Eglises d'Asie

Les minorités religieuses bangladaises appellent à retirer le 8e amendement déclarant l’islam comme religion d’État

Publié le 12/06/2021




Le 9 juin, les responsables du Conseil pour l’unité hindoue, bouddhiste et chrétienne du Bangladesh (BHBCUC) ont marqué la « Journée Noire » commémorant le 8e amendement de la Constitution (9 juin 1988), quand l’islam a été choisi comme religion d’État. Depuis, les minorités religieuses appellent à retirer l’amendement. « Constitutionnellement, le Bangladesh est un pays laïc, mais avec l’islam comme religion d’État. C’est une contradiction », explique Nirmol Rozario, catholique et président du BHBCUC.

Le 9 juin, les responsables religieux hindous, bouddhistes et chrétiens du Bangladesh ont marqué une « Journée Noire », afin de commémorer le 9 juin 1988, jour où le pays adopté officiellement l’islam comme religion d’État dans le cadre du huitième amendement de la Constitution bangladaise. Le Conseil pour l’unité hindoue, bouddhiste et chrétienne du Bangladesh (BHBCUC) marque cette journée chaque année le 9 juin. Cette année, une rencontre a eu lieu en ligne en raison des conditions sanitaires au Bangladesh ; les représentants de la plus grande organisation défendant les droits des minorités religieuses dans le pays ont ainsi renouvelé leur appel à annuler le 8e amendement. « Cet amendement a planté les semences d’une politique intolérante », regrette Nirmol Rozario, catholique et président du BHBCUC. « Dans un pays où les hindous, les bouddhistes et les chrétiens vivent aussi comme citoyens bangladais, une seule religion ne peut pas être déclarée comme religion d’État. Nous dénonçons cela », déplore-t-il. Constitutionnellement, ajoute-t-il, « le Bangladesh est un pays laïc, mais avec une religion d’État, l’islam ».

« Nous demandons la création d’une commission pour protéger les minorités »

« C’est clairement une contradiction. Si cette situation continue, l’extrémisme islamique et le communautarisme finiront par causer de graves problèmes », souligne Nirmol Rozario. Lors de la rencontre virtuelle du 9 juin, Sultana Kamal, avocate et militante pour les droits de l’homme reconnue au Bangladesh, a rappelé que la laïcité avait été défendue dès la naissance du Bangladesh en 1971, lors d’une guerre sanglante. C’est pourquoi elle s’est demandé pourquoi la Première ministre actuelle, Sheikh Hasina (fille de Mujibur Rahman, considéré comme le père de la nation bangladaise) ne condamne pas une telle discrimination. « En général, les Constitutions sont amendées pour les améliorer, mais dans notre pays, en 1988, cela a été fait pour favoriser un seul groupe religieux. » Dans ce contexte, le secrétaire général du BHBCUC, Rana Dasgupta, a appelé à créer une commission spéciale pour assurer la sécurité des minorités dans le pays. « Les minorités religieuses sont souvent persécutées par le groupe majoritaire. Pour notre sécurité, nous demandons avec insistance de créer un ministère des minorités et une commission spéciale pour les minorités religieuses. »

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews