Eglises d'Asie

Les réfugiés rohingyas défendent leurs droits deux ans après le début de la crise

Publié le 27/08/2019




Le 25 août, plusieurs milliers de réfugiés rohingyas ont organisé une manifestation et un temps de prière spécial au Bangladesh, afin de marquer ce qu’ils appellent la « Journée du génocide rohingya » – deux ans jour pour jour après le début de la répression militaire survenue en Birmanie, en août 2017, les forçant à fuir au Bangladesh. Plus de deux cent mille réfugiés se sont rassemblés au camp de Kutupalong, le plus grand parmi la trentaine de camps de réfugiés du district de Cox’s Bazar. Les autorités locales affirment qu’il s’agissait du plus grand rassemblement de réfugiés depuis plusieurs années.

Ce dimanche 25 août, deux ans après le début de la répression militaire en Birmanie contre la minorité rohingya, ces derniers ont marqué la « Journée du génocide » en lançant un appel à la justice à propos des atrocités commises par l’armée birmane. Ils ont également rappelé leurs demandes principales – à savoir la reconnaissance de leurs droits fondamentaux dont la citoyenneté et la liberté de mouvements, ainsi que la paix et la sécurité de leur communauté. Leurs chefs, qui ont déclaré que le rassemblement a permis de renforcer l’unité entre eux, expliquent qu’ils demandent à la communauté internationale de faire pression sur la Birmanie pour que le pays les reconnaisse en tant que minorité ethnique et citoyens. « Les Rohingyas ont fait mémoire de ceux qui ont été tués et abusés aux mains des militaires et des bouddhistes d’Arakan. Ils ont lancé un appel à la justice à propos des violences. Tous les Rohingyas reviendront en Birmanie quand leurs droits y seront garantis », confie Muhib Ullah, coordinateur de la Société rohingya de l’Arakan pour la paix et les droits de l’homme. Selon lui, le peuple rohingya est prêt à dialoguer avec tous, y compris le gouvernement birman, afin de tenter de résoudre la crise actuelle. Le rassemblement s’est déroulé paisiblement et les autorités locales ont assuré la sécurité du mouvement, assure Muhammad Nikaruzzaman, chef du gouvernement local du sous-district d’Ukhiya de Cox’s Bazar, où se trouvent la plupart des camps de réfugiés.

« Les réfugiés ont été autorisés à organiser la manifestation et tout s’est déroulé paisiblement. Ils ont remercié le Bangladesh pour les avoir accueillis, et ils ont également recherché le soutien international pour leur survie et leur retour en Birmanie », ajoute Muhammad Nikaruzzaman. Malgré la légitimité de leurs demandes, rien n’est fait pour y répondre, et un séjour prolongé au Bangladesh risquerait de provoquer des tensions entre les réfugiés, estime Abu Morshed Chowdhury, un militant de Cox’s Bazar. « Au cours des deux dernières années, il n’y a pas eu de véritable solution concrète pour tenter de résoudre le problème. La communauté internationale doit les écouter et s’assurer que leur situation s’améliore. Sinon, ces gens pacifiques risquent de perdre patience et nous risquerions de perdre le contrôle de la situation », ajoute Abu Chowdhury. James Gomes, directeur régional de la Caritas de Chittagong, souligne que « le Bangladesh a fait tout ce qu’il pouvait pour soutenir les réfugiés, et maintenant, la communauté internationale doit écouter leurs demandes sérieusement, pour que la crise puisse cheminer vers une solution acceptable ». Le 22 août, la deuxième tentative de rapatriement de plus de 3 000 réfugiés a échoué suite à leur refus, tant que leurs demandes principales, dont la citoyenneté, ne sont pas acceptées. Plus d’un million de musulmans rohingyas sont encore logés dans les camps bangladais. Ils ont été exclus de la citoyenneté birmane depuis 1982, les rendant apatrides, et ils sont toujours considérés comme des immigrants illégaux par la majorité bouddhiste.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Ucanews