Eglises d'Asie

Les Sri-Lankais plus exposés à la traite d’êtres humains face à la crise économique

Publié le 24/11/2022




Face à la crise économique sans précédent qui frappe le Sri Lanka depuis plusieurs mois, la population locale est plus vulnérable à la traite des personnes qui s’est aggravée durant cette période. Près de 300 Sri-Lankais ont notamment été secourus après avoir tenté de fuir sur un bateau de pêche. Depuis juin dernier, la situation du pays pousse en effet de plus en plus d’habitants à rechercher du travail à l’étranger, en acceptant les offres coûteuses des passeurs illégaux promettant des embauches.

Près de 300 Sri-Lankais ont été secourus après avoir tenté de fuir sur un bateau de pêche. La crise aggrave le problème de la traite des personnes dans le pays.

Au Sri Lanka, la crise économique a tendance à aggraver le problème de la traite des personnes dans le pays ; la police locale a procédé à plusieurs arrestations après des opérations récentes. À Negombo, les trafics ont débuté en 2010 avec le départ d’un premier bateau pour l’Australie. Au cours des trois années suivantes, sur un groupe de douze bateaux qui ont suivi, seul un d’entre eux est arrivé à destination selon Ravindu Fernando.

Depuis juin dernier, la crise économique pousse de plus en plus d’habitants à chercher un emploi à l’étranger, ce qui les expose aux trafics, alors que la plupart de ceux qui partent sont convaincus qu’ils ne reviendront pas à cause de la situation actuelle du pays. « Pour les trafiquants, il s’agit d’un commerce lucratif. Ces passeurs illégaux ne s’intéressent pas aux périls qu’encourent leurs clients durant la traversée », ajoute Fernando.

Un fonctionnaire du gouvernement sri-lankais confie que « même si une répression a été lancée dans toute l’île, il est difficile d’arrêter les trafiquants alors que les responsables qui ont arrangé ces voyages et qui profitent des opérations restent la plupart du temps dans l’ombre, et leurs activités sont dissimulées par des intermédiaires, des capitaines et des équipages qui prennent en charge les transactions illégales pour eux ».

« Les responsables restent la plupart du temps dans l’ombre »

Ce mois-ci, après une première résistance, les autorités locales au Vietnam ont accepté d’accueillir à quai plus de 300 réfugiés ayant fui le Sri Lanka par bateau. Le groupe comprenait plus de 200 hommes et une centaine de femmes et d’enfants. Un navire japonais les a secourus près des îles Spratleys (un archipel corallien situé en mer de Chine méridionale), où le bateau de pêche qui les embarquait était en difficulté. Finalement, ils ont été remis à la marine vietnamienne. Le bateau de pêche était originaire de Birmanie, où le problème de la traite des personnes est tristement connu, et il devait se rendre au Canada.

Une fois accueillis au Vietnam, les réfugiés ont refusé de retourner au Sri Lanka et ont demandé aux autorités vietnamiennes de leur accorder le droit d’asile en Asie du Sud-Est ou ailleurs. « La façon dont ces 303 Sri-Lankais se sont rendus en Birmanie avant l’embarquement, que ce soit ensemble ou en plusieurs groupes, reste incertaine », a expliqué un officier de marine Sri-Lankais. « Avant leur sauvetage, qui a eu lieu le 6 novembre, leur bateau était déjà bloqué et à la dérive depuis presque 40 heures, sans pouvoir manœuvrer. »

Récemment, les autorités sri-lankaises ont arrêté un autre réseau de trafiquants qui a fait passer illégalement des femmes sri-lankaises dans des pays du Moyen-Orient comme le sultanat d’Oman et les Émirats Arabes Unis. Le principal suspect et un courtier local ont été arrêtés et inculpés, tandis qu’une femme s’est rendue d’elle-même au Département d’enquêtes criminelles du pays pour son implication présumée dans les activités du réseau.

Des sources au sein du SLBFE (Sri Lanka Bureau of Foreign Employment) indiquent que quatre personnes, dont un étranger, ont été arrêtées dans un hôtel de Badulla dimanche dernier après une dénonciation. Les personnes en question étaient en train d’interroger des candidates pour un emploi en Roumanie et demandaient à chacune de payer 1,5 million de roupies (plus de 3 970 euros) pour cette opportunité. Quand les membres du SLBFE sont arrivés sur place avec la police, 25 personnes s’étaient déjà présentées et avaient accepté le chantage à l’embauche. Les responsables des opérations de recrutement ont été arrêtées.

(Avec Asianews)


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