Eglises d'Asie

Les évêques sri-lankais adressent un ultimatum au gouvernement concernant les attentats du 21 avril 2019

Publié le 16/07/2021




Le 13 juillet, lors d’une conférence de presse organisée à Colombo, Mgr Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo et président de la Conférence épiscopale sri-lankaise, a appelé le gouvernement à réagir rapidement afin de rendre justice aux victimes des attentats du dimanche de Pâques 2019. Dans une lettre adressée au président Gotabaya Rajapaksa, signée par plusieurs évêques au nom du Comité national catholique pour la justice aux victimes des attentats du dimanche de Pâques, les signataires donnent un mois au gouvernement pour répondre à leurs demandes.

L’église Saint-Sébastien de Negombo, visée par les attentats de 2019, a organisé une manifestation lors du second anniversaire des attaques afin de demander justice pour les victimes.

Les évêques sri-lankais ont donné un mois au gouvernement pour répondre à leur lettre envoyée au nom des victimes des attentats du dimanche de Pâques 2019. Ils ont prévenu les autorités qu’ils seront forcés d’agir autrement si leur ultimatum est ignoré. Le Comité national catholique pour la justice aux victimes des attentats du dimanche de Pâques a appelé le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa à fournir une réponse crédible à sa lettre, qui a été signée par le cardinal Malcolm Ranjith (archevêque de Colombo et président de la Conférence épiscopale) ainsi que par Mgr Valence Mendis, Mgr Harold Anthony Perera, Mgr Raymond Wickramasinghe, Mgr Bishop J.D. Anthony Jayakody et Mgr Anton Ranjith. « Le peuple a le droit de connaître la vérité derrière les attaques du dimanche de Pâques, et c’est la responsabilité du gouvernement de l’exposer au pays immédiatement », a déclaré le cardinal Ranjith, lors d’une conférence de presse organisée le 13 juillet à Colombo en présence de plusieurs évêques catholiques du pays.

« Les enquêtes sur les attaques ont été menées négligemment. Une enquête approfondie doit être lancée en plus de celle qui est en cours. Nous appelons le gouvernement à ne pas ignorer ces demandes en se contentant d’envoyer quelques personnes au tribunal. » La lettre des évêques demande également si les poursuites actuelles contre 42 suspects comprennent les principaux coupables derrière les attaques. « Cela fait maintenant 26 mois que les attentats du 21 avril 2019 ont eu lieu. Et à ce jour, cinq mois se sont écoulés depuis la présentation du rapport final de la Commission présidentielle nommé pour enquêter sur les attaques », soulignent les évêques. « Pourtant, nous sommes profondément attristés par la progression léthargique des procédures mises en marche par l’État afin de rechercher et poursuivre les responsables derrière ces attentats, ceux qui les ont planifiés et ceux qui, bien qu’avertis et qui auraient pu les empêcher, sont restés inactifs en ignorant leurs responsabilités », insistent-ils. « Nous nous demandons pourquoi ceux qui sont au pouvoir retardent ou négligent leurs devoirs concernant les recommandations de la Commission d’enquête présidentielle, qui a coûté plusieurs millions de roupies. »

Les évêques appellent à rendre justice aux 269 innocents victimes des attentats

La lettre signale également que si les autorités ne visent que ceux qui sont impliqués de manière marginale, les « cerveaux » derrière les attaques et ceux qui ont négligé leurs devoirs ne seront plus inquiétés. « Si cela se produit, ce serait un crime grave et un déni de justice aux 269 innocents qui ont été assassinés par ces attaques meurtrières, aux proches des victimes endeuillés par leurs décès, et aux plusieurs milliers de personnes rendues handicapées à cause de leurs blessures. Ce serait aussi une menace sérieuse envers la sécurité nationale », ont poursuivi les évêques dans leur lettre de 17 pages, adressée au président. « Nous espérons que votre gouvernement réalisera la léthargie actuelle et la lenteur des enquêtes, qui semblent révéler un coup monté destiné à protéger certains individus et à éviter de révéler la vérité. Nous espérons que vous réagirez en agissant rapidement pour déterminer toutes les causes de ce massacre, et d’assurer que justice soit faite aux victimes dès que possible », ont-ils souligné.

« Ainsi seulement nous saurons que vous défendez la vérité et la justice et la protection de l’État de droit, et non des intérêts politiques », ont ajouté les signataires de la lettre. « Nous voulons vous informer que si la vérité et la justice ne peuvent être assurées et que cette affaire est gérée superficiellement, nous serons forcés autrement. Nous espérons que vous réagirez en urgence et que vous fournirez une réponse crédible d’ici un mois maximum. » Le gouvernement a nié toute léthargie concernant les enquêtes, en affirmant que presque 700 personnes ont été arrêtées et qu’il est prêt à engager les poursuites judiciaires. Neuf kamikazes affiliés au groupe islamiste local National Thowheed Jamath ont visé trois églises et trois hôtels de luxe lors des attentats de 2019.

(Avec Ucanews)

Crédit : Dennis Sylvester Hurd / CC0 1.0