Eglises d'Asie – Birmanie
L’État Shan, nouvelle plaque tournante du trafic de méthamphétamine
Publié le 11/01/2019

Avec les années, la situation a évolué dans l’État Shan. La production de drogue a connu trois étapes principales. Entre les années 1950 et 1990, la production d’héroïne était dominante. À partir des années 1990, la production d’opium a diminué fortement suite à l’interdiction imposée par les militants de l’UWSA. Depuis 2010, la production de méthamphétamine a remplacé l’héroïne. L’instabilité de la région a favorisé cette évolution, en partie due à la corruption et à la hausse de la consommation domestique. L’année dernière, les autorités birmanes ont saisi une quantité record de méthamphétamine. En janvier 2018, l’armée birmane et la police ont saisi 30 millions de pilules « Yaba » (un mélange de méthamphétamine et de caféine), 1 750 kilogrammes de « crystal meth » et plus de 500 kilogrammes d’héroïne, pour une valeur évaluée à 54 millions de dollars.
Un marché évalué à 40 milliards
Ces deux dernières années, des saisies de chargements de drogue provenant du Triangle d’or ont également eu lieu dans d’autres pays : 2,1 tonnes en Australie, 1,6 tonne en Indonésie et 1,2 tonne en Malaisie. Les experts estiment que ces saisies représentent environ 10 % du trafic total, ce qui suggère une production annuelle de 250 tonnes environ. Dans l’ensemble de la région du Mekong, la valeur du trafic total est évaluée à près de 40 milliards de dollars par an. Les analystes de l’ICG affirment que la Chine, dont proviennent la majorité des composants chimiques des drogues de synthèse produites, n’a pratiquement jamais effectué d’opération antidrogue sur la frontière avec la Birmanie. Selon certains observateurs, cela s’explique par les relations « pragmatiques » qu’entretient Pékin avec les groupes armés à la tête des trafics dans l’État Shan, une attitude destinée à protéger les milliards investis par la Chine dans le couloir économique sino-birman. En fait, les trafics de drogue bénéficieront des accords qui doivent être signés par les deux pays. Le sud de la Chine et le Golfe du Bengale auront en effet un meilleur réseau routier et ferroviaire, entre Kunming, au Yunnan (Chine), et Kyaukpyu, dans l’État d’Arakan (Birmanie). Selon le rapport de l’ICG, « dans l’histoire récente du Triangle d’or, le développement du commerce et l’amélioration des infrastructures a plutôt eu tendance à multiplier les opportunités pour les trafics illégaux ».
(Avec Asianews)
Crédit : shankar s. (CC BY 2.0)
