Eglises d'Asie

Les habitants de Cox’Bazar manifestent pour le départ des Rohingyas

Publié le 07/03/2019




Le 4 mars, près de 5 000 habitants de la région de Cox’s Bazar, dans le sud-est du Bangladesh, ont manifesté pour demander le rapatriement rapide des musulmans Rohingyas. Près d’un million d’entre eux sont encore réfugiés dans les camps, pour la plupart originaires de l’État d’Arakan (Rakhine), en Birmanie. Les manifestants demandent également une sécurité renforcée, affirmant que la situation est devenue dangereuse. Sayed, qui représente les Rohingyas du camp de Kutupalong, a quant à lui envoyé un message de remerciement à leurs hôtes, assurant qu’ils ont l’intention de partir dès que la situation sera favorable dans leur pays.

Le 4 mars, des milliers de résidents de la ville de Cox’s Bazar, dans le sud-est du Bangladesh, ont pris part à une manifestation demandant le rapatriement rapide des musulmans Rohingyas en Birmanie, et davantage d’emplois au sein des organisations qui interviennent auprès des réfugiés des camps alentour. Près de 5 000 personnes, brandissant pancartes et bannières affichant leurs revendications, ont ainsi bloqué l’autoroute entre Cox’s Bazar et Teknaf durant presque deux heures, dans la région de Koat Bazar à Ukhiya, à proximité des camps de réfugiés. Ils ont formé une chaîne humaine en arrêtant les véhicules, et en listant leurs demandes en quatorze points. Outre le retour rapide des Rohingyas en Birmanie, ils ont appelé à protéger les camps avec des clôtures de barbelés, tout en demandant des opportunités d’emplois auprès des ONG actives dans la région. La manifestation était organisée par le Comité Odhikar Bastobayon (Défense des droits). La police est allée jusqu’à charger la foule avec des matraques afin de disperser les manifestants, qui ont répondu avec des jets de briques. Au moins 16 personnes, dont deux policiers, ont été blessées lors des affrontements. Les manifestants ont également détruit cinq véhicules, dont deux appartenant à la police. Sharif Azad, l’un des responsables du comité organisateur, affirme que les Rohingyas représentent une menace pour la communauté locale. « Quand ils se sont enfuis de Birmanie en 2017, nous les avons accueillis les bras ouverts. Mais aujourd’hui, ils sont devenus une menace », ajoute Sharif Azad, un musulman bangladais.

« Leurs demandes sont illogiques »

« Récemment, un médecin et un imam ont été tués par des Rohingyas. La nuit, ils sortent des camps et s’engagent dans des activités illégales et des actes de délinquance. Les camps doivent être clôturés, et il faut renforcer la surveillance dans les camps », poursuit Sharif, qui affirme que beaucoup de Bangladais habitant dans la région ont du mal à trouver un emploi, alors que les Rohingyas gagnent de l’argent en travaillant pour les ONG. « Des milliers d’entre eux travaillent pour les organisations humanitaires qui interviennent auprès d’eux, ce qui est illégal et immoral. Si cela continue, notre sentiment de frustration ne va faire qu’empirer », ajoute-t-il. Muhammad Kamal Hossain, qui représente le gouvernement à Cox’s Bazar, a repoussé les demandes des manifestants, les trouvant « illogiques ». « Nous avons déjà contacté les ONG locales et internationales, en leur demandant si elles pouvaient employer la population locale, et beaucoup de gens ont trouvé du travail auprès d’eux », explique Muhammad Hossain. « Les demandes des manifestants ne sont pas logiques. La sécurité a toujours été rigoureuse dans les camps, et cela continuera. »

Mazharul Islam, engagé auprès de la Caritas bangladaise, assure que la plupart des ONG soutiennent la communauté locale. « La plupart des ONG emploient la population locale à hauteur de 30 à 60 % de leur personnel, mais elles ne peuvent employer des personnes non qualifiées pour des emplois techniques tels que les ingénieurs, les médecins ou les infirmiers. Près de 60 % de notre personnel vient de la communauté locale », explique-t-il. Mazharul reconnaît que certains Rohingyas quittent les camps durant la nuit, et qu’il faudrait imposer davantage de contrôles. Muhammad Sayed, qui représente les Rohingyas du camp de Kutupalong, a quant à lui envoyé un message de remerciement à leurs hôtes. « Nous sommes reconnaissants envers le peuple bangladais, en particulier le gouvernement et les habitants de Cox’s Bazar, pour nous avoir accueillis et pour leur soutien », a-t-il déclaré. « Nous ne voulons pas rester ici éternellement, et nous ne voulons pas causer de torts à qui que ce soit. Dès que la situation sera favorable dans notre pays, nous partirons », a-t-il assuré. Les Rohingyas ont vécu en Birmanie durant plusieurs siècles, mais beaucoup de Birmans les considèrent comme des immigrants illégaux venus du Bangladesh. Aujourd’hui, la région de Cox’s Bazar accueille plus d’un million de réfugiés Rohingyas, pour la plupart originaires de l’État d’Arakan (Rakhine).

(Avec Ucanews, Dhaka)


CRÉDITS

Abdul Aziz / Ucanews