Eglises d'Asie

Les sœurs du Bon Pasteur auprès des victimes de la traite des personnes

Publié le 29/03/2019




À Yangon Ywar, un village reculé de l’État Shan, non loin de Tachileik près de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, quatre religieuses de la congrégation des Sœurs du Bon Pasteur ont fondé un centre en 2017, afin de protéger les victimes de la traite des personnes. En 2018, le centre a ainsi accompagné 19 jeunes femmes qui ont été victimes de ce fléau en Malaisie. Actuellement, le centre accueille cinq jeunes âgées de 11 à 15 ans, et prévoit d’en accueillir quinze autres l’année prochaine. Selon sœur Eugenia, directrice du centre, les principaux facteurs liés à la traite des personnes sont l’illettrisme, la pauvreté et le manque de sensibilisation.

Dans le village reculé de Yangon Ywar, près de Tachileik, dans l’État Shan sur la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, quatre religieuses d’une branche locale des Sœurs du Bon Pasteur ont fondé un centre en 2017, afin d’accueillir les jeunes filles et les femmes exposées à la traite des personnes et craignant les risques d’abus. Les religieuses y dirigent un programme d’accueil afin de proposer un hébergement temporaire à ces femmes, tout en leur offrant une formation professionnelle. Le centre, dirigé par sœur Eugenia, accueille actuellement cinq filles catholiques âgées de onze à quinze ans, et dirige un programme destiné à sensibiliser la population locale sur les dangers de la traite des personnes. Deux des filles sont infectées par le virus du Sida, et l’une d’entre elles a été victime de violences domestiques. « Le programme est ouvert à tous, quelle que soit l’origine ou la religion », explique sœur Eugenia. Le centre ne peut accueillir beaucoup de filles cette année faute de moyens. « Nous prévoyons d’accueillir encore quinze autres filles l’année prochaine. Nous organisons aussi un programme de sensibilisation », précise la religieuse, qui ajoute que l’accompagnement de ces filles est particulièrement difficile, beaucoup d’entre elles étant blessées psychologiquement. « Nous devons faire attention dans notre façon de nous occuper d’elles, parce qu’elles ont besoin de soutien psychologique et social, et qu’elles souffrent de dépression », explique sœur Eugenia, qui leur prépare aussi les repas. Sœur Eugenia précise que les religieuses leur proposent une formation et les sensibilise sur leurs droits. Celles que le centre ne peut héberger sont envoyées dans les locaux de la congrégation du Bon Pasteur à Loikaw, dans l’est de la Birmanie, et à Rangoun.

Pauvreté, illettrisme et sensibilisation

Sœur Eugenia confie qu’en 2018, le centre a accompagné 19 jeunes femmes qui ont été victimes de la traite des personnes en Malaisie, afin de les aider à réintégrer leurs familles. « Les sœurs du Bon Pasteur en Malaisie nous ont appelées en nous demandant si nous pouvions les aider, en collaboration avec la police locale », explique-t-elle. Dans le cadre d’un programme mensuel de sensibilisation, les religieuses couvrent douze villages de la région. Les villageois sont pour la plupart des catholiques de l’ethnie Akha. « Les principaux facteurs liés au problème de la traite des personnes sont la pauvreté, l’illettrisme et le manque de sensibilisation », assure sœur Eugenia, qui ajoute que beaucoup de parents envoient leurs enfants en Chine dans l’espoir d’atteindre un meilleur niveau de vie. Beaucoup de jeunes vont également chercher du travail en Thaïlande en recherche d’un emploi. Les principales ethnies de cette région voisine de la Thaïlande sont les Akhas, les Lahus, les Shans et les Bamars. Ceux-ci sont bouddhistes, baptistes ou catholiques. Les Akhas vivent principalement de l’agriculture traditionnelle sur brûlis.

Les sœurs du Bon Pasteur enseignent également auprès de plusieurs dizaines d’élèves des villages voisins, qui viennent au couvent le soir. « Nous enseignons l’anglais et d’autres matières, afin de leur donner des cours de soutien en plus de l’école », confie sœur Theresa Kham, qui donne aussi des cours de peinture. Les religieuses dirigent aussi une maternelle et parrainent les frais de scolarité de 70 élèves, du CP à l’université. La Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur a été fondée en France en 1835 par sœur Marie-Euphrasie Pelletier. Les sœurs se sont installées en Birmanie en 1866. Le pays compte aujourd’hui 51 religieuses dans cinq diocèses.

(Avec Ucanews, Tachileik)


CRÉDITS

Ucanews