Eglises d'Asie

Les Sri-lankais se remettent lentement des attentats du dimanche de Pâques

Publié le 29/06/2019




Plus de deux mois après les attentats terroristes du dimanche de Pâques, qui ont frappé trois églises et trois hôtels au Sri Lanka en tuant 253 personnes, dont une majorité de chrétiens, la population se remet peu à peu du traumatisme. Si les grands rassemblements publics et les processions religieuses sont toujours évités et que les mesures de sécurité se sont renforcées, les écoles et les églises ont à nouveau ouvert leurs portes. Cependant, la population reste inquiète face à la menace terroriste, et l’Église sri-lankaise continue de faire pression sur le gouvernement, par la voix du cardinal Ranjith de Colombo, pour demander aux autorités de mieux protéger les droits des Sri-lankais.

Nilushan Prasad Fernando, instituteur dans une école publique, confie que les catholiques recommencent à célébrer les jours de fête et que les enfants retournent à nouveau aux sessions de l’école du dimanche. Pourtant, suite aux attentats du dimanche de Pâques, il est désormais interdit aux fidèles d’apporter des sacs durant les cérémonies religieuses, et il est conseillé de ne pas se regrouper après la messe. Le 21 avril, un groupe local sri-lankais, qui serait lié à l’État islamique, a attaqué trois églises et trois hôtels de luxe, tuant 253 personnes, presque tous chrétiens, et blessant plus de 500 personnes. Les grands rassemblements publics religieux, comme les processions, ne peuvent toujours pas avoir lieu. « La fête annuelle de l’église Saint-Antoine de Weliweriya à Gampaha a été célébrée plus simplement et il n’y a pas eu de procession », explique Nilushan Fernand, qui enseigne également à l’école du dimanche. L’armée et la police montent également la garde à l’entrée des églises et des écoles. Afin d’éviter tout risque d’attentat à la bombe, les écoliers et les élèves de l’école du dimanche ont été priés de remplacer leurs sacs et cartables habituels par des sacs transparents et plus petits. « Les prêtres de nombreuses paroisses ont réduit les activités de certaines églises suite aux attaques terroristes », ajoute Nilushan Fernand. Ceux qui ont été tués lors des attaques du dimanche de Pâques ont été honorés au cours de plusieurs modestes célébrations et des vœux de bon rétablissement ont été envoyés aux blessés, précise-t-il. Les messes en semaine ont également repris dans le pays, avec des mesures spéciales de sécurité grâce à l’aide de paroissiens volontaires. Les écoles privées catholiques et les écoles publiques, qui avaient fermé après les attentats, ont toutes été rouvertes. Mais Nilushan Fernand explique que les élèves qui assistent aux cours sont soumis à des fouilles corporelles. Le père Luckston de Silva, porte-parole auprès des médias pour le diocèse de Mannar, dans la province du Nord, a cependant déclaré que la fête de Notre-Dame de Madhu aura lieu comme d’habitude, le 2 juillet. « En raison de la situation qui prévaut dans le pays, la sécurité sera renforcée et les fidèles qui se rendront au sanctuaire devront coopérer pour le maintien de la sécurité », a expliqué le prêtre.

Exigence d’un gouvernement au service du pays

Les craintes de la population face à d’autres attaques terroristes éventuelles ont été exacerbées par les rapports d’agences de renseignement, selon lesquelles le Sri Lanka et l’Inde seraient toujours menacés, l’État islamique se tournant vers les régions de l’Océan indien après les pertes subies en Syrie et en Irak. Au Sri Lanka, la présence de l’armée et de la police est toujours très visible dans les grandes villes et certains villages, tandis que les forces de l’ordre poursuivent leurs opérations de recherche quotidiennes. Des troupes militaires en tenues de camouflage patrouillent dans les villes en jeep. Le président Maithripala Sirisena a déclaré devant le Parlement que la plupart des suspects liés à des groupes terroristes avaient été arrêtés. De son côté, le cardinal Malcolm Ranjith a souligné que le meurtre d’innocents était un crime grave. « Les jeunes qui ont participé aux attentats dans nos églises le dimanche de Pâques l’ont fait afin de manifester au monde leur idéologie », a déclaré le cardinal Ranjith lors de la consécration d’une nouvelle église dans la ville portuaire de Negombo. Durant un autre événement, le cardinal Ranjith a également expliqué que la nation avait besoin de dirigeants capables de protéger les droits des Sri-lankais. « Il devrait y avoir un gouvernement qui travaille au service du pays et non pour lui-même », a dénoncé le cardinal Ranjith. « Un chef qui n’a pas peur de punir les malfaiteurs. » Des prêtres catholiques ont déposé une pétition contre le gouvernement auprès de la Cour suprême du Sri Lanka, pour n’avoir pas tenu compte des avertissements susceptibles d’empêcher les attentats du 21 avril. Les prêtres ont accusé treize hauts fonctionnaires, dont le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, d’avoir abandonné leurs devoirs et violé les droits de l’homme, notamment le droit des catholiques à pratiquer leur religion librement. Le gouvernement sri-lankais a ouvert plusieurs enquêtes sur les explosions du dimanche de Pâques. Une commission présidentielle a recommandé de prendre des mesures pénales et disciplinaires à l’encontre des chefs de la police qui ne sont pas parvenus à empêcher les attaques. Le 21 juin, le président Sirisena a prolongé l’état d’urgence pour un mois supplémentaire.

(Avec Ucanews, Colombo)


CRÉDITS

Ucanews