements et de respecter la distanciation physique. Il a également recommandé de manger sainement, de faire de l’exercice, de méditer et de prier pour la fin de la pandémie.

Fragilité du système de santé birman

De son côté, Mgr Marco Tin Win, évêque de Mandalay, a lancé des méditations chrétiennes hebdomadaires, diffusées en ligne. Dans une vidéo d’environ 30 minutes, vêtu d’une aube et assis sur le sol d’une chapelle, l’évêque explique notamment comment se concentrer et faire oraison. L’évêque de 60 ans diffuse des programmes sur la méditation depuis déjà plusieurs années, et il a invité le clergé et les fidèles à méditer durant la pandémie. Il a notamment recommandé au clergé une heure d’adoration eucharistique par jour, en les invitant à passer du temps à la lecture et à des travaux et autres services comme jardiner, planter des arbres, ramasser les ordures ou nettoyer l’église. Le dimanche, quand il célèbre la messe en direct, Mgr Tin Win rappelle toujours aux fidèles de suivre les consignes sanitaires du ministère de la Santé. La Birmanie est considérée comme l’un des pays les plus vulnérables au Covid-19 parmi 11 pays du Sud-Est asiatique, avec le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, les Philippines et le Timor-Leste. Le fragile système de santé birman s’est pratiquement effondré sous le régime militaire de la junte, au cours des six dernières décennies.

Le pays est pourtant resté épargné par la pandémie pendant plusieurs mois ; mi-août, la Birmanie n’enregistrait encore que près de 400 cas de contagion pour cinq décès. Mais une seconde vague de contagion s’est développée à Rakhine depuis le 16 août. À Rangoun, la ville la plus peuplée du pays, le nombre de cas a augmenté ainsi qu’à Mandalay, où on a compté près de 200 nouveaux cas par jour après les élections générales du mois dernier. Le Comité central pour la prévention, le contrôle et le traitement du Covid-19 a donc prolongé les mesures sanitaires actuelles jusqu’à fin décembre. La Conseillère d’État Aung San Suu Kyi a également rappelé à la population de rester extrêmement prudente. Elle a reconnu que la région de Rangoun n’est pas parvenue à contenir le virus, et que la situation est devenue problématique pour l’ensemble du pays. « J’aimerais rappeler à tous que c’est très important que cette grande ville commerciale se relève, pour la reprise de notre économie », a-t-elle expliqué le 11 décembre dans un message télévisé. Au 15 décembre, la Birmanie enregistrait un total de 109 512 cas de contagion pour 2 292 décès. Il s’agit du troisième plus grand nombre de cas enregistrés parmi les pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), après les Philippines et l’Indonésie.

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Ucanews