Eglises d'Asie – Malaisie
Les prochaines élections générales malaisiennes, un test pour la coalition au pouvoir
Publié le 16/11/2022
Les électeurs malaisiens doivent se rendre dans les bureaux de vote ce samedi 19 novembre afin d’élire les 222 membres de la Dewan Rakiat (Chambre des représentants), la chambre basse du Parlement fédéral. Les élections pourraient remettre sur le devant de la scène la crise traversée par le Barisan National (Front national ou BN), une alliance de différents partis dont l’Umno (Organisation nationale des Malais unis), qui a dominé la politique malaisienne après son indépendance.
L’alliance BN fait face à deux autres coalitions : Pakatan Harapan (Alliance de l’espoir, PH), et Perikatan Nasional (Alliance nationale, PN). Cette dernière est fortement nationaliste et dominée par le parti Pribumi Bersatu Malaysia (Parti unifié indigène de Malaisie), qui est le parti de l’ancien Premier ministre Mohyiddin Yasin.
Pour une fois, les divisions ethniques, religieuses, territoriales ou idéologiques traditionnelles pourraient jouer un moindre rôle entre les différentes alliances rivales. Historiquement, la politique du Barisan National attire en général le soutien des régions rurales, ainsi que les musulmans de l’ethnie malaise, qui représentent près de 62,5 % de la population sur environ 33,5 millions d’habitants.
Toutefois, cette fois-ci, l’alliance pourrait perdre contre d’autres partis orientés de façon plus libérale et laïque. Les orientations de vote parmi les habitants d’ethnie chinoise, indienne et indigène pourraient également changer par rapport aux élections précédentes.
Des élections décisives pour deux personnalités politiques malaisiennes
De façon presque certaine, ces élections générales seront décisives pour deux personnalités qui ont marqué la politique malaisienne durant des décennies. Tout d’abord l’illustre doyen de la classe politique du pays, Mahathir Mohamad, âgé de 97 ans, qui a servi comme Premier ministre à plusieurs reprises. Pour ces élections, il dirige un parti créé l’an dernier, appelé Gerakan Tanah Air (Mouvement de la patrie, ou GTA). Avec son « Programme pour une nouvelle Malaisie », il s’est engagé à débarrasser le pays de la corruption et des abus de pouvoir.
De son côté, Anwar Ibrahim, 75 ans, dirige le parti Keadilan Rakyat (Parti de la justice du peuple, ou PKR) et bénéficie de soutiens importants à Kuala Lumpur, la capitale. Il espère le retour de l’alliance Pakatan Harapan, don dépend son parti. Durant des années, il a fait face à des poursuites judiciaires jusqu’à être condamné à plusieurs années de prison et à être banni de la vie politique.
Une des économies les plus stables de la région
Beaucoup craignent l’impact d’une certaine volatilité et instabilité politique dans le pays, qui jouit pourtant d’une des économies les plus stables de la région et de relations diplomatiques sérieuses. L’économie malaisienne montre en effet des signes positifs. La plupart des indicateurs économiques annoncent une reprise postpandémie plutôt qu’une crise prolongée – ce qu’on pouvait craindre avec des pénuries de main-d’œuvre dans l’industrie, l’agriculture, la pêche et le bâtiment (et ce malgré plus de flexibilité vis-à-vis de l’immigration).
Néanmoins, les questions comme l’immigration, le nationalisme et les relations entre les Malais musulmans et les autres groupes ethniques continuent de marquer la vie politique malaisienne, comme elles ont influencé la façon dont les ressources, les emplois et les protections sociales sont distribués. Enfin, la saison de la mousson a fortement affecté six États malaisiens en causant des dégâts importants. Dans de nombreuses régions, cette situation a forcé les partis engagés à suspendre leur campagne électorale, avec un impact inévitable sur les quelque 21,1 millions d’électeurs malaisiens.
(Avec Asianews)