Eglises d'Asie – Thaïlande
Les inégalités économiques augmentent avec la crise sanitaire en Thaïlande
Publié le 14/07/2021
La crise sanitaire, qui a lourdement affecté l’économie thaïlandaise, largement dépendante du tourisme, a contribué à aggraver le fossé entre les plus riches et les plus pauvres, dans un des pays les plus inégalitaires au monde. Alors que plusieurs millions d’habitants ont dû survivre sans aucune source de revenus durant plusieurs mois voire près d’un an, les 50 Thaïlandais les plus riches ont vu leur richesse combinée grossir d’environ 28 milliards de dollars US au cours de l’année, selon le dernier classement Forbes des milliardaires. Les 50 milliardaires les plus riches de Thaïlande, dont la richesse collective a grandi de près de 20 % durant la pandémie, possèdent un total d’environ 160 milliards de dollars d’actifs, selon les estimations. Par ailleurs, plusieurs millions de Thaïlandais démunis ont perdu leur travail, et beaucoup d’entre eux se retrouvent fortement endettés et incapables de s’en sortir. Tous les jours, de nouvelles photos sont publiées sur les réseaux sociaux, montrant des habitants forcés de faire la queue devant les distributions alimentaires gratuites, dans des anciennes destinations touristiques comme la ville balnéaire de Pattaya, dont la plupart des commerces ont été fermés durant plus d’un an.
Le nombre de personnes sans abri a également sensiblement augmenté dans la capitale. « Il y a plusieurs sans-abri devant le 7-Eleven [une enseigne locale de commerces de proximité] près de chez moi [dans le centre de Bangkok] », confie James Watson, un anglais expatrié à la retraite. « Il y en a toujours plus, toutes les semaines. L’autre jour, j’ai vu un vieil homme marcher avec une canne, en transportant un sac à roulettes contenant toutes ses possessions. Il semblait presque trop découragé pour mendier », déplore-t-il. Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, le taux de suicides a augmenté en Thaïlande. Plusieurs récits déchirants ont été partagés sur les réseaux sociaux ces derniers jours, à propos de personnes ayant décidé de mettre fin à leurs jours à cause de leur situation financière. Dans un cas, une jeune chanteuse, ne parvenant pas à trouver du travail durant les longues périodes de confinement, s’est suicidée dans le parking d’un centre commercial de Bangkok. Dans une autre affaire, un homme de 84 ans s’est donné la mort dans la capitale en sautant d’un immeuble, après le décès de sa fille de 57 ans à cause du Covid-19.
« Les habitants de mon quartier meurent de faim »
Les confinements et les restrictions sanitaires, imposés par le gouvernement contre la pandémie, ont également ruiné de nombreux petits commerces familiaux et entraîné un record de chômage dans le pays, considéré comme la seconde économie du Sud-Est asiatique. Alors qu’un nouveau confinement de deux semaines avec couvre-feu a été imposé à Bangkok et ses environs le 12 juillet, les commerces, y compris les restaurants et les boutiques, devraient subir encore davantage de pertes financières au cours des prochaines semaines. Toutefois, les familles thaïlandaises les plus riches, qui possèdent leurs propres centres commerciaux et leurs chaînes de magasins, semblent avoir bien supporté la crise sanitaire, selon le classement publié par Forbes. Les cinq hommes les plus riches du pays auraient augmenté leur fortune de 13,6 milliards de dollars au cours de l’année dernière, alors que les 1 % les plus riches de Thaïlande possèdent plus des deux tiers des richesses du pays – sur une population de 69 millions d’habitants.
Bien que la Thaïlande ait pu réduire le niveau de pauvreté dans le pays au cours des dernières décennies, la tendance s’est inversée depuis 2014, après le coup d’État militaire. Depuis, le taux de pauvreté a à nouveau commencé à augmenter, selon la Banque mondiale. « Entre 2015 et 2018, le taux de pauvreté en Thaïlande a augmenté de 7,21 % à 9,85 %, et le nombre de personnes en situation de pauvreté a augmenté de 4,85 millions à plus de 6,7 millions », indiquait un rapport de la Banque mondiale publié en mars 2020, juste avant la pandémie. Depuis la publication du rapport, le taux de pauvreté a vraisemblablement continué d’augmenter. « Les habitants de mon quartier meurent de faim », assure Boonrak Boonma, qui travaillait comme femme de ménage dans un hôtel de la capitale avant la crise sanitaire, et qui vit dans un bidonville de Bangkok. « Notre situation semble sans espoir, nous ne savons plus quoi faire. »
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews