Eglises d'Asie

Les victimes des inondations exposées aux maladies et à une aide insuffisante

Publié le 23/08/2019




Plusieurs semaines après les inondations destructrices qui ont touché, en juillet, plusieurs millions de personnes et fait plus d’une centaine de victimes au Bangladesh, beaucoup de familles subissent toujours l’aide humanitaire insuffisante alors que le pays continue de subir les conséquences de la catastrophe, avec de nombreuses maladies et infections parmi les populations affectées. Les pluies de mousson ont affecté plus de sept millions de personnes dans la moitié des districts du pays (soit 28 sur 64), rendant des dizaines de milliers de logements inhabitables et détruisant de nombreuses zones de culture.

Durant les inondations qui ont duré près d’une semaine en juillet, au moins 114 personnes sont mortes (par noyade, glissements de terrain, foudre, morsures de serpents ou maladies d’origine hydrique). Plusieurs semaines après, selon les données du gouvernement bangladais, on compte également près de 14 000 malades, atteints de divers maux dont la diarrhée, des problèmes cutanés, des inflammations oculaires et infections des voies respiratoires. La situation d’urgence s’est cependant calmée ces dernières semaines, avec une accalmie et la baisse du niveau des eaux de la plupart des fleuves du pays, selon le département météorologique bangladais. Malgré la distribution d’aides d’urgence par le gouvernement et plusieurs organisations humanitaires dans plusieurs régions touchées par les intempéries, beaucoup de victimes affirment que l’aide était insuffisante. Jamal Khan, 40 ans, qui vit dans la région de Belkuchi dans le district de Sirajganj (dans le nord du pays), où les habitants ont été affectés par les inondations, confie que sa famille peine à revenir à la normale. « Le gouvernement nous a distribué de la nourriture et Caritas a également offert de l’aide financière et alimentaire, mais ce n’était pas suffisant », assure Khan, musulman. « Ma femme, mon fils et moi-même avions déjà du mal à survivre en tant qu’ouvriers à la journée, mais maintenant, après les inondations, il y a très peu d’opportunités pour travailler. » Il affirme qu’il y a également de nombreuses maladies véhiculées par l’eau, à cause du manque de soutien médical. À cause de l’érosion et des inondations répétées du fleuve Jamuna, Khan et sa famille ont perdu leur foyer à sept reprises en vingt ans. « Les pauvres gens comme nous ont un besoin urgent de nourriture, de médicaments et d’argent pour pouvoir survivre et pour pouvoir retrouver une vie normale », ajoute-t-il.

Une première aide de 50 millions de takas

Shahdat Hossain, directeur général du département national de gestion des catastrophes, assure que le gouvernement a fourni une aide à plusieurs millions de victimes touchées par la catastrophe, et que les opérations étaient toujours en cours dans les régions affectées pour la réhabilitation des victimes. « À ce jour, le gouvernement a distribué plus de 28 350 tonnes de riz, une aide financière de 50 millions de takas [592 778 dollars], 54 000 lots de nourriture en boîte, 117 000 cartons de nourriture séchée, près de 8 500 lots de tentes et encore 16,3 millions de takas pour la construction de logements temporaires », confirme Shahdat Hossain. « Une évaluation de l’ensemble des dégâts et des besoins doit être achevée ce mois-ci, et nous pourrons alors entamer la deuxième phase du programme d’aide auprès des personnes affectées », affirme-t-il. De plus, 23 ministères du gouvernement bangladais travaillent également sur un programme de mitigation des inondations dans les districts les plus exposés, précise-t-il. Les inondations de cette année sont survenues de manière particulièrement soudaine, d’où les dégâts qui sont plus graves que prévu, explique Sukleash George Costa, directeur régional de la Caritas de Rajshahi. « Les gouvernements et les organisations humanitaires ont du mal à réagir parce que les eaux sont montées très vite, provoquant des destructions très importantes », précise-t-il. « Caritas Rajshahi a pu venir en aide à 400 familles avec de la nourriture et une aide financière. » Dans le district de Bandarban, dans la région montagneuse des Chittagong Hill Tracts dans le sud-est du pays, l’une des plus touchées, la Caritas de Chittagong est venu en aide à près de 2 100 familles en distribuant l’équivalent de 59 dollars par famille. Caritas a également lancé un appel aux dons et prévoit de lancer des projets de soutien une fois que de nouveaux fonds seront trouvés, assure Sukleash George Costa.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews