Eglises d'Asie – Chine
Les Mongols de Chine manifestent alors que Pékin s’attaque à leur langue en Mongolie intérieure
Publié le 03/09/2020
Parmi les dernières mesures lancées par le président chinois Xi Jinping dans le cadre de sa « Révolution culturelle » du XXIe siècle, particulièrement répressive, Pékin s’attaque désormais à la Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine, après le Tibet et le Xinjiang. Face aux tentatives de réprimer la langue locale des Mongols de Chine, des manifestations ont été organisées, en Mongolie intérieure ainsi qu’à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Cela fait partie d’un vaste programme affectant plusieurs dizaines de personnes, et qui semble destiné à mettre fin à un processus qui remonte à plus de 70 ans, autorisant les minorités ethniques, notamment en périphérie de la République populaire de Chine, d’être éduquées dans leurs langues maternelles. Le nouveau programme, lancé le 1er septembre, change la langue enseignée pour la première année d’école primaire et pour la première année de lycée, en remplaçant le mongol par le mandarin. La Mongolie intérieure a été nommée officiellement « région autonome » à l’instar des régions autonomes du Tibet et du Xinjiang. Pourtant, la région semble tout sauf autonome – tout comme les deux autres territoires affectés –, le nouveau statut semblant imposer un contrôle plus strict encore par Pékin, plutôt que d’accorder davantage de libertés aux minorités ethniques. Les activistes mongols, dans la région et à l’étranger, nomment depuis longtemps la région comme « Mongolie du Sud », bien que la Mongolie intérieure ait été pleinement intégrée à la Chine depuis plusieurs siècles.
5 millions de Mongols en Mongolie Intérieure
Les quelque cinq millions de Mongols qui vivent dans la province – sur près de 25 millions d’habitants, selon le recensement de 2010 – sont plus nombreux que les Mongols vivant dans l’État indépendant de Mongolie, au nord de la Mongolie intérieure, où vivent près de 3,17 millions d’habitants. Le centre d’information sur les droits de l’homme en Mongolie du Sud (SMHRIC), basé aux États-Unis, a souligné que le 23 août, les autorités chinoises ont fait fermer Bainu, le seul réseau social en langue mongole basé en Chine. Bainu comptait près de 400 000 utilisateurs en Mongolie intérieure. La mesure a été annoncée après l’intervention de plusieurs activistes Mongols, qui ont manifesté leur colère sur le réseau social, à propos des projets de Pékin de réprimer l’éducation en langue mongole dans la région. « La Mongolie du Sud est rapidement devenue un État policier au cours des derniers jours, face aux tensions qui montent entre le gouvernement et les Mongols, qui s’attendent à être privés du dernier symbole de leur identité nationale, la langue mongole », a écrit un blogueur nommé Nasandelger sur un groupe WeChat.
Selon SMHRIC, Tsakhia Elbegdorj, ancien président de Mongolie, a également publié une déclaration vidéo, en appelant le gouvernement chinois à respecter le droit des Mongols du Sud à utiliser leur propre langue. « Je soutiens fermement le mouvement lancé par les Mongols du Sud afin de sauver la langue mongole. Où que vous viviez, tant que vous êtes des Mongols, vous devriez rejoindre ce mouvement. Sans la langue mongole, on ne peut plus parler de nation mongole à proprement parler. Perdre votre langue, c’est perdre votre identité », a-t-il déclaré. Les manifestations en Mongolie intérieure ont également été motivées par des informations sur des camps d’internement au Xinjiang, Territoire autonome du nord-ouest de la Chine, où vivent de nombreuses minorités ethniques dont les Ouïghours. « La construction de ces camps spécialement conçus et hautement sécurisés – dont certains sont capables d’interner plusieurs dizaines de milliers de personnes – met en évidence un tournant radical, en comparaison avec un premier usage de bâtiments publics, comme des écoles et des maisons de retraite, comme centres de détention », indique le rapport de l’organisation américaine SMHRIC. Cette dernière identifie plus de 260 structures de détention de masse, construites depuis 2017, qui ressemblent à des centres de détention fortifiés, avec au moins un centre dans chaque comté du Xinjiang. Durant la Révolution culturelle chinoise (1966-1976), menée par Mao Zedong et la Bande des Quatre (qui comprenait sa quatrième et dernière épouse, Jiang Qing), le Parti communiste chinois s’est vivement attaqué à la culture Han. Aujourd’hui, presque cinquante ans plus tard, Xi Jinping tente de réprimer ce qui reste des cultures des minorités chinoises.
(Avec Ucanews)
Crédit : CC0