Eglises d'Asie

Les parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme dénoncent l’exécution de quatre prisonniers politiques

Publié le 27/07/2022




Le groupe APHR, composé de parlementaires de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et soutenant les droits de l’homme dans la région, a fermement réagi à la condamnation de quatre prisonniers politiques par la junte birmane, dont Phyo Zeya Thaw, ancien député du parti d’Aung San Suu Kyi. « La communauté internationale doit voir cela comme un signe de plus de la véritable nature du régime de terreur que les militaires birmans tentent d’imposer dans le pays », a notamment déclaré une ancienne avocate indonésienne, membre de l’APHR.

Le groupe des parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme a fermement condamné l’exécution de quatre prisonniers politiques par la junte militaire birmane.

Les membres de l’APHR, le groupe des parlementaires de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) pour les droits de l’homme, ont fermement condamné l’exécution de quatre prisonniers politiques par la junte militaire birmane comme un « acte de barbarisme judiciaire ». Les médias officiels birmans ont annoncé que la peine capitale aurait lieu à une date non précisée dans la prison d’Insen (située au nord-ouest de Rangoun).

Il s’agissait des premières exécutions depuis 1988, et la décision des autorités birmane a suscité l’indignation de la communauté internationale et des opposants dans le pays. Les quatre accusés ont été condamnés pour avoir mené des « actes terroristes brutaux et inhumains », selon le journal officiel Global New Light of Myanmar. Parmi eux, on comptait Kyaw Min Yu, également surnommé « Jimmy », écrivain et figure de la génération du soulèvement étudiant de 1988, et Phyo Zeya Thaw, ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti fondé par la dirigeante déchue Aung San Suu Kyi.

« Ces exécutions ne sont rien d’autre que des pitoyables actes de barbarie commis par une junte brutale, qui n’a pas hésité à s’engager dans une guerre contre la population birmane afin de consolider son pouvoir », a dénoncé Eva Sundari, une ancienne avocate indonésienne et membre de l’APHR. « La communauté internationale, et en particulier les membres de l’Asean, doivent voir ces assassinats commis de sang-froid comme un signe de plus de la véritable nature du régime de terreur que les militaires birmans tentent d’imposer dans le pays », a-t-elle ajouté.

L’APHR est un forum composé de parlementaires anciens et actuels de différents pays d’Asie du Sud-Est, qui cherchent à défendre les droits de l’homme et la démocratie dans la région. Près de 76 prisonniers birmans sont actuellement condamnés à mort dans le pays dont deux enfants, tandis que 41 autres personnes ont été condamnées à la peine capitale par contumace, selon le groupe AAPP (Association pour l’assistance des prisonniers politiques).

« Il est évident que ces exécutions ont été menées sans justice »

Depuis le coup d’État du 1er février 2021, au moins 2 114 personnes ont été tuées par le Conseil d’administration de l’État (nom officiel du régime depuis un an et demi), dirigé par le général Min Aung Hlaing, au cours de sa campagne destinée à réprimer une large opposition civile. Selon le groupe parlementaire APHR, ces condamnations doivent être vues comme une tentative de « couvrir les assassinats politiques ». « Pourtant, il est évident que ces exécutions ont été menées sans justice, par des tribunaux militaires qui ont organisé des procès sans aucun respect du processus légal », a ajouté le groupe.

« Il est clair que ces condamnations doivent servir d’exemple pour faire peur aux principaux représentants des forces démocratiques et de l’opposition politique à la junte. Nous croyons que tous ceux qui sont accusés par la junte militaire sont jugés en secret par des procès injustes et partiaux, sans protections juridiques garanties », a dénoncé Tom Villarin, ancien parlementaire philippin et membre de l’APHR. « Beaucoup de prisonniers politiques sont victimes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants, et aujourd’hui, il y a plusieurs dizaines de prisonniers politiques qui sont toujours dans les prisons birmanes et qui pourraient être exécutés à tout moment. »

De son côté, Charles Santiago, président du groupe et parlementaire malaisien, estime que ces exécutions politiques font s’enfoncer encore davantage la Birmanie, alors que les régimes militaires précédents n’avaient pas osé aller jusque-là. « Même le régime qui a dirigé le pays de 1988 à 2011 n’a pas exécuté de prisonniers politiques. Cela montre la nouvelle brutalité de la junte, qui n’est pas sans lien avec un sentiment d’impunité largement provoqué par l’échec de la communauté internationale à imposer des mesures efficaces pour empêcher que d’autres atrocités soient commises », a-t-il souligné.

Pour l’APHR, ces exécutions prouvent que la junte refuse tout dialogue

Le groupe APHR pense également que ces exécutions prouvent que le Conseil d’administration de l’État (SAC) du général Min Aung Hlaing n’a pas l’intention de s’engager dans un véritable dialogue politique avec les forces prodémocratie menées par le Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil. « Un tel dialogue, qui est pourtant l’un des points essentiels du consensus en cinq points signé entre les États membres de l’Asean et la junte de Min Aung Hlaing en avril 2021, n’a jamais été concrétisé. » Le forum parlementaire insiste pour que la Birmanie cesse immédiatement les violences contre les manifestants et les bombardements des villages.

Pour le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, au cours de cette guerre menée contre son propre peuple, l’armée birmane commet « des violations et des abus systématiques et généralisés contre les droits de l’homme » qui constitue « des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Kasit Piromya, ancien parlementaire et ancien ministre des Affaires étrangères thaïlandais, souligne également que la junte militaire doit assumer les conséquences pour avoir violé honteusement son engagement à cesser les violences, et que les membres de l’Asean doivent repenser sérieusement leur approche sur la crise birmane. « Tout d’abord, ils doivent commencer par mettre la pression sur le SAC en imposant des sanctions ciblées, afin de montrer à Min Aung Hlaing et ses hommes qu’ils ne peuvent pas commettre ces crimes en toute impunité. »

(Avec Ucanews)