Eglises d'Asie

Les responsables chrétiens malaisiens appellent le nouveau gouvernement à rejeter l’extrémisme

Publié le 26/11/2022




Le 24 novembre à Kuala Lumpur, le nouveau Premier ministre Anwar Ibrahim a prêté serment après des élections législatives chargées d’incertitudes. Le nouveau chef d’État, chef historique de l’opposition, doit encore former un gouvernement alors qu’aucune coalition n’a atteint la majorité au Parlement. À Sarawak (Bornéo), les responsables chrétiens ont appelé à soutenir l’harmonie nationale et à rejeter l’extrémisme.

Le chef de l’opposition Anwar Ibrahim (ici en 2013 à Kuala Lumpur) a prêté serment comme Premier ministre le 24 novembre.

Anwar Ibrahim, leader historique de l’opposition malaisienne et chef du parti Pakatan Harapan (Alliance de l’Espoir), a prêté serment le 24 novembre au Palais national de Kuala Lumpur devant le roi de Malaisie, le sultan Abdullah Ahmad Shah. Désormais, un défi difficile attend le nouveau Premier ministre : former un gouvernement alors qu’aucune des trois principales coalitions du pays n’a atteint la majorité au Parlement lors des élections nationales du samedi 19 novembre.

Le parti d’Anwar Ibrahim a remporté 82 sièges et la coalition Perikatan Nasional (Alliance nationale) a obtenu 73 sièges, tandis que le Front national (Barisan Nasional), la formation dirigée par l’UMNO (Organisation nationale des Malais unis), qui a été à la tête du pays durant près d’un demi-siècle depuis l’indépendance, est arrivée en troisième position avec seulement 30 sièges.

La première tâche du nouveau gouvernement sera de trouver une solution au ralentissement économique et de réduire les tensions qui ont éclaté dans le pays depuis les élections de la semaine dernière.

Réaction des responsables chrétiens de Sarawak

Dans l’État de Sarawak (au nord de l’île de Bornéo), les responsables chrétiens ont appelé le parti local Gabungan Parti Sarawak (Alliance des partis de Sarawak) à ne pas s’associer au Perikatan Nasional, dont la coalition compte le Parti islamique malaisien. Finalement, l’Alliance des partis de Sarawak a annoncé rejoindre la formation du parti Pakatan Harapan. « Ma position, c’est que les extrémistes ne doivent pas être autorisés – et encore moins encouragés et soutenus – à répandre leur haine des autres races et des croyants des autres confessions », a réagi l’évêque anglican Danald Jute.

« Il faut protéger l’harmonie et le respect mutuel à Sarawak », a également souligné Mgr Simon Poh, archevêque catholique de Kuching. « L’extrémisme religieux et le fondamentalisme n’ont pas leur place à Sarawak et en Malaisie », a-t-il poursuivi. « Il nous faut retrouver les valeurs fondatrices défendues par nos pères et fixer des principes nationaux », a-t-il insisté, en faisant référence à une philosophie appelée Rukun Negara (principes nationaux) et similaire à la Pancasila indonésienne.

« Les Églises chrétiennes veulent avant tout assurer l’harmonie »

Cette idée (Rukun Negara) a été formulée dans le pays pour la première fois en 1970, à une époque de tensions sociales et politiques en Malaisie. Pour Mgr Poh, qui dirige l’Association des Églises de Sarawak, l’objectif était de « favoriser et créer une meilleure unité au sein de la société, en préservant un mode de vie démocratique, en contribuant à une société juste où la prospérité du pays pouvait bénéficier à tous, en assurant une approche libérale envers les traditions culturelles riches et variées, et enfin en construisant une société ouverte aux sciences et aux technologies modernes ».

L’évêque a ajouté que « les Églises chrétiennes à Sarawak veulent avant tout assurer l’harmonie et l’acceptation mutuelle, et rejeter tout extrémisme ou fondamentalisme qui menace la cohésion sociale à Sarawak et en Malaisie ».

Les chrétiens malaisiens représentent près de 9 % de la population du pays. Ils sont majoritairement concentrés dans les États de Sabah et Sarawak, et ils ont souvent été marginalisés dans le passé sur le plan politique et économique. Selon les analystes, il est probable qu’Anwar Ibrahim ait été choisi comme nouveau Premier ministre parce qu’il est le seul candidat susceptible d’unir les différentes coalitions. Pour respecter ses promesses de campagne, son parti Pakatan Harapan devra s’engager à traiter tous les Malaisiens dignement, quelles que soient leur origine et leur religion.

(Avec Asianews)