Eglises d'Asie

Les évêques sri-lankais appellent Colombo à protéger les plantations de l’esclavage moderne

Publié le 04/07/2023




Le 30 juin à Borella, une banlieue de Colombo, l’Église catholique sri-lankaise a organisé une conférence au siège de la Caritas nationale, afin de marquer les 200 ans depuis l’arrivée des premiers ouvriers tamouls au Sri Lanka, amenés dans l’île par les Britanniques en 1823. Pour le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo, cet anniversaire est une occasion de parler des conditions d’esclavage moderne dans lesquelles vivent toujours leurs descendants. « Ils doivent être traités de telle manière que leur dignité soit protégée. »

Le cardinal Ranjith et les évêques de Kurunegala, Kandy, Badulla, Galle et Ratnapura, le 30 juin à Borella (Colombo).

Cette année, le Sri Lanka célèbre le 200e anniversaire depuis l’arrivée des premiers ouvriers tamouls dans l’île en février 1823, amenés par les autorités coloniales britanniques depuis le sud de l’Inde afin de travailler dans les plantations et fournir à ces dernières une main-d’œuvre bon marché. Pour l’Église catholique sri-lankaise, c’est une occasion de parler des conditions d’esclavage moderne dans lesquelles leurs descendants se retrouvent toujours deux siècles plus tard, et de demander au gouvernement sri-lankais de prendre des mesures afin de leur garantir la dignité qu’ils méritent.

Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, l’a rappelé lors d’une conférence organisée au siège de Caritas Sri Lanka-SEDEC (Centre de développement socio-économique), à Borella, en périphérie de Colombo, la capitale. Il était accompagné de Mgr Justin Gnanapragasam, évêque de Jaffna, qui préside la Commission pour la justice, la paix et le développement humain de la Conférence épiscopale sri-lankaise.

Plusieurs évêques de diocèses couvrant les régions de plantations étaient également présents. Les évêques de Kurunegala, Kandy, Badulla, Galle et Ratnapura ont évoqué des problèmes importants qui sont toujours rencontrés par ces communautés dans ces régions, notamment en termes d’éducation, de santé, de revenu et de logement, sans compter la question de leur héritage culturel.

« Il y a 200 ans, ils ont été les premières victimes d’un type d’esclavage qui continue »

« Il y a deux cents ans, les ouvriers des plantations ont été les premières victimes d’un type d’esclavage qui continue toujours aujourd’hui sous la forme d’un néo-colonialisme », a affirmé le cardinal Ranjith. « Ils ne sont pas payés convenablement et sont parfois embauchés comme cuisiniers sans recevoir de logement adéquat », a-t-il ajouté. Selon lui, à l’origine, les « planteurs blancs » ont transmis leur culture aux planteurs locaux, ainsi les compagnies actuelles locales continuent d’exploiter les ouvriers de la même manière.

De plus, pour le cardinal, les problèmes actuels des communautés locales ne peuvent être résolus simplement en fournissant un logement, en réparant les routes ou en construisant des sanitaires. Pour l’archevêque de Colombo, ceux qui sont au pouvoir doivent s’efforcer de comprendre comment vivent ces gens, les sacrifices qu’ils font et les faibles salaires qu’ils touchent. « Ces ouvriers devraient être acceptés sans crainte et traités de telle manière que leur dignité humaine soit protégée. »

En parlant aux médias locaux des conditions sur le terrain, les évêques sri-lankais ont souligné que les plantations ne fournissent pas aux Tamouls le moyen de sortir de leur situation actuelle. Pour cette raison, ils ont à nouveau appelé le gouvernement actuel à agir rapidement. « Nous demandons que les autorités prennent des mesures concrètes afin d’assurer qu’ils [les ouvriers des plantations] puissent vivre comme des citoyens du Sri Lanka, avec le respect qu’ils méritent », a confié Mgr Harold Anthony Perera, évêque de Kurunegala, président de la Conférence épiscopale sri-lankaise.

« Il y a quelques années, le gouvernement a décidé que le salaire journalier des ouvriers des plantations devait être d’un millier de roupies, mais ce n’étaient que des paroles en l’air », a regretté Mgr Valence Mendis, évêque de Chilaw, qui a assuré que « certains ont même vu leur nombre de jours travaillés se réduire, donc ils touchent une misère ». Bien que la plupart des plantations soient privées, selon lui, le gouvernement doit protéger ceux qui y vivent. Il a reconnu que près de 40 000 logements ont été construits l’an dernier pour eux, bien que tous n’aient pas été attribués.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews