Eglises d'Asie

Les évêques malaisiens s’opposent à un plan de rapatriement de 1 200 réfugiés et demandeurs d’asile birmans

Publié le 25/02/2021




Le 23 février, la Conférence épiscopale malaisienne a publié un communiqué dénonçant la décision du gouvernement malaisien d’expulser 1 200 citoyens birmans sans papiers, dont des réfugiés et demandeurs d’asile : « Alors que la Birmanie traverse une grave crise politique, notre foi nous pousse à prendre la parole, car cette décision qui risque de mettre en danger ceux qui ont fui à cause d’une grave crise humanitaire. » Le plan de rapatriement, décidé par les services d’immigration malaisiens à la demande de l’ambassade birmane à Kuala Lumpur, a été rapporté par plusieurs médias malaisiens et étrangers.

Les évêques catholiques de Malaisie ont appelé le gouvernement malaisien à davantage d’humanité et de retenue, alors que les autorités ont annoncé l’expulsion de plusieurs centaines de Birmans, y compris des réfugiés et demandeurs d’asile. La Conférence épiscopale malaisienne (CBCM) a fait part de son inquiétude à propos du sort des réfugiés birmans, dont l’expulsion a été rapportée par de nombreux médias malaisiens et étrangers. « Nous avons appris récemment le plan du gouvernement à propos du rapatriement de 1 200 Birmans réfugiés sur le sol malaisien, dont certains sont demandeurs d’asile. Alors que la Birmanie traverse une grave crise politique, notre foi nous pousse à prendre la parole, car nous ne pouvons pas être complices de cette décision qui risque de mettre en danger ceux qui ont fui à cause d’une grave crise humanitaire », a déclaré la CBCM le 23 février. « La sécurité personnelle des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile doit être régie non seulement pas les lois internationales mais aussi par des lois d’humanité, fondées sur la miséricorde, l’amour et la compassion », ont-ils ajouté, en évoquant l’encyclique Fratelli Tutti sur la fraternité humaine sur la fraternité et l’amitié sociale, publiée le 3 octobre 2020 par le pape François. Dans cet esprit, les évêques ont souligné que l’Église malaisienne ne peut ignorer le sort des réfugiés en difficulté, quelles que soient leurs origines, en particulier dans un temps de crise.

Un rapatriement risqué en plein coup d’État

La CBCM a appelé le gouvernement malaisien à ne pas exposer les vies de ces réfugiés birmans à l’incertitude en les renvoyant dans leur pays dans ce contexte. « Nous demandons aussi qu’une organisation internationale comme l’UNHCR [Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] soit autorisée à vérifier que la sécurité personnelle de ces individus soit respectée. En tant que citoyens malaisiens, nous devons éviter de les exposer à des situations dangereuses ou incertaines. » Le rapatriement des réfugiés birmans a été décidé peu après le coup d’État de l’armée birmane contre le gouvernement NLD (Ligne nationale pour la démocratie) d’Aung San Suu Kyi, et alors que les tensions politiques se poursuivent en Birmanie. Début février, l’ambassade birmane à Kuala Lumpur a envoyé un message au ministère malaisien des Affaires étrangères en demandant que « 1 200 citoyens Birmans sans papiers » soient rapatriés sur trois navires de la marine birmane. Ces embarcations devaient quitter les côtes malaisiennes le 23 février.

Khairul Dzaimee Daud, directeur général des Affaires de l’Immigration malaisienne, aurait accepté la requête des autorités birmanes. Cette expulsion survient après plusieurs mois de sentiments anti-immigrants, attisés par les autorités militaires birmanes accusant les réfugiés Rohingya et les ouvriers migrants d’avoir contribué à répandre le coronavirus. Depuis l’an dernier, plusieurs raids de police ont conduit à l’arrestation de plusieurs centaines de migrants et demandeurs d’asile, à Kuala Lumpur et dans d’autres régions du pays. Plusieurs centaines de migrants ont été détenus dans 12 centres de détention des services d’immigration, dont de nombreux réfugiés birmans. Les organisations Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé la décision. « En Malaisie, des adultes et des enfants sans papiers, dont des réfugiés, sont mis en état d’arrestation et détenus », a dénoncé Human Rights Watch. De son côté, Amnesty International a souligné que « le gouvernement malaisien met en danger les vies de plus de 1 000 Birmans en les expulsant vers un pays en plein coup d’État ».

(Avec Ucanews)

Crédit : UN Women / CC BY-NC-ND 2.0