Eglises d'Asie

Les responsables religieux sri-lankais demandent des changements radicaux à l’occasion du 74e Jour de l’indépendance

Publié le 08/02/2022




Le 4 février, les responsables chrétiens et bouddhistes sri-lankais sont intervenus à l’occasion du 74e Jour de l’indépendance, en insistant pour des changements radicaux dans le pays. Parmi eux, le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo, a dénoncé la corruption, la pauvreté et de nouvelles formes d’esclavage dont sont victimes de nombreux habitants.

En février 2020 durant le 72e Jour de l’indépendance du Sri Lanka.

Le 4 février dernier, à l’occasion du 74e Jour de l’indépendance du Sri Lanka, les responsables chrétiens et bouddhistes ont demandé des changements radicaux dans le pays. Parmi eux, le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a confié que de plus en plus de ses concitoyens sont victimes de la pauvreté et de nouvelles formes d’esclavage, ce qu’il impute aux échecs successifs des dirigeants politiques sri-lankais.

« Les actions imprudentes et irréfléchies des dirigeants politiques, passés et actuels, ont entraîné de la méfiance et de profondes divisions entre les différents groupes ethniques et religieux », a déploré l’archevêque sri-lankais. « La corruption a gagné du terrain parmi ceux que nous avons élus comme nos dirigeants, et ils ont manipulé l’État de droit dans leur propre intérêt. Face à une telle situation, les gens ont commencé à se demander si le mot ‘indépendance’ signifiait toujours quelque chose », a-t-il déploré.

Par conséquent, il a décidé de boycotter les célébrations officielles marquant l’anniversaire de l’indépendance du pays, signée en 1948 après 130 ans sous autorité britannique. Le cardinal Ranjith a également renoncé à honorer une célébration spéciale prévue dans l’église de Tous-les-Saints de Borella, en banlieue de Colombo, afin de protester contre l’échec des autorités locales à rendre justice aux victimes des attentats du dimanche de Pâques 2019, et contre le manque de progrès d’une enquête actuelle sur la découverte récente d’une grenade dans l’église.

Des changements nécessaires à l’échelle nationale

« On peut dire que la meilleure façon de protéger les libertés que nous avons obtenues par de tels sacrifices, ce serait d’adopter des changements radicaux à l’échelle nationale », a souligné l’archevêque de Colombo. « Si nous nous engageons tous à travailler ensemble pour cette transformation, ce serait un grand service à rendre à notre patrie. Face à de telles épreuves, tous ceux qui aiment vraiment notre pays devraient entreprendre un véritable examen de conscience et rechercher une transformation totale de notre société, afin de le libérer des conséquences des décisions qui l’ont conduit à l’échec. »

Mgr Dushantha Lakshman Rodrigo, l’évêque anglican de Colombo, est également intervenu à l’occasion du Jour de l’indépendance, pour souligner l’importance d’entamer un processus de création d’une nouvelle Constitution qui puisse représenter toutes les communautés. « Les gens doivent assumer leurs responsabilités dignement plutôt que de les déléguer aux autres », a ajouté Mgr Rodrigo, en insistant pour créer un environnement favorable à la croissance et au développement de chaque enfant sri-lankais.

« Le pays n’a pas pu faire de véritables progrès économiques, politiques et sociaux »

« Tout le monde doit comprendre que le pays n’a pas pu faire de véritables progrès économiques, politiques et sociaux, contrairement à beaucoup d’autres États qui ont acquis leur indépendance durant l’indépendance du Sri Lanka », a souligné de son côté le vénérable Warakagoda Sri Gnanaratana Thera, chef actuel de la branche Asgiriya du Siam Nikaya – un ordre monastique au sein du bouddhisme sri-lankais. Pour le moine bouddhiste, il est indispensable de mettre de côté les différences religieuses et politiques et de travailler en harmonie et avec détermination.

Le 4 février, le président Gotabaya Rajapaksa a déclaré que les Sri-Lankais, en tant que citoyens d’un pays libre et démocratique, ont des droits ainsi que des responsabilités, mais qu’il ne serait pas convenable d’oublier les devoirs en ne parlant que des droits. « Plutôt que de revisiter le passé, le plus urgent, c’est de trouver des solutions à court terme et à long terme face aux problèmes économiques que notre pays rencontre actuellement », a-t-il ajouté durant une cérémonie officielle. « Le président appelle tous les membres du Parlement, tous les ministres et tous les membres du gouvernement à montrer l’exemple pour le pays. Si vous montrez l’exemple au peuple, la majorité vous soutiendra. »

(Avec Ucanews)