Eglises d'Asie

Les religieuses birmanes redoublent leurs actions caritatives et jouent un rôle significatif dans la résistance civile

Publié le 17/04/2021




Alors que le pays célèbre le nouvel an bouddhique du 13 au 17 avril, les manifestants contre le coup d’État poursuivent leur mouvement. À ce jour, le bilan s’élève à plus de 726 décès et 3 151 arrestations depuis le 1er février, selon l’AAPP, une ONG birmane. Le 14 avril, des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition se sont jointes à des moines bouddhistes auprès de victimes de Mandalay. Le cardinal Bo a également pris la parole une nouvelle fois le 11 avril en envoyant un message de paix : « Ils ont peur, leur esprit est brisé par les violences ; ils ont besoin de paroles de réconfort. »

Le 14 avril, des religieuses ont apporté des aides alimentaires et un soutien moral à des victimes de Mandalay.

Alors que le peuple birman continue de subir la répression militaire contre le mouvement de résistance civile, des religieuses entreprennent courageusement de venir en aide aux plus vulnérables et aux personnes dans le besoin, avec solidarité et amour. Le 14 avril, des membres des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition (SJA) se sont jointes à des moines bouddhistes afin de venir en aide à des victimes de Mandalay, l’une des plus grandes villes du pays. Le 13 avril, 30 maisons d’un quartier majoritairement musulman ont été touchées par un incendie ; les religieuses ont apporté de la nourriture et autres aides essentielles, ainsi qu’un soutien moral. Le 4 avril, elles ont également visité d’autres personnes affectées par des incendies en périphérie de Mandalay. Les sœurs ont apporté des paniers alimentaires, des couvertures, des bâches et des médicaments à près de cinq cents personnes de 130 foyers. Les œuvres caritatives de SJA ont été rendues possibles par la générosité de leurs bienfaiteurs. Ces derniers jours, des incendies ont éclaté à plusieurs reprises sur plusieurs sites, notamment dans des bureaux appartenant à l’administration locale et dans les régions de Rangoun et de Mandalay, en particulier la nuit ou à l’aube. Un couvre-feu est imposé de 20 heures à 4 heures du matin. L’origine des feux reste incertaine. Les sœurs de SJA ont aussi visité deux familles de Mandalay, dont des proches, deux jeunes bouddhistes de 18 et 19 ans, ont été tués par les forces de l’ordre, afin de les consoler et de prier pour les âmes défuntes.

L’exemple de sœur Ann Rose Nu Tawng

Par ailleurs, à Mandalay, les forces de l’ordre se sont attaquées à une ambulance transportant des manifestants blessés, arrêtant un patient et plusieurs médecins. Des célébrités birmanes osant soutenir le peuple sont également arrêtées tous les jours. Richard Horsey, de l’ONG International Crisis Group, a aussi déclaré que « la Birmanie est au bord de la faillite ». Face à la crise politique actuelle, au traumatisme de la population et à la pauvreté, les religieuses birmanes ont redoublé leurs actions humanitaires. Elles ont joué un rôle significatif dans les manifestations actuelles contre le coup d’État et le régime militaire, en participant pacifiquement au mouvement de protestation, en priant dans leurs couvents et en allant devant les églises pour montrer leur solidarité avec le peuple birman. Sœur Ann Rose Nu Tawng a montré l’exemple en affrontant sans peur les forces de l’ordre. En mars, elle est devenue un symbole de paix en s’agenouillant sur la route, à Myitkyina (État Kachin), pour supplier les soldats de ne pas tirer sur des civils désarmés. Son courage a suscité l’attention du pape François, qui a fait part de sa solidarité avec le peuple birman : « Moi aussi, je me mets à genoux dans les rues de Birmanie et je dis : que cesse la violence ! Moi aussi, j’étends mes bras et je dis : que prévale le dialogue ! Le sang ne résout rien. Que prévale le dialogue ! » Thomas Heine-Geldern, président exécutif de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), a salué les images de la religieuse à genoux devant les forces de l’ordre, en faisant part de son émotion. Il a également souligné que le prêtre catholique qui, aux côtés d’un pasteur protestant, est parvenu à négocier le retrait de la police et des manifestants, est un autre exemple significatif. « Espérons que leurs actions apaiseront les cœurs de ceux qui sont au pouvoir », a-t-il ajouté, dans un appel à la paix publié le 5 avril.

« N’ayez pas peur »

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a souligné que « la faim n’est pas le seul problème de notre peuple ». « Ils ont peur, ils sont traumatisés, leur esprit est brisé par les violences. Ils ont besoin de paroles. Des paroles de réconfort », a-t-il ajouté. Le cardinal Bo a également demandé de rendre visite à ceux qui ont perdu des proches : « Ces familles ont besoin de nos paroles. » « Il y a des centaines de personnes qui vivent dans la peur et l’angoisse. Plusieurs milliers de personnes sont en prison. Elles ont toutes besoin de nos paroles d’apaisement, comme Jésus l’a fait pour ses disciples : ‘N’ayez pas peur, je suis avec vous.’ », a poursuivi l’archevêque birman dans un message publié le 11 avril, à l’occasion du dimanche de la Miséricorde Divine. Les catholiques birmans ont organisé des prières spéciales, des veillées d’adoration et des temps de jeûne pour que le pays trouve une solution pacifique à la crise, depuis le coup d’État du 1er février.

Les prêtres, les religieuses et les laïcs du diocèse de Pathein, dans le sud du pays, ont notamment pris part à une veillée pour la paix et pour les victimes du mouvement de protestation, le 12 avril devant la cathédrale Saint-Pierre de Pathein. La Convention baptiste Kachin a également appelé tous les chrétiens à travers le monde à prier pour la fin du régime militaire birman. Le pays enregistre de nouvelles victimes et de nouvelles arrestations tous les jours, avec des militaires et des policiers tirant sur des civils désarmés. Malgré tout, durant le nouvel an bouddhique célébré du 13 au 17 avril, ils ont maintenu leur action pour le festival Thingyan (fête de l’eau). À ce jour, plus de 726 personnes ont été tuées et au moins 3 151 personnes ont été détenues depuis le 1er février, selon l’AAPP, une ONG birmane qui enregistre les victimes et les arrestations quotidiennes.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

SJA / Ucanews