Eglises d'Asie – Bangladesh
Les jeunes catholiques bangladais rassemblés à Chittagong pour la Journée nationale de la jeunesse
Publié le 22/01/2020
Près de quatre cents jeunes de tout le Bangladesh ont participé à la 35e Journée nationale de la jeunesse, organisée du 15 au 18 janvier au sanctuaire Notre-Dame de Lourdes de Diang (dans une région forestière de l’archidiocèse de Chittagong, dans le sud-est du pays). L’événement était organisé à l’initiative de la commission épiscopale bangladaise pour la jeunesse (ECY) sur le thème « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi » (Lc 7, 14), qui sera également le thème des Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne en 2022. Milisha Anna Gomes, âgée de 21 ans, originaire du diocèse de Rajshahi, était parmi eux. « Je pense que Jésus Christ appelle la jeunesse à s’éveiller. Nous sommes trop préoccupés par les soucis du monde. Nous ne prions pas, nous ne passons pas suffisamment de temps avec la famille et les amis. C’est pourquoi notre être intérieur doit se réveiller. Je suis reconnaissante envers les organisateurs qui m’ont permis de comprendre cela », confie la jeune femme, qui se dit prête à progresser pour mieux « servir l’Église et la société ». « Je comprends que ma vie est un don de Dieu. Elle est faite pour servir les autres, et non pour moi-même. J’aimerais travailler dans l’administration publique pour que je puisse servir des personnes de toutes confessions religieuses », explique-t-elle. Mariam est loin d’être la seule, parmi les jeunes pèlerins, à ressentir un sentiment d’éveil.
Rumon Tirke, 20 ans, étudiant à l’université dans le diocèse de Dianjpur, assure qu’il se voit comme « un homme nouveau ». « J’ai appris beaucoup de choses sur le mariage et la vie consacrée, sur la Bible et la foi chrétienne », explique-t-il. « Les intervenants nous ont encouragés à être plus actifs dans l’Église. Ils nous ont fait sentir que nous faisons partie de la communauté chrétienne. Maintenant, c’est à nous de faire de notre mieux pour l’Église et le peuple de Dieu. » Shireen Akhter, vice-rectrice de l’université de Chittagong, était l’invitée d’honneur de l’événement. « J’ai été très impressionnée par l’organisation », confie-t-elle. « Au Bangladesh, la communauté chrétienne est vraiment petite, mais sa contribution est très importante. » Mgr Lawrence Subrato Howlader, évêque de Barisal et président de la commission épiscopale pour la jeunesse (ECY), ajoute que « les jeunes veulent rester éveillés, et non s’endormir ». « Ils veulent nouer de nouvelles amitiés. Ils peuvent faire un travail incroyable auprès des personnes âgées. Je les invite à être prêts à servir. Ils sont le présent et l’avenir de l’Église », assure-t-il. « Nous avons parlé des valeurs de l’Église catholique et de la Bible », souligne le frère Ujjal Placed Pereira, secrétaire de l’ECY. Il estime que le rassemblement était « à la fois une célébration et un pèlerinage ». « Les jeunes sont venus de tout le pays : ils ont prié, chanté et dansé ensemble. Nous espérons que le programme de cette année portera des fruits pour eux. »
« Nous souffrons d’un manque d’unité et de collaboration »
Dans le programme de la rencontre, une procession autour de Diang, un chapelet et un chemin de croix, ainsi que des groupes de partage et des présentations culturelles étaient proposés. L’accent a également été mis sur des thèmes comme la lecture et l’étude de la Bible, les sept sacrements, l’orientation professionnelle et la cyberdépendance. « Aujourd’hui, les jeunes traversent de nombreuses difficultés dans leur vie sociale et morale, et souvent, ils souffrent d’un complexe d’infériorité voire de dépression. Nous avons essayé de parler des différents problèmes auxquels ils sont confrontés, et nous avons parlé de différentes problématiques sociales et nationales comme l’environnement, la culture et l’addiction – ils doivent être préparés et être capables de poser des actions décisives », estime le frère Ujjal Pereira. Il ajoute que le fossé générationnel se creuse, et que beaucoup de jeunes talentueux cherchent à émigrer en Europe ou en Amérique du Nord après leurs études, ce qui affecte la société bangladaise et l’Église, regrette-t-il. « Nous souffrons d’un manque d’unité et de collaboration entre les jeunes et les plus âgés, ainsi que des migrations croissantes à l’étranger. » Pesina Piali Mrong, 22 ans, une catholique de l’ethnie Garo, du diocèse de Sylhet, participait à l’événement pour la deuxième fois. Elle confie que « comparé à l’an dernier, les échanges étaient particulièrement marquants ». « Ces questions sociales, culturelles et morales sont très importantes pour nous, mais souvent, les jeunes ne comprennent pas qu’ils peuvent jouer un rôle majeur », ajoute-t-elle, tout en regrettant qu’il n’y ait rien eu sur les questions des droits des populations indigènes, dont elle fait partie. « Les minorités ethniques sont souvent négligées, opprimées, et doivent défendre leurs droits. » Les chrétiens représentent moins d’1 % de la population, majoritairement musulmane, sur plus de 160 millions d’habitants. La plupart des quelque 600 000 chrétiens du pays sont catholiques, dont plus de la moitié viennent des minorités ethniques. La Journée nationale de la jeunesse bangladaise est organisée comme une célébration de l’Église locale et une étape préparatoire avant les JMJ.
(Avec Asianews et Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Archidiocèse de Chittagong